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  Syrie
Répression AntiKurdes

Répression antikurdes en Syrie

Heurts en Syrie:35 morts depuis vendredi,


Damas accuse des "parties étrangères"

QAMICHLI (Syrie), 17 mars (AFP) - 22h23 - De nouveaux heurts ont eu lieu mercredi avant l'aube dans le nord de la Syrie, où au moins 35 personnes ont été tuées depuis le début des violences opposant des kurdes aux forces de l'ordre ou à des tribus arabes le 12 mars.

Le vice-président syrien, Abdel Halim Khaddam, le premier responsable syrien de ce rang à évoquer publiquement ces heurts, a accusé des "parties étrangères d'exploiter" les troubles qui, a-t-il dit en soirée devant la presse, "sont terminés car personne n'est capable de porter atteinte à l'unité nationale".

M. Khaddam a refusé d'identifier ces "parties étrangères". Il a dans le même temps accusé "les médias d'avoir gonflé les incidents" mais reconnu que "des destructions à grande échelle avaient été commises" par les émeutiers kurdes.

Selon Machaal Timo, membre du bureau politique du parti de l'Union du peuple kurde (interdit), de nouveaux affrontements mortels ont eu lieu la nuit de mardi à mercredi à Alep et sa région (nord-ouest), mais aussi à Qamichli, à 600 km au nord-est de Damas.

"Depuis vendredi, les affrontements, commencés à Qamichli, ont fait 30 morts kurdes dans les gouvernorats d'Hassaké (nord-est) et d'Alep", a indiqué Abdel Aziz Daoud, secrétaire général du Parti démocratique progressiste kurde (interdit).

Salah Kiddo, autre membre de l'Union du peuple kurde, a confirmé ce chiffre et fait état de 250 blessés kurdes.

Cinq Arabes syriens ont été tués, dont un responsable de la police, et dix autres blessés, dont cinq policiers, durant la même période, selon le gouverneur de la ville de Hassaké, Salim Kabboul.

Les affrontements du week-end, limités au gouvernorat d'Hassaké, se sont étendus mardi à Alep où, selon des responsables kurdes trois des leurs ont été tués par les forces de l'ordre lors d'une commémoration du massacre de Halabja (Irak) où 5.000 Kurdes ont péri gazés par l'armée de Saddam Hussein en 1988.

Les troubles avaient commencé à Qamichli, où vit une importante communauté kurde, avant un match du championnat de football national, lorsque des partisans de l'équipe adverse ont lancé des slogans hostiles aux chefs kurdes et brandi des portraits du président déchu Saddam Hussein.

Les Kurdes accusent les forces de l'ordre d'avoir tiré sur eux. Le lendemain, des manifestations de protestation ont tourné à l'émeute.

Selon M. Timo, des villages kurdes ont ensuite été attaqués par des membres de tribus arabes qui se sont livrés à des actes de vendetta.

Dans un message adressé au président Bachar al-Assad, "l'ensemble des partis politiques kurdes de Syrie" ont accusé "certains responsables syriens" d'avoir avivé les affrontements entre Kurdes et Arabes.

L'Association des droits de l'homme en Syrie (ADHS), tout en dénonçant "les actes de sédition" perpétrés par les Kurdes, a appelé à "la libération immédiate "des centaines de Kurdes" arrêtés ces derniers jours.

A Erbil, dans le nord de l'Irak, plusieurs milliers de Kurdes ont réclamé l'intervention de l'Onu et des Américains pour défendre les Kurdes en Syrie.

Ces heurts ont été évoqués lors de la brève visite mercredi à Ryad de M. Assad, où il a été reçu par le prince héritier Abdallah.

A Washington, le porte-parole adjoint du département d'Etat, Adam Ereli, a appelé la Syrie à cesser sa répression des Kurdes.

"Nous avons fait savoir nos inquiétudes (à Damas), et nous appelons le gouvernement de Syrie à cesser de réprimer les manifestations politiques non-violentes en Syrie (...)", a-t-il dit affirmant que les Kurdes protestaient contre "l'inégalité des droits".

Il a accusé les forces de Damas "d'avoir non seulement blessé et tué des manifestants", mais aussi d'avoir profité de ces événements pour "étendre la répression sur les villes à majorité kurde".

Les Kurdes de Syrie représentent environ 9% de la population du pays et sont installés essentiellement dans le nord. Ils réclament d'être traités comme des citoyens à part entière.