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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 230

8/2/2002

  1. LE FMI ANNONCE $ 16,3 MILLIARDS POUR LA TURQUIE
  2. NOAM CHOMSKY SE REND À ISTANBUL POUR LE PROCÈS DE SON ÉDITEUR PUIS À DIYARBAKIR POUR TESTER LA TURQUIE
  3. CHRONIQUE D’UNE GUERRE ANNONCÉE : BULENT ECEVIT PRÉVIENT UNE DERNIÈRE FOIS SON AMI SADDAM HUSSEIN
  4. LE PKK ANNONCE SA “ TRANSFORMATION ” DONT L’ARRÊT DE TOUTES SES ACTIVITÉS SOUS SON NOM ACTUEL
  5. PLUS D’UNE TONNE DE MORPHINE PRÉVUE POUR ÊTRE CONVOYÉE EN EUROPE VIA LA TURQUIE A ÉTÉ SAISIE
  6. NOUVEAU SÉISME EN TURQUIE : 45 MORTS ET TOUJOURS LE LAISSER FAIRE URBANISTIQUE ET LA CORRUPTION


LE FMI ANNONCE $ 16,3 MILLIARDS POUR LA TURQUIE


Le Fonds Monétaire International (FMI) a, le 5 février, déclaré que la Turquie avait réuni les conditions nécessaires pour un nouvel accord d’un montant de 16,3 milliards de dollars sur trois ans.

Le bras de fer entre le président turc Ahmet Nejdet Sezer, qui avait opposé à plusieurs reprises son veto contre la réforme bancaire votée par le Parlement et le gouvernement tripartite de coalition avait retardé pour un temps les réformes exigées par le FMI. Les observateurs notent cependant que l’aide du FMI n’est pas étrangère à la position de la Turquie contre l’Irak. À ce jour, la Turquie par la grâce de Washington, est la première récipiendaire de l’aide du FMI qui fait la sourde oreille aux demandes pressantes de l’Argentine.

NOAM CHOMSKY SE REND À ISTANBUL POUR LE PROCÈS DE SON ÉDITEUR PUIS À DIYARBAKIR POUR TESTER LA TURQUIE


Le Professeur Noam Chomsky se rendra en Turquie le 12 février pour assister au procès de sa maison d’édition Aram et d’Initiative pour la liberté de l’expression conduite par Sanar Yurdatapan, tous deux poursuivis pour avoir publié dans un petit livre l’article de N. Chomsky intitulé “ Perspectives de la paix au Moyen-Orient ”.

Durant sa visite de trois jours, Noam Chomsky rencontrera des académiciens, des représentants d’organisations de défense des droits de l’homme et des intellectuels kurdes et turcs. Il se rendra également à Diyarbakir, capitale du Kurdistan turc, pour “ tester la Turquie à Diyarbakir ” sur le plan des droits de l’homme.

CHRONIQUE D’UNE GUERRE ANNONCÉE : BULENT ECEVIT PRÉVIENT UNE DERNIÈRE FOIS SON AMI SADDAM HUSSEIN


Des avions américains et britanniques patrouillant au Kurdistan irakien, zone d'exclusion aérienne, ont, le 4 février, bombardé des systèmes de défense antiaérienne irakienne en représailles à des tirs visant leurs avions, a déclaré un responsable américain. L'agence irakienne officielle a annoncé que quatre personnes avaient été tuées par le bombardement à Mosoul. C'est la première fois que l'aviation américano-britannique bombarde la région depuis les attentats du 11 septembre, a assuré le capitaine Brian Cullin, un porte-parole du commandement euro-américain à Stuttgart, en Allemagne. Les bombes ont été larguées après qu'une patrouille aérienne de routine a été prise pour cible par les forces irakiennes au nord-est de Mosoul, précise le commandement dans un communiqué écrit.

Les avions américains et britanniques stationnés dans le sud-est de la Turquie patrouillent au-dessus de l'Irak depuis 1991. La France, qui participait au départ à cette mission, s'en est retirée en 1996. Washington et Londres affirment que cette surveillance vise à protéger la population kurde vivant dans la région du président Saddam Hussein.

Cette attaque intervient alors que le débat fait rage sur la possible extension de la guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis à l'Irak. Les responsables américains ont clairement fait comprendre à leurs alliés qu'ils étaient prêts à agir seuls. D'après eux, l'Irak, pointé du doigt avec l'Iran et la Corée du Nord comme formant ce que le président américain a qualifié d' “ axe du mal ”, représente une menace si dangereuse qu'une action préventive peut se révéler nécessaire. “ Si le monde, ou quiconque, ne montre pas quel danger ils représentent pour leur propre peuple et pour leurs voisins, ils agiront librement, ” a déclaré le ministre américain de la Défense dans une interview le 3 février sur la chaîne de télévision PBS. “ Ils pourraient envahir à nouveau le Koweït, c'est sûr. Ils pourraient même envahir l'Arabie saoudite, peut-être. ” Par ailleurs, le sous-secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz, a déclaré “ Ce que le président a fait, c'est d'identifier un problème…Nous sommes loin d'avoir pris des décisions sur ce qu'il faut faire ”.

Le Premier ministre turc Bulent Ecevit, ami fidèle et intime de Saddam Hussein, a, quant à lui, adressé une lettre au chef de Bagdad, largement reprise par la presse turque le 2 février. Le Premier ministre turc appelle Saddam Hussein à être plus coopératif avec les Nations-unies, à autoriser les inspecteurs en armement sur le sol irakien et à arrêter le développement des armes de destruction massive. B. Ecevit demande au leader irakien “ de ne pas perdre l’opportunité de protéger la stabilité de la région et de ne pas mettre la région sous le feu des armes ”. “ C’est un message important. J’espère que Saddam Hussein va le prendre au sérieux… Il n’est plus nécessaire de continuer une résistance seule insensée contre tout le reste du monde ” a poursuivi Bulent Ecevit lors de la réunion de son groupe parlementaire.

D’un autre côté, le vice-président américain Dick Cheney, a annoncé une visite officielle au Moyen-Orient pour le mois de mars prochain.

LE PKK ANNONCE SA “ TRANSFORMATION ” DONT L’ARRÊT DE TOUTES SES ACTIVITÉS SOUS SON NOM ACTUEL


Selon le journal pro-kurde Ozgur Politika daté du 7 février, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a décidé d'arrêter toutes ses activités sous son nom actuel en Turquie et en Europe pour avancer vers une plate-forme légale. “ L'assemblée de notre parti a estimé nécessaire d'arrêter ses activités politiques, organisationnelles et pratiques sous le nom de PKK sur le territoire de la République turque et dans les pays de l'Union européenne ”, souligne un communiqué publié à l'issue d'une réunion du PKK tenue fin janvier [probablement à la frontière irako-iranienne], indique Ozgur Politika. Cette décision s'inscrit dans la stratégie de “ restructuration et de transformation ” du PKK en organisation politique légale, dit le communiqué.

Selon le texte, le PKK appelle ses membres en Europe à continuer d'œuvrer avec des groupes affiliés au PKK et presse ses partisans en Turquie à s'organiser “ conformément aux décisions du leadership ” du parti. Le document souligne que les efforts de “ transformation ”, dont l'abandon du nom de PKK, seront “ finalisés ” lors du 8ème Congrès du PKK, dont la date n'a pas été précisée, mais qui devrait se tenir dans le courant de l'année.

Par ailleurs, le PKK accuse la Turquie de vouloir s'opposer aux changements mondiaux et de fermer l'oreille aux revendications des Kurdes. “ La structure actuelle de la Turquie est contraire aux réalités du 21ème siècle et à la civilisation démocratique ”, selon le communiqué. Il affirme que la “ patience ” du peuple kurde pour un règlement du conflit kurde a des “ limites ”, mettant en garde les autorités turques, qui ont rejeté les appels précédents à la paix du PKK.

Le PKK appuie en outre les manifestations organisées en Turquie pour réclamer un enseignement en langue kurde, interdit par la Constitution et auquel s'opposent catégoriquement les dirigeants turcs. “ Nous n'abandonnerons jamais nos revendications humanitaires ”, ajoute le texte. La campagne pour réclamer l'enseignement en kurde a débuté en novembre dans des universités d'Istanbul où des centaines d'étudiants kurdes ont signé des pétitions en ce sens, et le mouvement s'est répandu dans d'autres établissements. Les autorités turques considèrent le mouvement comme une volonté de politisation du PKK.

D’aucuns n’hésitent pas à considérer que cette décision présage une prochaine dissolution du PKK qui a mené 15 ans de guérilla contre l'Etat turc pour la création d'un Etat kurde indépendant au Kurdistan.



PLUS D’UNE TONNE DE MORPHINE PRÉVUE POUR ÊTRE CONVOYÉE EN EUROPE VIA LA TURQUIE A ÉTÉ SAISIE


La police iranienne a, le 7 février, saisi à Téhéran 1,2 tonne de morphine qui devait être acheminée en Europe via la Turquie.

“ La morphine, saisie il y a une semaine à bord de deux camions à Téhéran, provenait du sud de la province du Khorassan et devait passer en Europe via la Turquie ”, a indiqué le commandant adjoint de la police de Téhéran, Ghader Karimi. Selon M. Karimi, cette quantité de morphine a une valeur marchande de “ 8,75 millions de dollars à l'étranger ”.

Le territoire iranien est un haut-lieu de transit de la drogue introduite en Iran pour consommation locale mais aussi destinée à l'Europe, à l'Asie centrale et de plus en plus aux pays du Golfe. La République islamique d'Iran représente 80 % des quantités totales d'opium saisies et 90 % des quantités totales de morphine saisies dans le monde, selon le rapport 2000 de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS). L'Iran applique la peine capitale pour toute personne en possession de plus de 30 grammes d'héroïne ou plus de cinq kg d'opium.

NOUVEAU SÉISME EN TURQUIE : 45 MORTS ET TOUJOURS LE LAISSER FAIRE URBANISTIQUE ET LA CORRUPTION


Les Turcs de la région d'Afyon, frappée, le 3 février, par un séisme, qui a atteint 6,0 degrés sur l'échelle de Richter et a fait 45 morts et plus de 300 blessés, se sont efforcés de respecter la tradition musulmane en inhumant les victimes dans les 24 heures.

Critiquées abondamment pour leur lenteur lors des deux grands séismes de 1999, les autorités ont rapidement entrepris de faire parvenir aux sans-abri des vivres, des cuisines de campagne, des tentes, des couvertures, des maisons préfabriquées et des trousses de premier secours. La lenteur de réaction du gouvernement de Bülent Ecevit lors des séismes de 1999, qui avaient fait officiellement 18.000 victimes [ndlr : chiffre très controversé, d’aucuns n’hésitent pas à parler de 40 000 victimes] dans la région plus peuplée du nord-ouest, avait fortement nui à sa popularité et la lourdeur du bilan avait été imputée à son laisser-faire urbanistique. Les mêmes causes seraient aujourd'hui à l'origine de la même polémique si l'on se fie aux titres des journaux à grand tirage: “ Le retour du cauchemar ” (Hurriyet du 4 février) et “ les bâtiments pourris tuent ” (Milliyet).

Des enquêtes judiciaires ont été lancées contre les constructeurs de certains bâtiments qui se sont effondrés. La société Tavsanoglu, qui a bâti la zone industrielle de Cay, complètement rasée par le séisme, est notamment concernée par cette enquête du parquet. Deux autres entreprises de constructions sont visées par l'investigation. Cay, ainsi que la petite ville voisine d'Eber, quasiment rayée de la carte par le séisme, sont situées sur un terrain instable et marécageux, et la presse se demandait comment la municipalité avait obtenu des autorités un permis de construire une zone industrielle à cet endroit.

Plusieurs dizaines de tentes ont été installées pour les quelque 2.000 habitants par le Croissant rouge dans la cour de l'école. Des secouristes ont sauvé des décombres de maisons en torchis et de bois plusieurs têtes de bétail, seule source de revenu des fermiers du village. Le sous-préfet de la ville de 55.000 habitants, Sukru Yildirim, a demandé une aide urgente en médicaments et poêles à mazout afin que les sinistrés puissent faire face aux températures nocturnes de -5 degrés Celsius.

En attendant le gouvernement turc réagit ; le projet de loi prévoit la peine de prison pour tous les constructeurs de bidonvilles.