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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 45

30/9/1996

  1. ATTENTAT-SUCIDES À ADANA ET SIVAS: 10 MORTS DONT 6 POLICIERS
  2. 6 DIRIGEANTS DU HADEP GARDÉS-À-VUE À ANTEP
  3. CRI D'ALARME DE 4 DÉPUTÉS DU CHP SUR LA SITUATION DRAMATIQUE DE TUNCELI
  4. LE PARLEMENT EUROPÉEN SANCTIONNE LA TURQUIE
  5. UNE TRENTAINE DE KURDES IRAKIENS PASSÉS PAR LES ARMES À LA FRONTIÈRE TURCO-IRANIENNE
  6. AVERTISSEMENT À LA TURQUIE DE M. LUPRECHT, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL-ADJOINT DU CONSEIL DE L'EUROPE
  7. LES "MÈRES DE LA PLACE DE MAI" SOLIDAIRES AVEC "LES MÈRES DU SAMEDI"
  8. LA TURQUIE CRAINT UN EMBARGO OCCIDENTAL
  9. LE CULTE DU DRAPEAU TURC
  10. QUAND ÇILLER SE MET À ÉGRENER LE CHAPELET


ATTENTAT-SUCIDES À ADANA ET SIVAS: 10 MORTS DONT 6 POLICIERS


En une semaine deux attentat-sucides à la bombe ont été commis en Turquie. Le premier, commis le 25 octobre, par une jeune fille kurde, Leyla Kaplan, au siège de la direction de la force de police rapide d'Adana. Portant sur elle une charge explosive de 3 kg de TNT, elle est entrée dans la cour de l'immeuble policier sous prétexte de chercher quelqu'un. Puis elle s'est précipitée vers un attroupement de policiers et fait 5 morts, dont 3 policiers et 15 blessés. La jeune fille, originaire de la petite ville kurde de Kiziltepe, avait comme de centaines de milliers d'autres Kurdes émigré avec sa famille vers la grande métropole méditerranéenne d'Adana. Par ailleurs, un deuxième attentat-sucide a été commis dans la ville kurde de Sivas , le mardi 29 octobre, lors d'un parade militaire célébrant la fête nationale turque. Une jeune fille portant une charge explosive sur elle, a été interpellée par la police, elle a alors mis à feu sa bombe tuant 3 policiers et blessant 9 autres. Le PKK a revendiqué les deux attentats et qualifié leurs auteurs de "héroïnes" comme il l'avait fait de l'auteur d'un autre attentat-sucide commis par une jeune femme à Tunceli en juin dernier.

Par ailleurs, un groupe de maquisards du PKK a attaqué, le mardi 29 octobre, jour de fête de la République turque, une patrouille de l'armée, dans la province de Diyarbakir, tuant 14 soldats.



6 DIRIGEANTS DU HADEP GARDÉS-À-VUE À ANTEP


Les 27 et 29 octobre, la police a amené une vaste opération contre la fédération d'Antep (l'une des grandes villes du Kurdistan) du parti pro-kurde HADEP. Le président de cette fédération, Me Niyazi Buldan, ainsi que 5 principaux dirigeants locaux de ce parti (Mme. Zeynep Yilmaz, Vesik Bagriyanik, Vakkas Demir, Ayse Ongan et Mesut Hasgül) ont été arrêtés et gardés-à-vue. Ils sont accusés d'avoir tenu des "propos séparatistes" lors de la campagne électorale de décembre 1995. Rappelons que 15 dirigeants du HADEP, dont son président, Murat Bozlak, arrêtés en juin dernier sont toujours détenus à Ankara où ils sont jugés par la Cour de Sûreté de l'État.



CRI D'ALARME DE 4 DÉPUTÉS DU CHP SUR LA SITUATION DRAMATIQUE DE TUNCELI


4 députés du CHP (Parti républicain du peuple) de retour d'une mission d'information dans la province kurde de Tunceli (Dersim) ont, le 25 octobre, donné une conférence de presse au cours de laquelle ils ont lancé un appel au secours face au sort dramatique de la population. Pour ces députés, dont l'ancien ministre des droits de l'homme, Algan Hacaloglu, : "ce qui se passe à Tunceli est une honte pour l'humanité" et "le Parlement doit intervenir d'urgence. L'opposition de l'État suscite le rejet de celui-ci par la population. Face aux pratiques injustes de l'État, la population perd sa résistance vitale. Aujourd'hui alors qu'il y a abondance de nourriture dans le pays, à Tunceli les denrées alimentaires sont vendues par tickets de rationnement comme dans la période de disette des années 1940. 287 des 417 villages de Tunceli ont été évacuées par l'État, 242 écoles sont fermées, les maisons, les étables, les greniers sont détruits et en grande partie brûlés. Les pâturages sont fermés, les citoyens interdits d'accès aux terres dont ils sont propriétaires. Leurs récoltes sont détruites; leurs ruches, leurs noiseraies, leurs bois et leurs jardins leur sont confisqués. L'État n'offre aucune indemnisation, pas même les moyens d'émigrer et d'aller vivre dans l'Ouest du pays qu'il donnait aux habitants de cette province lors de la révolte de Dersim de 1938. L'État cherche à rayer Tunceli de la carte. L'embargo alimentaire est appliqué par une circulaire officielle du préfet de Tunceli et cet embargo porte gravement atteinte au droit de la population à la santé". Le sous-préfet d'Ovacik, Yücel Yavuz, cité par le quotidien Hurriyet du 25 octobre, confirme officiellement l'existence d'un embargo alimentaire dans cette province. Pour lui ce "contrôle de la vente des denrées alimentaires est pratiqué pour empêcher le PKK de contraindre les citoyens à lui donner de la nourriture".

En conclusion de leur intervention, les 4 députés ont demandé que l'État cesse de traiter les habitants de cette province comme des criminels potentiels, que l'on mette un terme à leur persécution et à leur détresse et que l'on autorise leur retour immédiat dans leurs villages.

Ces souhaits risquent malheureusement de rester des voeux pieux. On en est au point où les tribunaux refusent même d'enregistrer les plaintes des habitants dont les maisons ont été brûlées. Prétextes avancés: la Justice n'est pas en mesure d'identifier les auteurs de ces actes ! Selon le quotidien Hürriyet du 26 octobre 444 paysans dont les villages ont été détruits et brûlés par l'armée dans le district d'Ovacik ont déposé une plainte collective auprès du procureur de cette ville. Le maire d'un de ces villages, Gazi Gündogan du village de Sahverdi, rapporte ainsi son témoignage: "Ma maison a été brûlée par les forces de sécurité qui ont mené les 4 et 5 octobre 1994 des opérations dans notre village. Nous avons porté plainte. Le sous-préfet adjoint d'Ovacik, Sebahattin Toprak, nous a répondu: "Comme il ne nous a pas été possible d'établir l'identité du ou des auteurs de ces actes, en vertu de la loi sur les jugements des fonctionnaires, nous ne pouvons pas ouvrir une information judiciaire"

La ville d'Ovacik, chef-lieu de ce district particulièrement touché par la répression de l'armée connaît des conditions d'hygiène insupportables. Son seul équipement de santé, un dispensaire, est occupé par l'armée qui l'a entouré de barbelés et l'a décrété zone militaire interdite d'accès aux civils. L'unique médecin du dispensaire, Mustafa Abohusoglu, se débat désespérément dans une ville ployée sous le poids des paysans déplacés, sans pharmacie, sans dentiste, sans centre d'hébergement alors que le rude hiver kurde se dessine à l'horizon. Selon lui, la plupart des enfants souffrent des maladies dues à la malnutrition et à des conditions de vie et d'hygiène dramatiques.



LE PARLEMENT EUROPÉEN SANCTIONNE LA TURQUIE


Dans une résolution votée le 24 octobre lors des discussions sur le budget de 1997, le Parlement européen, déçu par les promesses non tenues d'Ankara en matière des droits de l'homme et de la question kurde depuis la signature de l'union douanière entre les Quinze et la Turquie, a confirmé sa précédente résolution du 19 septembre visant à geler toute aide financière à la Turquie. Les eurodéputés prennent acte "de la déclaration de la Commission concernant les projets d'aide à la Turquie dans le cadre du programme MEDA; rappelle sa décision de ne pas approuver le financement de projets en Turquie à moins qu'ils n'aient une finalité humanitaire et qu'ils soutiennent la société civile; demande que la Commission présente les programmes qu'elle entend mettre en oeuvre au Parlement européen, lequel doit donner son accord avant la mise en oeuvre desdits projets"

Les États-Unis et la France, deux pays qui ont soutenu la candidature de la Turquie à l'Union douanière, ont réagi négativement à la résolution européenne. Le ministère des Affaires étrangères français a réagi par la voix de son porte-parole, Jacques Rummelhardt, en déclarant "Nous sommes conscients que la Turquie doit poursuivre ses efforts dans le domaine des droits de l'homme afin de satisfaire les attentes des Européens, mais nous restons convaincus que lier la Turquie plus solidement à l'Europe reste le meilleur moyen de l'aider à avoir une démocratie et à résoudre ses problèmes intérieurs". Quant à la réaction américaine, elle est venue du porte-parole du Département de l'État, Nicholas Burns, qui a déclaré " Nous sommes très déçus. Parce que nous pensons l'Union européenne devrait avoir des relations plus productives et plus solides avec la Turquie"



UNE TRENTAINE DE KURDES IRAKIENS PASSÉS PAR LES ARMES À LA FRONTIÈRE TURCO-IRANIENNE


Les corps de 30 hommes abattus collectivement ont été trouvé à Yüksekova à l'intérieur du territoire kurde de Turquie à la frontière de l'Iran. Les victimes avaient les poings liés et avaient été manifestement passés par les armes. Selon le quotidien Ozgur Politika du 22 octobre 1996, il s'agirait des hommes de l'Union patriotique du Kurdistan de J. Talabani empruntant le territoire iranien pour prendre à revers les forces du PDK de M. Barzani. Le détachement entré par erreur (la frontière irakienne est quelques km au sud sur le territoire turc) ont été fusillés sur place par l'armée turque, sans autre forme de procès, affirme ce quotidien qui cite par ailleurs une déclaration du ministre iranien des Affaires étrangères, A. E. Velayeti, confirmant cette tuerie.



AVERTISSEMENT À LA TURQUIE DE M. LUPRECHT, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL-ADJOINT DU CONSEIL DE L'EUROPE


Alors que les dirigeants turcs réagissent vivement aux condamnations répétées de la Turquie par la Cour européenne des droits de l'homme, le ministre turc des Affaires étrangères qualifie de "politique" les arrêts de cette Cour tandis que son collègue de la Justice exprime publiquement qu'il "ne fait pas confiance aux décisions de la Cour européenne", l'éventualité de la non reconnaissance par l'État turc de cette juridiction est de plus en plus évoquée. Dans une interview accordée au quotidien turc Milliyet du 26 octobre, M. Peter Luprecht, secrétaire général-adjoint du Conseil de l'Europe, dont la Cour est l'un des organes, avertit Ankara: " Au plan juridique, comme tout État la Turquie a le droit de ne pas reconnaître la compétence de la Cour et de la Commission européennes des droits de l'homme. Cependant si elle se retire des mécanismes des droits de l'homme elle sera obligée de quitter également le Conseil de l'Europe. Et cela aura pour conséquence la rupture de la Turquie d'avec l'Europe. Il me paraît exclu qu'aucun gouvernement turc responsable recoure à une telle voie". La Turquie cherche-elle son avenir du côté de l'Iran, de l'Irak et de la Libye ? s'interroge M. Luprecht qui prend la défense des juges européens qui ont récemment condamné Ankara pour la destruction de villages kurdes : "Les juges qui statuent sur ces affaires sont indépendants, ils ne font pas de politique, ils appliquent le Droit. La Cour ne vise pas à nuire à la Turquie, à la punir, à la faire souffrir. Elle cherche à aider la Turquie à atteindre les normes européennes". Rappelant que "la Turquie est actuellement une bonne cliente de la Commission et de la Cour", qu'elle est de plus en plus souvent condamnée pour ses violations de la Convention européenne des droits de l'homme, le secrétaire général-adjoint du Conseil de l'Europe incite la Turquie à réformer rapidement ses lois: "Un État qui est sur le même sujet, par exemple à propos de la torture et de la garde-à-vue prolongée, plusieurs fois condamnée ne saurait se contenter de payer des dédommagements et de poursuivre les mêmes violations. Après un certain temps, la Cour va demander non pas des indemnités mais des amendements concrets des lois"



LES "MÈRES DE LA PLACE DE MAI" SOLIDAIRES AVEC "LES MÈRES DU SAMEDI"


Le samedi 26 octobre dernier, les mères des personnes "disparues", en majorité kurde, ont tenu leur rassemblement hebdomadaire sur la place de Taksim, à Istanbul. Ce soixante-quinzième rassemblement a été rejoint par d'autres femmes solidaires venues de Bosnie, du Liban, de Taiwan et d'Argentine. Mme. Mirta Acuna de Baravalles, une des célèbres "mères de la place de Mai" a déclaré "Nous sommes ici pour soutenir ces mères et pour protester contre ceux, dans la politique et au sein du gouvernement, qui gardent le silence sur ce sujet"

Par ailleurs, une campagne soutenue par des artistes, des hommes d'affaires et des intellectuels est en cours afin de récolter un million de signatures pour la paix.



LA TURQUIE CRAINT UN EMBARGO OCCIDENTAL


La récente résolution du Parlement européen appelant au gel des contributions financières de l'Union européenne à la Turquie, ajoutée à la suspension des pourparlers entre le FMI et Ankara et aux critiques de plus en plus insistantes du Conseil de l'Europe réveillent chez nombre de Turcs leur traditionnel complexe d'encerclement. Tandis que des éditorialistes nationalistes brodent à nouveau leur thème sempiternel "Les seuls amis des Turcs sont des Turcs" certains dirigeants déclarent publiquement que le pays est encerclé et soumis à l'embargo non déclaré de l'Europe et des États-Unis. Dans le quotidien Milliyet du 26 octobre, le général Gures, ex-chef d'état-major des armées et député affilié au DYP de Mme. Çiller n'y va pas par quatre chemins " La Turquie est sous un embargo secret des États-Unis qui refusent de nous livrer des navires de guerre de la classe Perry et des hélicoptères Cobra. Les États-Unis nous appliquent, d'une manière non déclarée, un embargo à la fois économique et militaire. Ainsi, nous ne pouvons pas rouvrir notre oléoduc avec l'Irak. Ils réagissent vivement à notre accord gazier avec l'Iran. Grâce à leur puissance financière ils entravent des investissements très importants de la Turquie. Par exemple, ils ont réussi cela en tarissant les sources de financement international pour la construction du barrage Ataturk (..) La Turquie est assiégée de toutes parts. De la Grèce à l'Arménie tous nos voisins travaillent contre la Turquie. La Syrie soutient très ouvertement le PKK, revendique nos provinces d'Antep et de Hatay et crée un problème artificiel d'eau. Or à l'époque ottomane, même Alep était séparé (..) L'Iran soutient également le PKK. Ils disent qu'ils n'ont pas de camps du PKK, mais je peux vous en montrer sept. Le soutien iranien est pour nous beaucoup plus dangereux que celui de la Syrie et de l'Irak du Nord".

De son côté, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Deniz Baykal, chef du CHP fait, dans le même quotidien, une analyse similaire :"Je voudrais alerter le gouvernement, en particulier son aile DYP. La Turquie, dans ses relations extérieures, est en face d'un danger très sérieux. Nous sommes soumis à un blocus auquel les États-Unis prennent également part. Un embargo secret est appliqué à la Turquie". Et pour illustrer son propos, M. Baykal énumère une série de (signaux claires): "la décision de la raffinerie ATAS, à capitaux anglo-américains, d'arrêter sa production, suspension de l'aide militaire américaine, la non livraison du matériel militaire américain déjà acheté, les résolutions du Parlement européen, l'attitude nouvelle du Conseil de l'Europe". L'ancien ministre accuse le gouvernement actuel d'irresponsabilité: "La Turquie s'éloigne rapidement du monde occidental. Elle est en voie d'être exclue du système. Le ministère des Affaires étrangères a commencé à formuler à mi-voix ce constat (..) La Turquie doit refuser d'être ostracisée comme l'Afrique du Sud de l'Apartheid. Elle doit se ressaisir et trouver par une politique cohérente la place qu'elle mérite dans le monde occidental".

Dans la presse quotidienne on rencontre parfois des analyses rejetant la version ultra-nationaliste des dirigeants. Ainsi, l'éditorialiste Yavuz Gökmen, écrit dans le Hurriyet du 26 octobre: "Nous n'avons pas peu crié "Europe, Europe, entends notre voix !" Les stades ont retenti de ce cri. Nous y avons entonné à l'unisson l'hymne national et attendu avec patience et opiniâtreté que l'Europe entende notre voix. Apparemment elle a bien entendu notre voix. Car c'est par une majorité écrasante que le Parlement européen a décidé de geler l'aide devant être accordée à la Turquie en 1997. Et il a justifié sa décision par "les engagements non tenus de la Turquie en matière des droits de l'homme". Nous attendions qu'ils entendent notre voix et ils l'ont entendue. Mais pas nos slogans hurlés dans les stades, d'autres voix. Ils ont entendu les voix de nos citoyens criant sous la torture. Les nos citoyens dont les villages ont été évacués et livrés aux flammes. Ils ont entendu les cris de douleur de nos ouvriers, de nos fonctionnaires matraqués, foulés aux pieds au cours d'innocentes manifestations de protestation. Ils ont entendu les gémissements des grévistes de la faim mourant dans les prisons, les hurlements de douleur de nos jeunes à qui on fracassait le crâne. Ils ont entendu les cris de révolte des mères des martyres (..) Depuis quelque temps, les pays européens refusent de livrer des munitions à notre armée. Il y a peu nous avons dû frapper à toutes les portes pour acheter cent mille balles. Et nous n'avons pas réussi. Ankara est très inquiète de cette attitude européenne (..) Mais nous commençons à comprendre qu'avant de nous fâcher contre les autres, il faudrait nous juger nous mêmes. Nous commençons à réaliser l'impossibilité d'entrer dans l'Europe sans faire sérieusement le ménage dans notre maison"



LE CULTE DU DRAPEAU TURC


Un projet de loi a été proposé, sur la demande expresse des militaires, au Parlement turc la semaine dernière. Ce projet de loi qui sera en toute probabilité ratifiée par le Parlement vise à institutionnaliser "le culte du drapeau turc". Le projet intervient après une série d'"incidents": en août dernier un Grec chypriote, qui avait tenté de descendre le drapeau turc, a été tué par les soldats turcs stationnant dans l'Île; en juin dernier, suite à une provocation policière, le drapeau turc a été offensé par un jeune militant lors du congrès du parti pro-kurde HADEP. Mme. Çiller avait déclaré à l'époque que désormais "les mains qui toucheront au drapeau turc seront brisées". Le projet de loi stipule que: "toutes organisations étatiques, institutions d'éducations, partis politiques, les bureaux des maires de villages et les voitures des fonctionnaires de l'État doivent en tout temps brandir le drapeau. Tous les vendredis les anciens drapeaux seront remplacés par des neufs. Ce "culte du drapeau" inquiète les milieux des droits de l'homme. M. Yavuz Önen, président de la Fondation turque des droits de l'homme, a déclaré à ce sujet: "C'est une oppression. En demandant aux gens d'arborer le drapeau à la maison, ils font des pressions sur eux et si ils s'y conforment pas ils seront taxés de mauvais compatriotes". L'éditorialiste Mehmet Ali Birand du quotidien turc Sabah a déclaré que "C'est une loi militaire. C'est une démonstration de force, une tentative de protéger le système"



QUAND ÇILLER SE MET À ÉGRENER LE CHAPELET


Celle qui était supposer incarner la femme turque moderne, " la belle blonde à l'éducation américaine" pour qui les média turcs ne tarissaient pas d'éloge est depuis sa coalition avec les Islamistes, qualifiée de Tansu Baci (Soeur Tansu) par les mêmes média. Pour coller à sa nouvelle image Mme. Çiller, qui met des robes descendant souvent jusqu'aux chevilles, se couvrant aussi à l'occasion la tête. Et la voilà qui se met aussi à égrener le chapelet, cela en pleine séance du Parlement pour être remarquée de tous, notamment des caméras de télévision. Cette conversion a dû sembler tellement convaincante que le très sérieux directeur des Affaires religieuses, autorité islamique suprême rattachée au Premier ministre, a dû indiquer par un communiqué que la façon dont Mme. Çiller égrenait son chapelet au Parlement n'a rien d'une pratique religieuse coutumière, que le chapelet était sans doute pour elle un amusement ou un passe-temps destiné à tuer l'ennui et à vaincre l'anxiété!