Le Parlement irakien élit un Kurde à la présidence de la République

IRAK La nouvelle a été accueillie comme une revanche dans les provinces du Nord qui ont souffert de la dictature baasiste

Image Amman : de notre envoyé spécial Georges Malbrunot [07 avril 2005]L'Assemblée nationale a élu hier Jalal Talabani président de la République d'Irak. Leader de l'Union patriotique du Kurdistan, il est le premier Kurde à diriger l'Irak, et le premier non-Arabe à devenir président d'un pays arabe, même si à Bagdad le poste est largement honorifique. Le Parlement, issu des élections du 30 janvier dernier, a également désigné les deux vice-présidents, Abdel Mahdi, le ministre sortant des Finances (chiite), et le sunnite Ghazi Yaouar, jusque-là président de la République. «C'est le nouvel Irak», s'est félicité, après le vote, le président du Parlement, Hajem al-Hassani, «un pays qui élit un Kurde, et un président qui accepte de céder sa place pour devenir vice-président».

ImageLe triumvirat prêtera serment aujourd'hui. Selon Talabani, le même jour, Ibrahim Jaafari sera désigné premier ministre par le Conseil présidentiel. Leader du Parti fondamentaliste chiite al-Daawa, il reviendra alors à Jaafari de former le nouveau gouvernement. Sa composition est presque entièrement arrêtée, seuls quelques portefeuilles restent à pourvoir, dont celui du Pétrole que se disputent les partis chiite et kurde, vainqueurs des élections législatives de janvier.

La désignation de Jalal Talabani a été accueillie comme une revanche sur l'histoire dans les provinces kurdes du nord de l'Irak, qui ont longtemps souffert de la dictature baasiste. Les drapeaux kurdes flottaient dans les principales villes du Nord ainsi qu'à Kirkouk, que les Kurdes entendent conquérir pour son pétrole. S'adressant à la Chambre après son élection, Talabani s'est engagé à «déraciner le terrorisme criminel, la corruption et les idées racistes de (Michel) Aflak», l'un des fondateurs du parti Baas auquel appartenait Saddam Hussein. Il a appelé à des «relations équilibrées» avec les pays voisins, auxquels il a demandé de «traiter l'Irak avec respect, de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures, de ne pas aider les terroristes qui mènent une guerre d'extermination contre le peuple irakien». Implicitement visés, l'Iran et la Syrie sont accusés de laisser passer des «terroristes» à leurs frontières avec l'Irak.

Le nouveau président a, en revanche, prôné le dialogue avec «les Irakiens qui portent les armes contre les forces étrangères». «Il y a, selon lui, une ligne séparant les terroristes liés à l'étranger et les Irakiens qui pensent que leurs opérations armées sont dans l'intérêt de l'Irak.» Il vise les groupes sunnites qui alimentent la guérilla et dont l'intégration ou non au processus politique déterminera dans une large mesure le retour à la sécurité à travers le pays.

Sur le terrain, un soldat américain a été tué hier dans la capitale par l'explosion d'un engin piégé contre son convoi. Image