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Bulletin N° 234 | Septembre 2004

 

BAGHDAD: UNE PERSONNALITÉ KURDE, Dr. FOUAD MAASSOUM , ELUE PRÉSIDENT DU CONSEIL NATIONAL IRAKIEN

Le Conseil national irakien, qui fait fonction de Parlement intérimaire de l’Irak et qui compte 100 membres, chargé d'assister et surveiller le gouvernement intérimaire irakien jusqu'aux élections de janvier, s'est réuni le 1er septembre pour la première fois à Bagdad. Après plusieurs heures de discours et débats, les Kurdes ont obtenu la présidence du Conseil national intérimaire irakien, après avoir vu en mai leurs espoirs déçus pour les postes de chef de l'Etat et de Premier ministre. Dr. Fouad Maassoum, qui avait présidé le mois dernier la conférence nationale des 1.300 Irakiens qui avait désigné la majeure partie des membres du Conseil, ancien Premier ministre du Gouvernement régional du Kurdistan et personnalité issue de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) a été élu à mains levées. “Je vous promets de coopérer avec chacun d'entre vous, et le Parlement sera l'expression de la rue irakienne”, a-t-il affirmé après sa désignation.

L'assemblée représente la diversité religieuse et ethnique de l'Irak et comprend 64 Arabes, 24 Kurdes, six Turcomans, deux Chaldéens, deux Assyriens, un Mandéen et un Chabaq, communauté proche des Kurdes installée dans le Kurdistan irakien. Le quart des membres du Conseil sont des femmes.

Les musulmans chiites, majoritaires en Irak, ont obtenu 45 sièges, les Arabes sunnites qui représentent environ 17 % des 24 millions d'habitants en Irak mais qui ont dominé la vie politique du pays depuis le début du XXe siècle, ont obtenu 19 sièges.

Avant même le début de la cérémonie, un débat a éclaté sur la formulation du serment prêté par les délégués. Les membres du Conseil ont finalement été investis par groupe de dix devant cinq drapeaux irakiens et une banderole qui proclamait “Pour un nouvel Irak”.

Le Conseil national a le pouvoir d'approuver le budget national et d'opposer son véto à certaines décisions du gouvernement intérimaire par un vote à la majorité des deux-tiers.

Au moment où se réunissait le Conseil, plusieurs obus de mortier ont explosé près du Centre de convention, près de la zone verte, enclave très protégée de Bagdad, faisant un blessé, selon l'armée américaine. Deux obus ont ensuite atterri dans la zone verte.

HALABJA: DÉCOUVERTE D’UN NOUVEAU CHARNIER RENFERMANT DES DIZAINES DE CADAVRES

Un charnier renfermant des dizaines de cadavres de Kurdes a été mis au jour le 7 septembre près de la ville kurde de Halabja a indiqué le président d'une association kurde qui milite contre les armes chimiques. Le charnier, découvert lors de travaux pur la construction d'une route près des villages d'Abou Obeïda et Djellila, contenait des dizaines de cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants enterrés dans leurs habits, a précisé Aras Abed qui avait lui-même perdu 11 membres de sa famille lors du bombardement chimique de la ville de Halabja en 1988 par l'armée du dictateur déchu Saddam Hussein. “Ce charnier, situé près de Halabja, est composé de trois fosses communes et contient les restes des habitants qui avaient fui le bombardement chimique avant d'être rattrapés par les avions de combat irakiens”, a précisé Aras Abed. Il a ajouté que les corps n'ont pas été encore retirés mais que le ministère des Droits de l'Homme avait été prévenu afin de pouvoir envoyer sur place une commission d'enquête.

“Cette nouvelle découverte vient s'ajouter à tous les crimes commis par le régime de Saddam Hussein contre les Kurdes et va pouvoir aider les enquêteurs et le tribunal spécial chargé de juger Saddam Hussein”, a-t-il souligné.

Le 16 mars 1988, l'armée de Saddam Hussein avait bombardé à l'arme chimique la ville kurde de Halabja faisant en quelques minutes 5.000 morts et des dizaines de milliers de blessés.

ANKARA: ADOPTION D’UN NOUVEAU CODE PÉNAL TURC APRÈS L’ABANDON DE L’ARTICLE TRÈS CONTROVERSÉ SUR LA CRIMINALISATION DE L’ADULTÈRE

A dix jours d'un rapport d'étape européen sur l'ouverture ou non des négociations avec Ankara pour son adhésion à l'UE, les députés turcs ont approuvé massivement le 26 septembre un nouveau code pénal qui ne criminalise finalement pas l'adultère. Le gouvernement turc avait décidé initialement d'y inclure un article rétablissant l'infidélité maritale en tant que crime passible d'une peine de prison, une disposition abolie en 1996. Lors d'une session d'urgence, les parlementaires turcs ont voté très majoritairement en faveur de la réforme du code pénal sans cette disposition. Cet article n'était que l'une des nombreuses mesures contenues dans ce projet de refonte du code pénal turc vieux de 78 ans. Mais elle avait cristallisé tous les mécontentements. Les autres articles de la réforme prévoient notamment des condamnations plus lourdes pour les violeurs, pédophiles, tortionnaires, trafiquants d'êtres humains et meurtriers d'enfants nés hors du mariage. Le projet gouvernemental reconnaît également le viol conjugal et le harcèlement sexuel comme des délits. D'autres dispositions du code ont aussi provoqué la colère des ONG féministes, comme celle qui punit d'une peine allant jusqu'à deux ans de prison les mineurs de moins de 18 ans pour une relation sexuelle. Les homosexuels semblent aussi avoir été oubliés dans le nouveau code. Mais, les tests de virginité, pratique controversée et dénoncée, ne pourront ainsi être effectués qu'en cas de demande formelle d'un juge ou d'un procureur et non par la police comme c'était souvent le cas. Recep Tayyip Erdogan a fait de l'adhésion à l'UE sa priorité. Le code pénal, qui doit remplacer celui datant de 1926 inspiré de l'Italie mussolinienne, s'inscrit dans le cadre d'une série de réformes mises en oeuvre depuis deux ans en Turquie pour faciliter l'entrée du pays dans le club européen.

La controverse autour du report de l'adoption du code pénal turc avait semé le trouble, y compris parmi les partisans de l'adhésion d'Ankara. Le report au dernier moment de cette réforme avait été motivé par le souhait du gouvernement turc de réintroduire les dispositions faisant de l'adultère un délit, une initiative très mal vue par les Européens et qualifiée de “plaisanterie” par M. Verheugen lui-même. M. Erdogan avait répliqué en récusant toute ingérence de Bruxelles dans une affaire à ses yeux purement intérieure à la Turquie.

Dans la dernière ligne droite avant le verdict de la Commission, opposants ou critiques d'une adhésion de la Turquie à l'UE ont redonné de la voix ces dernières semaines, à l'image des commissaires européens autrichien Franz Fischler (Agriculture) ou néerlandais Frits Bolkestein (Marché intérieur). “Malheureusement, le débat sur l'adultère a généré de sérieux doutes en Europe sur la détermination de la Turquie à préserver sa laïcité”, a remarqué Onur Oymen, un député du parti Républicain du Peuple (CHP-principal parti d'opposition). “Même si c'est réglé, nous avons créé un problème de confiance”.

Lors d'une visite à Bruxelles le 23 septembre, M. Erdogan avait promis de faire voter la réforme du code pénal turc jugée essentielle par l'UE pour l'ouverture de négociations. Il avait assuré que cette réforme ne criminaliserait pas l'adultère. A l'issue de cette rencontre, Le commissaire européen à l'Elargissement, Guenter Verheugen, ne cachait pas sa satisfaction après son entretien avec le dirigeant turc, annonçant qu'il ferait une “recommandation très claire” sur la question de l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Turquie. "Ma conclusion est qu'il n'y a désormais plus d'obstacles sur la table. De mon point de vue, la Turquie n'a pas de conditions additionnelles à remplir pour permettre à la Commission de faire une recommandation", ajoutait le commissaire. Quant à la question de la torture, qui a souvent été soulevée par les Européens, Guenter Verheugen s'était félicité que les experts dépêchés sur place par la Commission avaient conclu qu'il n'était pas “justifié d'accuser la Turquie de se livrer à des actes de torture de façon systématique”.

Recep Tayyip Erdogan s'était également entretenu avec le président de la Commission européenne, Romano Prodi, avant de répondre pendant deux heures et à huis clos aux dirigeants des groupes politiques au Parlement européen. Partisans et adversaires d'une adhésion de la Turquie y sont restés sur leurs positions respectives, commentait en substance le Vert Daniel Cohn-Bendit. “La Turquie change. Je pense que les changements ne sont pas achevés et qu'il est temps d'ouvrir les négociations. Cela fait 41 ans qu'ils attendent!”, avait-il déclaré. Quant à Hans-Gert Poettering, le président du principal groupe du Parlement, le Parti Populaire Européen (PPE), il avait estimé que sa formation se partageait à parts égales entre partisans et adversaires d'une adhésion de la Turquie.

La future appartenance de la Turquie à l'UE, même si elle ne doit pas se matérialiser avant dix ou quinze ans, divise aussi les pays de l'Union et leurs opinions publiques, quand ce n'est pas une même équipe au pouvoir. Le Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, s'est interrogé ainsi dans le Wall Street Journal Europe sur la compatibilité d'un pays musulman comme la Turquie avec les “valeurs” de l'Union européenne. Le président français, Jacques Chirac, a pourtant réitéré récemment son soutien à l'adhésion d'Ankara une fois remplies “toutes les conditions requises”.

Le 6 octobre, la Commission va recommander aux Etats membres de l'UE d'ouvrir ou pas des négociations d'adhésion avec la Turquie. Les chefs d'Etat et de gouvernement européens prendront la décision finale sur le sujet lors d'un sommet le 17 décembre à Bruxelles.

LE RÉALISATEUR KURDE BAHMAN GHOBADI REÇOIT LE “COQUILLAGE D’OR” AU 52ÈME FESTIVAL DU FILM DE SAINT SÉBASTIEN POUR SON FILM “TURTLES CAN FLY”

Le réalisateur kurde Bahman Ghobadi a, le 25 septembre, reçu le “Coquillage d'Or” et le Prix du Jury au 52ème festival de film de Saint Sebastien pour son film “Turtles can fly” (les tortues peuvent voler).

Le film, “le premier jamais réalisé sur les enfants kurdes irakiens”, joué par des enfants “qui n'avaient jamais vu de cinéma”, selon Ghobadi, débute à la veille de l'intervention américano-britannique en Irak. Kak alias “Satellite”, un jeune garçon devenu un leader des orphelins du camp de réfugiés et des enfants des villages environnants, vivote de la revente de mines anti-personnel qu'il ramasse à la main et de l'installation d'antennes paraboliques pour que les adultes suivent les informations internationales. Un jour, arrivent dans le camp de réfugiés un manchot, sa petite soeur et un enfant aveugle, un trio d'enfants dont on découvre peu à peu le drame.

Le film s'achève sur l'arrivée des Américains et l'amputation de Kak Satellite, qui a sauté sur une mine pour sauver l'enfant aveugle. “A force de ramasser des mines USA, tu as fini par sauter sur une mine USA”, lui dit un ses amis, alors que Kak pensait que les Américains allaient faire de son pays un paradis.

“Turtles can fly” ne parle pas de “politique mais de la vie réelle de ces gens. J'ai essayé de montrer des scènes que le câble et le satellite ne montrent jamais. (Le président américain) George W. Bush et Saddam Hussein sont devenus des superstars de la télévision, mais les vrais héros sont ces enfant”, a affirmé le réalisateur au cours d'une conférence de presse. “Mais comme je suis kurde, je dois parler de politique. Je me réjouis de la disparition de Saddam Hussein mais la présence américaine dans la région me peine. Ils auraient pu venir bien avant”, a-t-il ajouté. “Dans mon film, les figurants sont Bush, Saddam, les personnages principaux sont le peuple irakien et les enfants d'Irak”, selon le réalisateur de “Un temps pour l'ivresse des chevaux”, son premier film, qui était présenté à Cannes en 2000.

“Il y a des scènes très dures. J'ai commencé le film avec humour, avec l'installation de l'antenne parabolique, pour introduire un peu de plaisanterie et passer ensuite aux scènes dures”, de viol par l'armée de Saddam Hussein, de morts et de mutilations, a commenté le réalisateur de 36 ans.

"J'espère qu'il y aura un gouvernement démocratique en Irak, et que le Kurdistan puisse avoir sa propre industrie cinématographique, que les Kurdes puissent s'exprimer dans le cinéma", selon le réalisateur qui tient à souligner que seules trois personnes sur le tournage étaient iraniennes, lui, son assistant et le caméraman. Le reste étaient des Kurdes irakiens.

Le projet initial était de filmer des adultes, mais “en observant la tragédie de ces enfants, je me suis senti responsable moralement, il fallait faire quelque chose, pour raconter leur souffrance”, a dit Ghobadi, qui en est à son troisième film.

Les enfants du film, un des seize films qui étaiaient en compétition pour le Coquillage d'Or n'ont pu voyager au Pays basque espagnol faute de visas. "Turtles can fly" sortira en octobre en Irak et début 2005 dans plusieurs pays d’Europe, dont la France.

SELON L’ARMÉE AMÉRICAINE 153 000 KURDES VIVENT DANS DES CAMPS DE FORTUNE, PRINCIPALEMENT À KIRKOUK, EN ATTENDANT QUE LES CONFLITS DE PROPRITÉTÉ SOIENT RÉSOLUS

La Commission irakienne chargée de résoudre les conflits de propriété au Kurdistan a été jusqu'à présent incapable de régler un seul cas alors que depuis mars 167.400 Irakiens vivent dans une dizaine de camps de fortune, affirme, le 3 septembre, un officier américain. Parmi les personnes recensées par les militaires américains, plus de 153.000 sont Kurdes. Depuis le début 2004, 77.000 d'entre eux se sont installés dans de Kirkouk, 65.747 dans celle de Salaheddine et 10.675 à Souleimaniyah, selon les statistiques américaines.

En outre, 4.757 Turcomans et 2.226 Arabes ont trouvé refuge dans le gouvernorat de Salaheddine, alors que 5.000 Arabes et 2.000 Turcomans ont élu domicile dans la riche province pétrolière de Kirkouk. L'armée américaine ne dispose pas de chiffres pour Diyala, qui est le quatrième département contrôlé par la 1ère division d'infanterie, au nord de Bagdad.

Des dizaines de milliers de Kurdes, impatients de revenir sur les terres dont ils avaient été chassés par la brutale politique d'arabisation menée par Saddam Hussein, vivent dans des camps, dont 44 sont situés dans la province de Kirkouk, en attendant de voir aboutir les procédures administratives en cours.

“La Commission pour la réclamation des terres ne fonctionne pas: sur les 143.222 déplacés intérieurs qui ont fait une demande, seulement 5,399 dossiers ont été constitués"a indiqué le général John Batiste, chef de la 1ère Division d'Infanterie.

Selon ces statistiques, pas une seule réclamation n'a abouti depuis la mise en place de cette Commission, le 14 janvier 2004, par la circulaire numéro 8 promulguée par l'ancien administrateur américain Paul Bremer. Depuis le transfert des pouvoirs, fin juin, cet organisme dépend du gouvernement intérimaire. “Le gouvernement doit agir et cela va être coûteux car beaucoup réclament des compensations”, a expliqué le général soulignant que le fond du problème était le manque d'argent, d'interêt et d'organisation. “Pour le moment, il (le gouvernement) a peut être d'autres centres d'interêt”, a-t-il ajouté.

Selon un rapport publié le mois dernier, l'organisation des droits de l'Homme Human Rights Watch a averti que si la question n'était pas réglée rapidement cela pouvait déboucher sur une irruption de violence. Cette organisation basée à New York avait blâmé la Coalition de n'avoir pas mis en place une stratégie pour résoudre la crise.

Interrogé à Erbil le 9 septembre par l’AFP, Massoud Barzani, président du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), a déclaré que les Kurdes d'Irak sont “disposés à faire la guerre” pour préserver l'identité kurde de la ville pétrolière de Kirkouk. “Kirkouk est le coeur du Kurdistan, et nous sommes disposés à faire une guerre pour préserver son identité et à nous sacrifier pour préserver les acquis obtenus par les Kurdes d'Irak”, a-t-il souligné. “Les Kurdes ne renonceront pas et ne négocieront pas cette identité”, a ajouté M. Barzani.

Par ailleurs, un kamikaze a fait exploser une voiture piégée le 18 septembre devant le siège de la Garde nationale irakienne à Kirkouk, faisant vingt morts et 16 blessés, selon la police. A Kirkouk, l'attentat est le troisième cette semaine visant les forces de sécurité irakiennes. La déflagration a touché une foule de jeunes Irakiens qui faisaient la queue pour s'inscrire au centre de recrutement.

ONU: LE PREMIER MINISTRE IRAKIEN DEMANDE DE L’AIDE À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE POUR “VAINCRE LES FORCES TERRORISTES”

Le Premier ministre irakien Iyad Allaoui a lancé le 24 septembre un appel solennel devant l'Onu pour “aider l'Irak à vaincre les forces terroristes”, en prévenant qu'un échec serait une “défaite” pour toute la communauté internationale. “J'appelle tous les représentants des pays réunis ici à aider l'Irak à vaincre les forces terroristes et à bâtir un avenir meilleur pour le peuple d'Irak”, a déclaré M. Allaoui à la tribune de l'Assemblée générale de l'Onu à New York. Le Premier ministre irakien a également été reçu à Washington au Congrès et à la Maison Blanche la veille de son intervention à l’ONU pour délivrer un même message de fermeté face à la violence et de confiance dans les élections de janvier prochain.

Face aux “terroristes qui ont choisi de faire de l'Irak leur champ de bataille”, “notre combat est votre combat, notre victoire sera votre victoire. Et si nous sommes vaincus, ce sera votre défaite”, a-t-il affirmé. Il a ajouté que son pays avait besoin “de plus d'assistance de la part de la force multinationale” et qu'il fallait “élargir la base des pays contribuant en troupes à cette force”, afin notamment de permettre à l'Onu travailler. M. Allaoui a toutefois assuré que l'insurrection irakienne “ne récoltera rien d'autre qu'un échec” et a réaffirmé sa confiance dans la possibilité de tenir des élections en janvier comme prévu, malgré le scepticisme grandissant que cet objectif puisse être tenu si la violence continue.

Une certaine confusion régnait à Washington sur ce sujet, après que le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld eut déclaré que ces élections pourraient n'avoir lieu que dans les régions du pays suffisamment sûres. M. Allaoui a également rencontré à New York le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, qui a récemment émis des doutes sur la possibilité d'organiser un scrutin dans les délais prévus.

Alors que l'Irak continue d'être un sujet de profondes divisions au sein de la communauté internationale, le Premier ministre a déclaré à l'intention des pays qui se sont opposés au conflit que “les divergences sur cette question ne doivent pas être un obstacle” pour aider à la reconstruction de l'Irak.

Iyad Allaoui avait également rencontré le 19 septembre son homologue britannique Tony Blair, entretien durant lequel il avait réaffirmé son engagement à maintenir la date limite du 31 janvier pour le scrutin. "Nous faisons de notre mieux et nous allons maintenir cette date (…) Nous sommes à quatre mois" de cette échéance. "Et d'ici quatre mois, un certain nombre de choses peuvent changer. Et elles changeront de façon positive".

Quelques 9.000 soldats britanniques participent à la coalition en Irak. Ce nombre devrait être réduit à 8.500 lors de la prochaine relève, prévue en novembre. Le ministre de la Défense Geoff Hoon a précisé la semaine dernière que Londres pourrait néanmoins déployer des troupes supplémentaires avant les élections.

ULTIME VISITE EN TURQUIE DE GUNTER VERHEUGEN, COMMISSAIRE CHARGÉ DE L’ELARGISSEMENT, AVANT LA PUBLICATION DU RAPPORT DE L’UE

Au terme d'une visite en Turquie, le commissaire européen chargé de l'élargissement Guenter Verheugen a dressé, le 9 septembre, un bilan en demi-teinte des avancées de ce pays sur la voie de l'adhésion à l'UE, constatant des “progrès impressionnants” mais aussi des “carences”. Des entretiens menés durant quatre jours par M. Verheugen à travers la Turquie --d'Ankara à Diyarbakir, d'Izmir à Istanbul--, il ressort que la question kurde reste au coeur des préoccupations de la Commission européenne.

“Le projet turc (d'intégration à l'UE) est réalisable. Les premiers pas ont été lents, mais un bon élan a été assuré par la suite. Ces cinq-dix dernières années, la Turquie a changé d'aspect et est devenue un tout autre pays”, a estimé M. Verheugen dans un entretien accordé à la chaîne de télévision CNN-Turk avant de prendre l'avion pour Bruxelles. Reconnaissant “des progrès impressionnants dans plusieurs domaines”, il a cependant fait état de “carences”, concernant notamment le respect des droits des minorités.

Au cours de sa visite, le fonctionnaire européen s'est efforcé de “prendre le pouls” de la société turque à moins d'un mois de la publication par la Commission européenne d'un rapport sur la capacité de la Turquie à adhérer à l'Union européenne. Ce dernier servira de base à la décision que doivent prendre en décembre les dirigeants européens quant au lancement -ou non- des négociations d'adhésion d'Ankara au club européen.

“Je peux vous promettre que (le jugement de la Commission) sera équitable, objectif et honnête et qu'il prendra en compte les progrès impressionnants réalisés en Turquie”, avait affirmé M. Verheugen, lors d'une conférence de presse, le 6 septembre, à l'issue d'entretiens avec le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gul. Ce document “ne cachera pas le fait qu'il y a des difficultés dans certains domaines et que bien sûr l'application (des réformes) n'est pas complète”, mais le fonctionnaire européen a assuré que le jugement exprimé dans ce document serait “une décision claire et ferme” et ne serait pas assorti de conditions.

A l'issue de sa rencontre avec M. Gul, Guenter Verheugen s'était entretenu avec le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avant de s'envoler pour Diyarbakir où il a rencontré le préfet, Nusret Miroglu, et le maire de la ville, Osman Baydemir, puis l'ex-députée kurde Leyla Zana, récemment libérée de prison. À l’issue de cet entretien hautement symbolique avec Mme Zana et après une visite dans un village kurde, le commissaire européen, visiblement ému par le sort de la population kurde en a appelé au gouvernement pour que les Kurdes jouissent pleinement de tous leurs droits culturels.

Le gouvernement turc a mis en oeuvre quelques mesures concernant les droits des minorités, --autorisation de quelques cours privés de la langue kurde, diffusion sur une chaîne nationale d’une émission de 30 minutes --, brisant un tabou. “Il y a eu des efforts tardifs (émissions et enseignement en kurde) dans ce domaine. Mais on peut en faire davantage en ce qui concerne les droits culturels", a cependant affirmé M. Verheugen en visite, le 7 septembre dans le village kurde de Tuzla qui avait été évacué de force en 1995 par les forces de sécurité turques.

Ses quelque 500 habitants ont commencé à regagner leurs foyers à partir de l'an 2001. Mais plusieurs familles vivent actuellement dans des conditions précaires, demandant l'aide des autorités pour rebâtir leurs maisons. M. Verheugen a demandé aux autorités d'encourager les villageois chassés à rentrer chez eux. “Il est préférable de vivre dans son village, dans des conditions humaines, que d'aller habiter dans des bidonvilles dans les grandes villes”, a déclaré le commissaire européen.

Selon des chiffres officiels, 3.428 villages ont été évacués de force dans les années 1980 et 1990 dans les régions kurdes. Les villageois de Tuzla ont intenté un procès à l'Etat turc devant la Cour européenne des droits de l'Homme afin d'obtenir réparation pour leur exil forcé.

M. Verheugen a d'ailleurs suggéré que l'UE pourrait participer financièrement au retour des populations évacuées de force de leurs villages au plus fort des combats entre l'armée turque et le PKK dans les années 80 et 90. Concernant la recrudescence des combats et des attentats constatée depuis juin, le commissaire européen a adressé un message clair à l'ex-PKK, rebaptisé Kongra-Gel. “Le PKK doit mettre fin à la violence”, a-t-il déclaré ajoutant que “le terrorisme était inacceptable”.

Au final, M. Verheugen s'est efforcé de rassurer les Turcs en leur promettant qu'aucune nouvelle condition ne serait posée à leur candidature, “qui sera traitée sur un pied d'égalité avec les autres Etats candidats”.

HOSHYAR ZEBARI, MINISTRE IRAKIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, ANNONCE L’ORGANISATION D’UNE CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE POUR LA STABILISATION DE L’IRAK

À l'issue d'une rencontre avec des émissaires arabes et le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, Hoshyar Zebari, ministre irakien des Affaires étrangères, a annoncé le 28 septembre que la décision avait été prise d'organiser en Egypte, une conférence ministérielle sur la promotion de la stabilité en Irak, du 22 au 24 novembre et qu'elle réunirait des ministres des Affaires étrangères. “L'objectif de la conférence consiste vraiment à solliciter le soutien de tous ces pays à la stabilisation de l'Irak et au processus électoral”, a déclaré M. Zebari. Il a précisé que l'idée d'une telle conférence avait été formulée conjointement par les Nations unies et le gouvernement provisoire irakien.

Parmi les invités on comptera les voisins de l'Irak, notamment la Turquie, l'Iran, la Syrie, le Koweït et la Jordanie, mais seront également représentés l'Egypte, les membres du G8 (groupe des huit Etats les plus industrialisés), la Chine ainsi que les Nations unies, la Ligue arabe, l'Organisation de la conférence islamique et l'Union européenne, a-t-il indiqué. “Ce n'est pas une conférence internationale. C'est une conférence régionale élargie”, a-t-il expliqué.

Le roi Abdallah II de Jordanie, en visite, le 28 septembre, à Paris, soutient l'idée d'une conférence internationale sur l'Irak mais juge “impossible” la tenue d'élections dans le “chaos” actuel. “Le Premier ministre (irakien) Iyad Allaoui veut cette conférence internationale. Nous soutiendrons donc tout ce que voudra le gouvernement de Bagdad. Nous soutiendrons tout ce que voudront les Irakiens”, déclare le roi Abdallah dans une interview publiée dans Le Figaro.

En revanche, le souverain hachémite se montre beaucoup plus sceptique sur la possibilité d'organiser dès janvier des élections en Irak. “Il me semble impossible d'organiser des élections indiscutables dans le chaos que connaît aujourd'hui l'Irak”, estime le monarque, qui a été reçu à l'Elysée par le président Jacques Chirac.

De son côté, en visite à Amman dans le cadre d'une tournée arabe, le 6 septembre, le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari avait indiqué que son gouvernement était prêt à aider la France à obtenir la libération de deux journalistes français retenus en otages en Irak par un groupe islamiste. “Le gouvernement irakien est désireux et prêt à fournir au gouvernement français toute l'aide possible pour assurer la libération des otages et leur retour sains et saufs dans leurs foyers”, avait indiqué M. Zebari lors d'une conférence de presse à Amman. Il avait indiqué avoir rencontré à Bagdad une délégation du ministère français des Affaires étrangères. “Je leur ai exprimé, au nom du gouvernement irakien, notre disposition à leur donner tout le soutien et les informations possibles”, avait souligné M. Zebari.

TÉHÉRAN: LE PRÉSIDENT KHATAMI CONFIRME LA POURSUITE DU PROGRAMME NUCLÉAIRE IRANIEN

L'Iran poursuivra son programme dans le domaine de l'énergie nucléaire civile même si cela aboutit à un arrêt de la supervision et de la coopération internationale, a déclaré le 21 septembre le président iranien Mohammad Khatami. “Nous avons fait notre choix et c'est aux autres (Occidentaux) de faire le leur”, a déclaré le président Khatami dans un discours lors du défilé des forces armées iraniennes, qui marque le début de la semaine de la “Défense sacrée”, allusion à la guerre Iran-Irak (1980-88).

Le président a affirmé que la communauté internationale devait “reconnaître notre droit naturel (à l'accès au nucléaire), alors nous pourrons accepter la supervision internationale et poursuivre notre effort pour acquérir la technologie nucléaire civile”. “Dans le cas contraire, nous allons continuer sur notre voie même si cela aboutit à un arrêt de la supervision et de la coopération internationale”, a-t-il ajouté. Il a une nouvelle fois répété que l'Iran ne cherchait pas à acquérir la bombe atomique. “Que nous soyons sous la supervision internationale ou pas, nous ne cherchons en aucun cas à fabriquer la bombe atomique, car c'est contraire à notre religion et à notre culture. Nous sommes opposés aux armes atomiques”, a-t-il souligné.

Le 18 septembre, le conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a fixé la date butoir du 25 novembre pour un examen complet du programme nucléaire iranien et a aussi exigé l'arrêt “immédiat” des activités d'enrichissement, pourtant légales au regard du Traité de non-prolifération (TNP). Après trois jours de discussions serrées, Les Etats-Unis et trois grands pays d'Europe - Allemagne, France et Grande-Bretagne – s’étaient, le 16 septembre, entendus sur un projet de résolution à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Les Américains avaient fini par renoncer à fixer un ultimatum au 31 octobre à l'Iran pour se conformer aux exigences et demandes d'explications de l'AIEA ou bien être traduits en novembre devant le Conseil de sécurité des Nations unies en vue de sanctions internationales.

L'uranium enrichi dans des centrifugeuses peut donner du combustible nucléaire aussi bien pour de l'énergie civile que pour une bombe atomique. D'où l'inquiétude des Occidentaux qui préfèrent livrer de l'uranium déjà enrichi. Téhéran, qui dément avoir des intentions militaires, avait accepté en octobre 2003 de suspendre ses activités d'enrichissement, en échange d'une coopération nucléaire civile de Berlin, Londres et Paris. Mais l'Iran est revenu sur son engagement cet été, en reprenant partiellement les activités liées à l'enrichissement, notamment la fabrication et l'assemblage des centrifugeuses. Téhéran a également commencé il y a quelques semaines la conversion de l'uranium, étape qui précède l'enrichissement. Les dirigeants iraniens ont affirmé ces derniers jours qu'ils refusaient d'étendre le champ de la suspension des activités d'enrichissement, notamment un arrêt de la fabrication des centrifugeuses et la conversion de l'uranium.

L’attitude de fermeté de Téhéran à quelques semaines des élections américaines est interprétée par les observateurs comme une manière de prendre date et de faire monter les enchères en attendant les négociations sérieuses qui doivent intervenir après l’élection du président américain. Par ailleurs, l’opposition iranienne affirme que les installations connues et inspectées par l’AIEA ne sont que partie visible de l’iceberg d programme nucléaire iranien qui se développe dans le plus grand secret avec l’aide technique du Pakistan.

BAGHDAD: SELON UN BILAN OFFICIEL LA GUERRE AURAIT FAIT DE 10 000 À 30 000 VICTIMES IRAKIENNES TANDIS QUE LE CAP DES 1000 MORTS AMÉRICAINS EST FRANCHI

L'armée américaine paie un lourd tribut en Irak. Selon un décompte effectué par l'Associated Press, plus de 1.000 soldats ont été tués dans le pays depuis le déclenchement de la guerre par l'administration Bush, le 20 mars 2003. A moins de deux mois de l'élection présidentielle américaine, le cap des 1.000 victimes américaines en Irak a été franchi le 7 septembre près d'un an et demi après l’intervention en Irak. Outre les 1.000 tués - dont les trois-quarts au combat - près de 7.000 soldats américains ont été également blessés depuis l'invasion.

Ce bilan comptabilise les 998 soldats et trois civils tués alors qu'ils travaillaient avec le Pentagone. Il a pu être établi grâce aux informations fournies par le ministère de la Défense et les familles des victimes, et aux reportages de l'AP sur le terrain.

Ce palier a été franchi après la recrudescence des violences des derniers jours au cours desquelles quatorze soldats américains ont été tués. Sept d'entre eux ont été abattus le 7 septembre: deux lors d'affrontements entre les partisans du chef radical chiite Moqtada al-Sadr et les troupes américaines, et cinq autres lors d'attaques séparées, principalement dans le secteur de Bagdad.

Face à la recrudescence des violences, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a reconnu le 26 septembre que l'organisation des élections en Irak pourrait être entravée. Les insurgés “sont déterminés à perturber les élections” prévues en janvier 2005, a-t-il indiqué sur la chaîne de télévision ABC ajoutant: "Parce que cela s'aggrave, nous devrons accroître nos efforts pour vaincre la rébellion”. Powell a cependant reconnu qu'il pourrait y avoir des difficultés à organiser ce scrutin sur l'ensemble du territoire irakien en raison de la violence. “On ne peut pas dire qu'il n'y aura pas d'attaques contre des bureaux de vote ou qu'il n'y aura pas des endroits où il se sera difficile de voter”, a-t-il déclaré.

Aucun chiffre fiable des victimes irakiennes n'existe pour l'ensemble du pays, mais des estimations privées font état de 10.000 à 30.000 morts depuis le début de la guerre. A la clinique Cheikh Omar de Bagdad, un registre fait état, à la date du 9 septembre, de 10.363 morts violentes enregistrées dans la capitale irakienne et sa région depuis le début de l'intervention militaire en mars 2003. Des décès provoqués par des accrochages avec les forces de la coalition, mais aussi des voitures piégées, des attaques au mortier, des règlements de compte et des hold-up...Les morts violentes recensées dans le registre de cuir de la clinique bagdadie ne proviennent que de 18 provinces du pays, et ne répertorient pas les personnes tuées dans des villes aussi agitées que Najaf, Kerbala, Falloujah, Takrit et Ramadi.

Les victimes irakiennes sont des membres de la guérilla, des policiers et des militaires, mais aussi des civils tués dans des fusillades ou par l'explosion de bombes. Les Irakiens victimes de la criminalité, en forte hausse depuis la chute du régime de Saddam Hussein, sont également recensés. Le bilan ne révèle toutefois pas toujours si les personnes sont mortes dans une situation de combat ou pour une autre cause.

La perspective d'une mort violente est la dernière menace en date pour un peuple qui a souffert de plusieurs décennies de guerre et de dictature brutale sous Saddam Hussein. L'ancien régime irakien est accusé par les organisations de défense des droits de l'Homme d'avoir tué plus de 300.000 Irakiens considérés comme des ennemis.

Dans un pays où les morts selon la tradition musulmane sont souvent enterrés rapidement, sans être systématiquement comptabilisés par les autorités, le nombre réel d'Irakiens tués dans le conflit risque de ne jamais être connu.

Des responsables américains ont assuré pour leur part qu'ils n'avaient pas les moyens nécessaires pour recenser les morts de civils survenus depuis le début de l'occupation menée par les Etats-Unis, qui s'est terminée officiellement le 28 juin. Les nouvelles autorités irakiennes ne sont pas encore en mesure de fournir de chiffres précis sur les morts de civils.

AINSI QUE...

LEYLA ZANA ET SES TROIS COLLÈGUES DEMANDENT QUE LES ARMES SE TAISENT LORS DE LA JOURNÉE POUR LA PAIX


Les anciens députés kurdes Leyla Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak ont mis en garde le 1er septembre contre la reprise des combats entre des combattants kurdes et l'armée turque, qui pourraient empêcher la Turquie de rejoindre l'Union européenne. “La société en a assez de la violence... Il est temps de dire “ça suffit” à la souffrance, aux larmes et au deuil”, estiment les anciens parlementaires kurdes dans un communiqué. “Même si le risque est faible, si une date pour l'ouverture de négociations en vue de l'adhésion (de la Turquie à l'UE) était repoussée à cause des combats, la responsabilité morale serait énorme... C'est pourquoi il est très important que les armes se taisent”, poursuivent-ils.

Leyla Zana et ses collègues ont plusieurs fois demandé aux combattants kurdes armés de déposer les armes depuis leur libération en juin dernier après dix ans de prison. Ils avaient été condamnés en 1994 à 15 ans de prison pour “soutien aux séparatistes de l'ex-Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kongra-Gel)”. Cette condamnation a été cassée en juin. Ils doivent être rejugés en octobre.

Pour les quatre signataires, le rapprochement de la Turquie et de l'UE permettrait de résoudre plus rapidement la question kurde. “Les attitudes et les contributions des Etats-membres de l'UE seront aussi importants que les attitudes des Turcs et des Kurdes dans l'accélération du processus” de résolution, écrivent-ils.

L’ASSOCIATION TURQUE DES DROITS DE L’HOMME ACCUSE LA TURQUIE DE PRATIQUE “SYSTÉMATIQUE” DE LA TORTURE TANDIS QUE LES OFFICIELS TURCS PARLENT DE CAS ISOLÉS


Le ministre turc de l'Intérieur a assuré le 16 septembre que son gouvernement faisait preuve d'une “tolérance zéro” envers la torture, au moment où les députés avancent avec une rapidité fulgurante sur une vaste réforme pro-européenne du code pénal, qui réprime notamment la torture. Un haut fonctionnaire de la Commission européenne est arrivé en Turquie pour procéder à d'”ultimes vérifications” sur la situation des droits de l'Homme et de la torture dans ce pays, a indiqué l'exécutif communautaire à Bruxelles.

Le commissaire européen chargé de l'élargissement, Guenter Verheugen, s'est inquiété lors de sa récente visite en Turquie des chiffres que lui a fournis l'Association turque des droits de l'Homme (IHD) sur la torture, soulignant que ce crime devaient être réprimé “de la façon la plus sévère”.

Le ministre turc de l'Intérieur, Abdulkadir Aksu, s'en est pris vivement le 16 septembre, à la principale organisation de défense des droits de l'Homme du pays, qui a lancé des accusations de torture “systématique” en Turquie. “Il n'y a pas de torture et de mauvais traitements systématiques en Turquie”, a-t-il déclaré, admettant des cas isolés résultant d'”erreurs individuelles”. M. Aksu a estimé que l'IHD avait du mal à “saisir” les transformations, “à caractère révolutionnaire”, en cours en Turquie dans le domaine des droits de l'Homme, rappelant les réformes législatives adoptées ces derniers temps: peines plus sévères contre les tortionnaires et réduction des périodes de garde à vue, notamment. “Nous sommes absolument déterminés à ne pas tolérer la torture (...) l'approche du gouvernement est une 'tolérance zéro' pour la torture”, a-t-il ajouté.

Selon les chiffres dont dispose l'IHD, 1.391 personnes ont été torturées en 2003 par des méthodes les plus diverses, allant jusqu'aux chocs électriques ou la bastonnade sur la plante des pieds. Ces méthodes sont aujourd'hui devenues plus rares, laissant la place aux menaces ou aux privations de sommeil ou de nourriture, selon l'IHD, qui demande qu'outre le policier tortionnaire, tous ses supérieurs soient également punis par la justice.

LE GROUPE ISLAMIQUE ARMÉ, ANSAR AL SOUNNA, REVENDIQUE LA DÉCAPITATION DE TROIS KURDES


L'Armée d'Ansar al Sounna, un groupe terroriste islamiste irakien a annoncé le 19 septembre l'exécution par décapitation de trois membres du Parti démocratique du Kurdistan (PDK). Ansar al Sounna, qui a diffusé sur son site internet une cassette vidéo montrant leur décapitation, a affirmé dans un communiqué que les corps des trois “agents” ont été abandonnés près de Mossoul pour servir “d'exemple”.

L'Armée d'Ansar al Sounna ajoute qu'elle a enlevé les trois Kurdes près de Tadji, une ville située juste au nord de Bagdad, alors qu'ils se rendaient dans une base du nord du pays à bord de véhicules militaires. Selon les autorités kurdes, les trois hommes sont des étudiants qui se rendaient à Baghdad pour des formalités d’inscription à l’Université de cette ville. Ils ont été enlevés lorsque leur voiture est tombée en panne. On affirme de source kurde que les Kurdes figurant sur la vidéo sont vraisemblablement ceux dont les corps décapités ont été retrouvés le 15 septembre au bord d'une route, au nord de Bagdad, dans des sacs en nylon.

Par ailleurs, Ansar Al-Sunna a publié le 14 septembre un communiqué revendiquant la tentative d'assassinat la veille contre le gouverneur de Dohouk. Le ministère irakien de l'Intérieur a confirmé que le gouverneur de la province de Dohouk, Nichervan Ahmad, avait échappé à un attentat à l'explosif alors qu'il se rendait à son bureau à Dohouk. De son côté, le gouverneur a déclaré à la télévision kurde, KurdistanTV, que deux de ses gardes ont été blessés dans l'explosion.

L'Armée d'Ansar Al-Sunna avait annoncé le 31 août l'assassinat de 12 Népalais, pris en otages par ce groupe pour avoir travaillé avec les forces américaines en Irak. Leur exécution avait marqué le plus grand massacre d'otages en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003.

IRAN: MOHAMMAD KHATAMI EN FACHEUSE POSTURE AVEC LA TURQUIE QUI VOIT SES CONTRATS DE MARCHÉS PUBLICS MIS EN SUSPENS PAR LE PARLEMENT CONSERVATEUR


Le président iranien qui voit sa politique étrangère remise en cause par le Parlement conservateur a dû reporter sa visite officielle en Turquie. Cette visite, prévue pour le 28 septembre, “a été reportée jusqu'à ce qu'on s'entende, en Iran même, sur le sort” de deux marchés promis à des sociétés turques, “afin de pouvoir ensuite s'entendre avec le monde extérieur”, a déclaré le 26 septembre le porte-parole du gouvernement Abdollah Ramezanzadeh.

Le Parlement a porté un nouveau coup le 22 septembre à la politique de libéralisation économique du gouvernement réformateur en forçant ce dernier à soumettre à l'approbation des députés les contrats avec des compagnies étrangères. Cette nouvelle législation visait en particulier l'octroi aux sociétés turques TAV (Tepe-Akfen-Vie) et Turkcell, respectivement de la construction de la seconde phase de l'Aéroport international Imam Khomeiny, près de Téhéran, et d'un second réseau de téléphonie mobile. Devant la fureur présidentielle, le Parlement a fait marche arrière en précisant que cette législation ne s'appliquerait qu'à ces deux seuls marchés. Les deux contrats “entreront en vigueur seulement après l'approbation du Parlement”, stipule la nouvelle loi.

“Le parlement vise seulement les deux contrats avec TAV et Turkcell. Il n'est pas hostile aux investissements étrangers”, a insisté le premier vice-président du Parlement, Mohammad-Reza Bahonar, à la suite du vote. “C'est insuffisant. Le gouvernement est toujours hostile à cette loi”, a déclaré M. Ramezanzadeh.

Le 22 septembre, le président était entré dans une colère rare et avait dénoncé ce qu'il avait qualifié de “loi sans précédent dans l'histoire de la République islamique (qui) paralyse l'action du gouvernement”. Il avait cependant assuré que son voyage en Turquie n'en serait pas affecté.

Le contrat que le gouvernement veut attribuer à TAV, d'un montant de 200 millions dollars, n'a pas encore été signé. Les conservateurs estiment que la présence de TAV à l'aéroport met en danger la sécurité nationale. C'est avec cet argument qu'en mai, l'armée avait fermé l'aéroport qui venait d'accueillir son premier vol après des années de retard. TAV avait obtenu l'exploitation de la première partie de l'aéroport, encore fermé aujourd'hui.

Turkcell, qui a signé son contrat en septembre, devrait investir plus de 3 milliards de dollars en Iran. Mais il lui faut encore verser à l'Etat iranien 300 millions d'euros de licence. Les conservateurs estiment que ce contrat menace aussi les intérêts nationaux car Turkcell pourrait procéder à des écoutes ou suspendre le fonctionnement du réseau.

Les conservateurs accusent aussi les deux compagnies turques de liens avec Israël, ennemi déclaré de la République islamique. “En cas d'annulation du contrat avec Turkcell, le gouvernement devra payer entre 300 et 400 millions d'euros d'indemnités”, a prévenu Gholamreza Tadjghardoun, vice-président de l'Organisation du plan, cité par l'agence officielle iranienne Irna.

Cet été déjà, les députés conservateurs se sont opposés à la privatisation des banques ou encore à l'ouverture de succursales par les banques non-iraniennes pour “empêcher que l'étranger ne domine l'économie”.

Les conservateurs ont repris quasiment tous les pouvoirs en même temps que la majorité au Majlis (assemblée) en mai, mais le gouvernement rechigne à être réduit à expédier les affaires courantes. Les partisans de l'ouverture s'inquiètent des signaux défavorables adressés aux investisseurs étrangers. Selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), l'Iran a attiré seulement 120 millions de dollars d'investissements étrangers en 2003, chiffre contesté par les responsables iraniens, qui avancent celui de 2 milliards de dollars.

LES PAYS-BAS AUTORISENT L’EXTRADITION D’UNE DIRIGEANTE DU PKK EN TURQUIE ALORS QUE LES ACCROCHAGES SE MULTIPLIENT DANS LES RÉGIONS KURDES


Le ministre néerlandais de la Justice Piet Hein Donner a autorisé le 7 septembre l'extradition d'une dirigeante du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Nusriye Kesbir, vers la Turquie, a annoncé le ministère dans un communiqué. En mai dernier, la Cour suprême des Pays-Bas avait autorisé l'extradition de Mme Kesbir qu'Ankara accuse d'être responsable d'au moins 25 attaques contre des objectifs militaires entre 1993 et 1995 mais la décision finale revenait au ministre de la Justice. “Le ministre autorise l'extradition de Mme Kesbir. Cette décision a été prise après avoir obtenu la garantie des autorités turques qu'elle bénéficiera d'un procès équitable”, précise La Haye.

Mme Kesbir était membre du Conseil présidentiel du PKK (rebaptisé Kongra-Gel), et exerçait des fonctions importantes au sein de cette organisation aux côtés notamment d'Osman Ocalan, frère d’Abdullah Ocalan. Elle a cependant toujours nié avoir été impliquée dans des attentats et affirmé ne s'être occupée que de questions relatives aux femmes. Mme Kesbir avait été arrêtée à l'aéroport d'Amsterdam Schiphol en septembre 2001. Elle avait demandé l'asile politique aux Pays-Bas, ce qui lui avait été refusé.

Par ailleurs, les incidents se sont multipliés avec plus de 50 embuscades ou accrochages avec les forces de sécurité dans le Kurdistan de Turquie. Deux combattants kurdes ont été tués et vingt autres personnes, dont des membres du conseil municipal de Silopi ont été arrêtés à Sirnak et à Tunceli et par les forces de sécurité qui soupçonnent certains d'entre eux d'avoir planifié des attaques contre des cibles gouvernementales locales, ont annoncé le 21 septembre des responsables turcs. La police turque avait également annoncé le 9 septembre que dix-neuf personnes soupçonnées “d'aider et de soutenir la rebellion kurde” avaient été arrêtées dans la province de Tunceli (Dersim). L'ancien maire de Tunceli, Hasan Korkmaz, et le président de la chambre de commerce et d'industrie de cette province, Ali Asker Guler, figuraient parmi les personnes arrêtées à la suite d’un simple témoignage d'un militant de l'ancien PKK.

De plus, les forces de sécurité turques ont tué, semble-t-il, par erreur deux personnes et blessé deux autres dans la nuit du 18 septembre, dans la province de Gumushane. Les forces de sécurité, qui menaient une vaste opération dans la région ont ouvert le feu sur un groupe de quatre personnes, qui se rendait en fait aux champs dans le but de protéger les semailles des méfaits des sangliers.

A la suite des combats à l'extérieur de la ville de Kagizman, dans la province de Kars, quatre combattants du PKK ont été, le 10 septembre, tués par des forces paramilitaires turques lors d'une opération. Le même jour, quatre combattants kurdes, dont une femme, et trois soldats ont été tués dans de violents accrochages près de Pervari dans la localité de Yazlica. Le 7 septembre, un policier et un garde avaient été tués dans l'attaque d'un poste de contrôle à Diyarbakir.

LIBÉRATION EN SUÈDE D’UNE PERSONNE IMPLIQUÉE DANS LES ATTENTATS D’ERBIL


Selon le quotidien suédois Dagens Nyheter daté du 12 septembre, un Suédois d'origine libanaise arrêté en avril avec trois autres personnes pour leur implication présumée dans le double-attentat du 1er février 2004 à Erbil, dans le Kurdistan irakien, qui avait fait plus de 100 morts, a été relâché.

“Nous avions interjeté appel de sa mise en détention auprès de la Cour d'appel (de Stockholm), laquelle a estimé que les charges retenues contre mon client par le procureur sont insuffisantes”, a indiqué son avocat, Johan Eriksson, au quotidien Dagens Nyheter.

Les quatre hommes --deux Irakiens, un Américain né en Israël et un Suédois de 35 ans né au Liban-- avaient été arrêtés sur la foi d'écoutes téléphoniques pour “crimes terroristes ou préparation de crimes terroristes”.

PROCÈS DE LA CELLULE TURQUE D’AL-QAIDA POURSUIVIE POUR LES ATTENTATS D’ISTANBUL


L Adnan Ersoz, un des accusés qui comparaissaient le 13 septembre dans le procès des attentats d'Istanbul a déclaré que des membres de la cellule turque d'Al-Qaïda avaient rencontré Oussama ben Laden et d'autres dirigeants du réseau. Il a également laissé entendre que l'organisation terroriste avait donné 150.000 dollars (122.500 euros) pour financer les attentats-suicide en Turquie. En novembre 2003, 61 personnes avaient été tuées et plus de 600 blessées dans les explosions qui avaient visé deux synagogues, le consulat britannique et une banque britannique à Istanbul. Sur les 69 suspects traduits en justice, neuf ont témoigné le 13 septembre pour la première fois.

Adnan Ersoz, a reconnu avoir aidé à arranger une rencontre en 2001 entre Abou Hafs al-Masri, un ancien lieutenant d'Oussama ben Laden, et Habib Akdas, chef présumé de la cellule turque d'Al-Qaïda. Lors de cette rencontre, Al-Masri a accepté de verser 8.900 dollars (7.250 euros) pour envoyer des Turcs en Afghanistan, a rapporté Adnan Ersoz. Al-Qaïda aurait aussi souhaité commettre un attentat contre un navire israélien qui faisait escale en Turquie, ou contre une base aérienne utilisée par des avions américains à Incirlik, dans le sud de la Turquie, a-t-il ajouté. Habib Akdas voulait rencontrer Oussama ben Laden et il l'a fait quelques jours après sa rencontre avec Al-Masri, selon Adnan Ersoz qui dit avoir assisté à la discussion.

Plus tard dans l'année, Habib Akdas a essayé de convaincre Adnan Ersoz de l'aider à attaquer Incirlik, d'après le témoignage de l'accusé. "Il m'en a parlé et il voulait que je l'aide. Il voulait 150.000 ou 200.000 dollars (122.500 ou 163.200 euros) d'Al-Qaïda", a rapporté Adnan Ersoz. "Je n'ai pas accepté sa proposition (...) J'ai accepté de l'en dissuader."

Habib Akdas lui a dit plus tard avoir reçu 150.000 dollars (122.500 euros) de personnes en Syrie et en Iran, dont il n'a pas précisé l'identité.

Dans ce procès, le ministère public réclame la prison à vie pour cinq personnes soupçonnées d'avoir joué un rôle direct dans les attentats d'Istanbul. Les 64 autres accusés encourent des peines de prison allant de quatre ans et demi à 22 ans et demi.