france5 [C dans l'air] : Vont-ils exécuter Saddãm ?

 
C DANS L'AIR - mercredi 8 novembre 2006

Condamné à mort à la fin de son premier procès, Saddãm Hussein a de nouveau comparu en justice, le 6 octobre 2006, pour génocide, dans le dossier de la campagne Anfal de 1987-88, qui s'est soldée par le massacre d'environ 180 000 Kurdes.

 
 Cliquer sur image pour vissioner la vidéo 
  Télécharger Windows Media Player
Deux jours auparavant, il était jugé, ainsi que sept de ses lieutenants, pour "crimes contre l'humanité", accusés du meurtre de 148 civils chiites du village de Doujaïl en 1982.

Débuté le 19 octobre 2005, le verdict a été rendu par le Haut Tribunal pénal irakien : "condamné à la peine capitale par pendaison". "Longue vie au peuple et mort à ses ennemis !", s'est immédiatement exclamé celui qui n'a cessé d'œuvrer pour perturber le déroulement de son procès, ponctuant les audiences d'invectives, de menaces et recourant au boycott ou à la grève de la faim.

Durant le procès, trois avocats de la défense ont été assassinés, trois juges ont été congédiés et des centaines de témoins de la défense n'ont pas été autorisés à déposer.

Homme fort de l'Irak depuis juillet 1968, Saddãm Hussein tenait d'une main de fer un pays de 22 millions d'habitants. Sa cavale n'avait duré que quelques mois après l'invasion de l'Irak, en mars 2003, par la coalition conduite par les Etats-Unis.

Le 9 avril, sa statue était renversée, symbole médiatisé de la fin d'un règne de vingt-sept ans marqué par de nombreuses atrocités et deux guerres, contre l'Iran, de 1980 à 1988, et celle du Golfe, en 1990-91.

A l'annonce du verdict, les chiites en Irak, longtemps opprimés par le régime, ont exprimé leur joie. En revanche, les sunnites, que le renversement de l'ex-maître de Bagdad a privé de leur domination politique, se sont réfugiés dans le mutisme.

Les pays d'Europe occidentale ont approuvé le fait que l'ancien dictateur doive rendre compte de ses crimes, tout en exprimant leur rejet de principe de la peine de mort. Le gouvernement américain, lui, a approuvé ce verdict sans réserve.



 

INVITES

Kendal Nezan
Directeur de l'Institut kurde de Paris, Kendal Nezan est spécialiste des problèmes politiques et culturels kurdes. Il se rend d'ailleurs régulièrement au Kurdistan irakien. L'Institut kurde de Paris a publié Génocide en Irak : la campagne d'Anfal contre les Kurdes, aux éditions Karthala. L'ouvrage revient sur le massacre de cette population entre mars et septembre 1988.

André Chamy
Avocat franco-libanais, André Chamy exerce au barreau de Mulhouse. Il fait partie du collectif de juristes assurant la défense de Saddãm Hussein et est l'un des deux avocats, avec l'irakien Khalil al-Doulaïmi, à avoir obtenu à la fois l'autorisation des ministère irakien de la Justice, barreau de Bagdad et Tribunal spécial irakien de participer à la défense de l'ancien président.

Pascal Boniface
Fondateur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste des questions de géopolitique et de géostratégie, Pascal Boniface est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont l'édition 2006 de  L'année stratégique, paru chez Dalloz-Sirey, Vers la quatrième guerre mondiale ?, publié aux éditions Armand-Colin en 2005, et La France contre l'empire, édité par Robert-Laffont en 2003.

François Clémenceau (en duplex de Washington)
Correspondant pour "C dans l'air".