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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 75

9/10/1997

  1. L'EX-DEPUTÉ KURDE, HATIP DICLE, ET LE SOCIOLOGUE TURC ISMAIL BESIKÇI SONT À NOUVEAU CONDAMNÉS PAR LA COUR DE SÛRETÉ DE L'ÉTAT
  2. L'ASSOCIATION DES DROITS DE L'HOMME A RENDU PUBLIC LE BILAN DES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN TURQUIE
  3. LA TURQUIE EST À NOUVEAU AU BANC DES ACCUSÉS À STRASBOURG
  4. LE PARLEMENT TURC ENVISAGE LA LEVÉE DE L'IMMUNITÉ PARLEMENTAIRE DE MME. ÇILLER
  5. LA TURQUIE NE DEMANDE PAS L'EXTRADITION DE L'ASSASSIN PRÉSUMÉ DU DIRECTEUR DU QUOTIDIEN MILLIYET
  6. LE PREMIER MINISTRE TURC, M. YILMAZ, RENTRE TRIOMPHALISTE APRÈS SA VISITE À BONN


L'EX-DEPUTÉ KURDE, HATIP DICLE, ET LE SOCIOLOGUE TURC ISMAIL BESIKÇI SONT À NOUVEAU CONDAMNÉS PAR LA COUR DE SÛRETÉ DE L'ÉTAT


La Cour de Sûreté d'État d'Ankara a condamné, le 8 octobre, l'ex-député du parti de la démocratie (DEP) Hatip Dicle, qui purge déjà avec Leyla Zana et deux autres députés du DEP une peine de 15 ans de prison, et Ismail Besikçi, qui lui aussi croupit dans les geôles turque depuis une quinzaine d'années et accumule des peines allant à plus de deux ans de prison, à un an de prison et à une amende de cent millions de livres turques. La Cour leur reproche d'avoir fait de "la propagande séparatiste" dans le livre collectif "Le panorama des droits de l'homme en Turquie", édité par la l'Association turque des droits de l'homme. Par ailleurs, la Cour a décidé de différer la date du procès des anciens responsables de l'Association, tenus pour éditeurs du "livre séparatiste", en vertu de la loi 4304 permettant de proroger jusqu'à trois ans le procès et la condamnation des responsables de l'édition.



L'ASSOCIATION DES DROITS DE L'HOMME A RENDU PUBLIC LE BILAN DES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN TURQUIE


L'Association turque des droits de l'homme (IHD) vient de rendre public le bilan des violations des droits de l'homme des mois septembre et août en Turquie. Ce bilan se présente comme suit:

-Meurtres non élucidés: 13 -Exécutions extrajudiciaires, morts à la suite de tortures subies, morts en garde à vue: 21 -Actions à l'encontre des civils: 38 morts, 97 blessés. -Disparitions à la suite des gardes à vue: 9 -Nombre de personnes torturées : 76 -Nombre de personnes placées en garde à vue: 3762 -Détenus pour délit d'opinion: 118 -Nombre de journalistes placés en garde à vue: 35 -Amendes et demandes de condamnations: 139 ans et 2 mois / 1milliard 200 millions de livres turques.



LA TURQUIE EST À NOUVEAU AU BANC DES ACCUSÉS À STRASBOURG


Les plaintes à l'encontre de la Turquie ne cessent d'accroître auprès de la Cour européenne des droits de l'homme. Condamnée il y a à peine une semaine par l'instance européenne, pour le viol et la torture d'une jeune kurde- l'affaire Sükran Aydin- les autorités turques sont à nouveau à l'ordre du jour de la Commission européenne des droits de l'homme. Une délégation de cette Commission s'était rendue à Ankara, le 29 septembre dernier, afin de procéder à l'instruction de trois nouvelles affaires. A ce titre la délégation a écouté la défense présentée par les autorités turques et les différents témoignages concernant l'instruction.

Le 24 juin 1993, Nasir Ilhan avait saisi la Commission, en accusant la Turquie d'avoir brûlé son village et de l'avoir battu et torturé, pendant sa garde à vue; son frère, Abdullatif Ilhan, contraint à quitter son village vers le district d'Aytepe à la suite de la destruction de sa maison par les autorités turques. Pour sa défense, l'État turc a reconnu la descente effectuée à Aytepe par les militaires, le 26 décembre 1992, mais a riposté en prétendant que les plaignants, dont Abdullatif Ilhan et son frère, avaient caché "des séparatistes dans leur maison".

La seconde affaire concerne Abdullah et Cemile Sarli, placés en garde à vue, le 25 décembre 1993, à la suite d'une autre descente militaire dans le village d'Ulusoy (district de Tatvan-Bitlis). Le père, Ahmet Sarli, toujours sans nouvelle de ses enfants malgré les différentes démarches effectuées auprès des autorités, avait eu recours à la Commission le 23 juin 94. La Turquie avait soutenu pour sa défense, que les enfants Sarli avaient été enlevés par le PKK.

La Commission s'intéresse en troisième lieu au village d'Alaca, dans la province de Diyarbakir, brûlé par des militaires turcs. La requête qui a été présentée le 5 avril 1994 par Mehmet Emin Akdeniz et huit autres plaignants a été jugée recevable le 3 avril 1995. Les autorités turques ont nié, dans cette affaire, avoir effectué une quelconque opération dans la région de Kulp-Alaca et ont prétendu que l'exode de ces villageois était la conséquence de la répression exercée par le PKK.



LE PARLEMENT TURC ENVISAGE LA LEVÉE DE L'IMMUNITÉ PARLEMENTAIRE DE MME. ÇILLER


M. Oltan Sungurlu, ministre turc de la justice, a annoncé, jeudi 2 octobre, que le parquet de Samsun était chargé d'instruire l'affaire concernant les propos tenus par Tansu Çiller, au cours d'un meeting de son parti à Samsun. Mme Çiller avait déclaré que le Premier ministre turc était "un caporal sans honneur" déchaînant ainsi la colère des milieux politiques et militaires. Sungurlu a déclaré que la suite de l'enquête permettra de savoir si l'Assemblée nationale doit être saisie pour une éventuelle levée d'immunité de Mme Çiller.



LA TURQUIE NE DEMANDE PAS L'EXTRADITION DE L'ASSASSIN PRÉSUMÉ DU DIRECTEUR DU QUOTIDIEN MILLIYET


Mesut Yilmaz, alors qu'il était dans l'opposition, accusait le gouvernement de coalition à dominante islamiste d'uvrer pour étouffer le scandale de Susurluk. Aujourd'hui les mêmes accusations sont portées à son encontre concernant l'affaire de Yalçin Özbey. Ce dernier n'est autre que l'assassin présumé d'Abdi Ipekçi, directeur de la rédaction du quotidien populaire Milliyet, assassiné en 1978. Il est également l'un des organisateurs de l'attentat perpétré contre le Pape Jean Paul II. Recherché par l'Interpole depuis dix-neuf ans, Yalçin a été arrêté le 30 septembre, par la police bruxelloise qui en a immédiatement averti les autorités turques. Cependant la Turquie s'est gardée de demander son extradition malgré les informations fournies par la Belgique.

Joseph Copain, procureur général chargé de l'affaire, a affirmé qu'Ankara avait été informé qu'il pourrait prolonger la garde à vue de cet individu en cas de demande d'extradition de la part des autorités turques. En raison du silence du ministère turc de l'Intérieur, Yalçin a été remis en liberté et il aurait immédiatement quitté la Belgique pour l'Allemagne.



LE PREMIER MINISTRE TURC, M. YILMAZ, RENTRE TRIOMPHALISTE APRÈS SA VISITE À BONN


Le Premier ministre Mesut Yilmaz a été chaleureusement accueilli à Bonn, lors de sa visite officielle du 30 septembre au 1er octobre, par son homologue allemand le chancelier Helmut Kohl. Les deux chefs de gouvernement se sont entretenus durant deux heures, passant en revue divers sujets concernant les deux pays- la question sensible étant la candidature de la Turquie à l'Union européenne- L'Allemagne, longtemps hostile à l'entrée de celle-ci dans la communauté, a, à cette occasion, déclaré soutenir entièrement le gouvernement turc dans sa démarche; les Turcs doivent renoncer, en échange, à la liberté de circulation accordée aux citoyens européens dans le cadre du traité de Maastricht. M. Yilmaz n'a pas manqué d'ajouter que cette exigence était temporaire et que ce point serait revu ultérieurement, après l'accession de la Turquie dans l'Union. D'autre part, M. Yilmaz s'est engagé à améliorer non seulement la situation économique, mais également la question des droits de l'Homme et la démocratisation du pays qui jusqu'alors faisaient obstacle à la candidature turque. Le chancelier Kohl a de plus souligné une nécessaire amélioration, pour l'avenir, des relations gréco-turques, faisant référence à ce propos au problème chypriote. Au cours d'une conférence de presse, le Premier ministre Yilmaz a fait part de sa satisfaction et a souligné que la décision finale sera prise lors du sommet de Luxembourg, réunissant les quinze pays de l'Union, au mois de décembre prochain. Par ailleurs, après divers entretiens du Premier ministre turc avec d'autres leaders politiques européens, une autre rencontre germano-turque aura lieu au mois de novembre.

La presse turque a qualifié de "grande victoire" la visite à Bonn de M. Yilmaz, tandis que les commentateurs allemands sont restés plus prudents.