Ecoutez la musique kurde
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La musique kurde, par Kendal NEZAN

Instruments musicaux


La musique kurde se caractérise, sur le plan instrumental, par la prépondérance des instruments à vent, l'absence totale d'instruments à archet-si fréquents dans les musiques populaires turco-mongoles-ainsi que celle des instruments à cordes frappées et de la flûte traversière, autre instrument répandu en Orient. Les instruments principaux sont:

1. La blûr ou flûte de berger est l'instrument de base dt la musique populaire. Tuyau sonore taillé dans un rameau de mûrier ou de noyer, la blur ne possède ni encoche, ni anche. Sa fabrication étant rustique et souvent peu soignée, elle n'a pas de dimensions standard. On peut tout au plus indiquer quelques ordres de grandeur: elle comporte soit sept, soit neuf trous équidistants, à l'exception du dernier, séparé d'un intervalle plus grand de l'avant-dernier trou. L'ouverture est à l'arrière.

La longueur de la blur varie de 40 cm à 60 cm et même parfois davantage. Le rayon intérieur du tuyau est de l'ordre de 0.9 cm, son bout supérieur, qu'on tient entre les deux lèvres, légèrement à l'oblique, est en forme de cône tronqué. Le flûtiste doit en fait chanter dans son instrument et le rôle de la respiration est primordial.

Jouée souvent en solo, la blûr accompagne assez fréquemment des chants d'amour et des chants épiques. Et il n'est pas rare, qu'associée à l'erbane (tambour de basque à une une peau), elle accompagne aussi les danses et les dilok dans les villages de montagne, sans oublier qu'elle sert aux bergers de moyen de communication avec leur troupeau.

2. La dûdûk qu'on appelle encore fîq est surtout utilisée dans les vallées et hauts plateaux de la région kurde septentrionnale en Turquie. On la trouve également dans les musiques de certains peuples du Caucase (Arméniens, Azerbaidjanais, etc.).

La dûdûk est un tuyau taillé dans un rameau de mûrier ou d'abricotier, d'une longueur moyenne de 32 cm, perforé de huit trous équidistants sur la face supérieure et d'une ouverture à l'arrière, très légèrement évasé vers l'extrémité supérieure où s'introduit une embouche en roseau de 12 cm environ. Son usage dans l'accompagnement des chants de guerre ou d'amour traditionnels tend à devenir général. De plus, associée à la def (grosse-caisse), elle peut accompagner des danses.

La dûdûk n'est pratiquement jamais jouée seule. Même en solo, elle est secondée d'une deuxième dûdûk qui donne la tonique ou du tenbûr.

La zirne est un hautbois conique à anche double en roseau (emboitée sur un petit bec en cuivre) qu'on trouve dans la plupart des musiques populaires du Proche-Orient et du Maghreb.

3. Le tenbûr, ou luth kurde est l'instrument le plus populaire de cette catégorie. Il en existe en divers modèles et dimensions.

Le tenbûr le plus courant a une caisse de résonnance en forme de demi-poire (taillée dans du mûrier), six cordes métalliques pincées avec un plectre, un manche en noyer d'environ un mètre portant six chevilles et 32 ligatures non équidistantes et ajustables. Sa table de bois n'est pas percée.

Le jeu de tenbûr n'appelle en principe pas l'adjonction de la percussion. Il est du reste utilisé seul pour accompagner des chants traditionnels de la plaine et surtout les chansons politiques où son usage est devenu général. Quand il accompagne des chansons de divertissement et de danse, il est parfois soutenu par le dembilk (tambour en poterie), notamment chez les Kurdes de Syrie et d'Irak. Cette " mode " tend à se propager également dans les villes méridionales du Kurdistan de Turquie.