En apprendre plus sur Rojava
Cynisme
Une trahison. Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier l’attitude de Donald Trump à l’égard de ses alliés kurdes. On ne sait si le retrait américain de la zone frontalière sera confirmé : cette perspective rencontre une forte opposition au sein de l’administration américaine. Mais l’intention du Président n’est pas douteuse : il veut abandonner les Kurdes à leur sort.
Rappelons-nous. Quand les alliés ont voulu empêcher les terroristes de l’Etat islamique de s’installer dans leurs terres de conquête, il a fallu trouver des soldats capables d’affronter les islamistes sur le terrain. Les puissances occidentales ne souhaitaient pas déployer des troupes au sol, en dehors de quelques centaines de combattants des forces spéciales : elles se sont tournées vers les Kurdes. Dans leur intérêt, bien sûr, mais aussi dans celui des Occidentaux, ces soldats courageux se sont retrouvés en première ligne. C’est en grande partie grâce à leur abnégation et à leur efficacité que les enclaves créées par Daech sont tombées une à une.
Et voici que pour toute reconnaissance, les Etats-Unis, mollement désapprouvés par les Européens - notamment les Français, pourtant proches des Kurdes -, envisagent très sérieusement d’abandonner purement et simplement leurs alliés aux coups de l’armée turque. Cynisme et double jeu : tels sont les principes qui gouvernent cette trahison annoncée. Nul simplisme dans ce diagnostic. On sait que la Turquie, depuis des lustres, redoute plus que tout la constitution d’un embryon de Kurdistan autonome à sa frontière, qui servirait de point d’appui et de référence à la forte minorité kurde présente sur son sol. Mais cette affaire complexe est justiciable d’une négociation entre les parties, qui assurerait la sécurité de nos alliés. On prévoit la désertion. Elle resterait comme une tache sur l’honneur des démocraties.
lemonde.fr | 13/10/2019
Le président français, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont appelé ensemble, dimanche 13 octobre dans la soirée, la Turquie à cesser son opération contre les forces kurdes en Syrie. « Notre conviction est que cette offensive prend le risque d’une part, et nous ne constatons d’ores et déjà sur le terrain, de créer des situations humanitaires insoutenables et, d’autre part d’aider Daech à réémerger dans la région », a déclaré M. Macron, qui a convoqué dimanche à 22 heures un conseil restreint de défense sur la Syrie.
lemonde.fr | Par Ahmet Insel, Politiste | le 11/10/2019
Le politiste turc Ahmet Insel considère, dans une tribune au « Monde », que l’intervention décidée par le président turc en Syrie poursuit surtout des buts de politique intérieure, alors que la population exprime un mécontentement croissant à l’égard du régime
Tribune. Les dictatures et les autocraties en déclin précipitent souvent leur chute par des aventures militaires hasardeuses. En prenant le risque de s’enliser en Syrie, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pourrait avoir fait le pas de trop et accélérer la fin de son règne autocratique. Largement condamné par la communauté internationale, combien de temps peut-il espérer continuer cette offensive quand bien même son pays, de par sa position géostratégique, continue d’être pour les Occidentaux un allié essentiel ?