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  Syrie
Répression AntiKurdes

Répression antikurdes en Syrie

Nouveaux affrontements entre Kurdes et forces de l'ordre en Syrie


LE MONDE | 17.03.04 | 14h12

Une vingtaine de Kurdes ont été tués et des centaines d'autres ont été arrêtés

De nouveaux affrontements entre Kurdes et forces de l'ordre en Syrie ont fait, mardi 16 mars, dans la région d'Alep (nord), trois nouvelles victimes kurdes, selon des responsables kurdes cités par l'AFP, sept morts d'après l'agence de presse turque Anatolie.

Ces accrochages ont eu lieu à l'occasion de cérémonies commémorant l'attaque à l'arme chimique, le 16 mars 1988, par les troupes du dictateur irakien aujourd'hui déchu Saddam Hussein, du village kurde irakien d'Halabja. L'attaque s'était soldée par quelque 5 000 morts et une dizaine de milliers de blessés.

Cette commémoration a eu lieu dans un climat exacerbé par les affrontements qui avaient déjà fait quatorze morts selon certaines sources, une vingtaine selon d'autres, près de 150 blessés, et entraîné des centaines d'arrestations au sein de la communauté kurde, durant les trois jours précédents. L'étincelle avait été donnée vendredi, en marge d'un match de football dans la ville de Qamishli, à très forte majorité kurde, à quelque 600 km au nord-est de Damas. Des heurts avaient alors opposé Arabes et Kurdes, les premiers s'étant livrés, selon les seconds, à des actes de provocation et à des insultes contre les plus importants dirigeants kurdes de l'Irak voisin, accusés d'être des agents des Américains. Toutes les victimes étaient tombées sous les balles de la police, selon des sources kurdes et des organisations non gouvernementales. Le conflit s'était étendu à plusieurs villes et villages de la région, ainsi qu'au quartier à importante composante kurde de Damas.

Le gouvernement syrien a estimé mardi que les heurts avaient "été exploités par des éléments infiltrés pour semer l'anarchie et saboter les institutions publiques et les propriétés privées", faisant allusion aux déprédations commises par les émeutiers. Il a souligné l'importance de "préserver l'unité nationale" et préconisé "l'application de la loi contre les fauteurs de troubles".

Onze associations syriennes politiques, culturelles et de défense des droits de l'homme ont lancé mardi un appel à une solution politique du conflit dû, selon elles, à "l'absence de démocratie", au muselage des "libertés publiques", ainsi qu'à "l'extension de la corruption et à une politique de discrimination à l'endroit des citoyens kurdes". Elles ont dénoncé l'usage d'armes à feu par la police "contre des citoyens non armés",mais aussi les déprédations commises par les Kurdes contre les propriétés privées et publiques, "ainsi que la profanation du drapeau syrien, symbole de l'unité nationale".

D'après l'Association de défense des droits de l'homme en Syrie (ADHS), quelque 300 arrestations ont eu lieu dans la banlieue ouest de Damas, sans compter celles qui ont été opérées dans le nord-est du pays et dont on ignore le nombre.

De son côté, Amnesty International fait état de centaines d'arrestations et exprime des craintes que les personnes concernées soient "soumises à la torture et à de mauvais traitements", dans la mesure notamment où leur sort demeure inconnu. Amnesty demande aux autorités syriennes d'informer les familles des lieux de détention des personnes arrêtées pour éviter "toute maltraitance et de nouvelles violences"et réclame une enquête "indépendante et impartiale" sur les incidents.

Mouna Naïm

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.03.04