Jalal Talabani: le départ des troupes étrangères n'interviendra "pas avant la fin de 2006"

PARIS (AP - mercredi 13 avril 2005, 8h14) - Le nouveau président irakien, le Kurde Jalal Talabani, estime dans une interview publiée mercredi par "Libération" que le départ des troupes étrangères n'interviendra "pas avant 2006"Pour le président irakien, les troupes étrangères doivent rester tant que les forces irakiennes "ne seront pas capables de maintenir la sécurité et d'éradiquer le terrorisme": "Quand ce sera le cas, nous leur demanderons de partir. Sans fixer de délai, j'estime que cela n'interviendra pas avant la fin de 2006".

A propos de la Constitution, le président Talabani fixe ses "lignes rouges": "nous nous opposerons à tout ce qui contient en germe un retour à la dictature. Nous demandons un système fédéral, fondé sur la démocratie et l'égalité. Nous voulons aussi que la charte provisoire serve de source principale à cette Constitution". Cette charte provisoire a été établie par l'ex-proconsul américain Paul Bremer et le Conseil de gouvernement transitoire.

Interrogé sur la place de l'islam dans la législation irakienne, Talabani souligne qu'au terme de la charte provisoire, "l'islam est l'une des sources de la législation, non sa source principale". "Nous reconnaissons l'identité musulmane du peuple irakien dans le respect des autres confessions, chrétiennes, yazidi ou sabéenne. Mais nous n'accepterons pas que l'islam soit la source principale du droit. Toutes les parties ont d'ailleurs accepté que les principes contenus dans la charte provisoire figurent au programme du nouveau gouvernement".

A propos du rêve d'indépendance du Kurdistan, Talabani répond: "le rêve est une chose, la réalité, une autre. Les Kurdes ont voté en majorité pour notre liste, qui revendique une fédération dans le cadre de l'Irak et non l'indépendance. Comme tout autre peuple, ils veulent le droit à l'autodétermination. Mais, confrontés à la réalité, ils comprennent que ce n'est pas possible. Car même si nos voisins ne nous attaquent pas mais se contentent de fermer leurs frontières, un Kurdistan indépendant ne peut pas survivre".
AP