Hamit Bozarslan : " Pour Erdogan, la turcité doit dominer dans cette région."

mis à jour le Samedi 12 octobre 2019 à 18h30

Franceculture.fr

Quelle analyse peut-on faire et quelles conséquences tirer de l'intervention turque au nord-est de la Syrie ? L'historien spécialiste du Moyen-Orient Hamit Bozarslan est notre invité.

Hamit Bozarslan, historien et politiste, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, spécialiste du Moyen-Orient, de la Turquie et de la question kurde, est l'auteur de nombreux ouvrages dont Les Kurdes : puissance montante au Moyen-Orient ?(CNRS Editions, 2017), et Crise, violence, Dé-Civilisation (CNRS,2019).

Je pense que la politique de chantage continue. Il y a deux jours Erdogan a menacé l’Europe d’ouvrir les frontières et de renvoyer les 3,5 millions de réfugiés. Déjà en 2015, ça avait été très clairement sa stratégie, dans un contexte extrêmement tendu notamment entre l’Allemagne et la Turquie. 

Il y a clairement le risque d'un regain de l'Etat islamique, qui n'a pas disparu. Si on détruit la force kurde, qui est la principale dynamique de résistance à l'Etat islamique, cela ne peut déboucher que sur sa résurgence

Le processus de dé-civilisation, c’est lorsqu'on détruit délibérément la confiance que les citoyens peuvent avoir dans le temps et dans l’espace. Vous n’avez plus de passé, ni d’avenir, aucun horizon optimiste. Or, pour pouvoir fonctionner, il faut que les citoyens d'une société puissent avoir confiance dans le temps et l’espace.

Mon dernier livre est un cri qui débouche sur un appel à la résistance. On n’a pas le droit de transmettre nos échecs aux générations futures.