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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 33

23/5/1996

  1. EXÉCUTION SOMMAIRE D'UN CIVIL KURDE À VAN
  2. UN VENDEUR DE JOURNAUX ABATTU PAR LA POLICE À ISTANBUL
  3. LA TURQUIE; UN DES PAYS QUI PRATIQUE LE PLUS LA TORTURE DANS LE MONDE
  4. UNE NOUVELLE "DISPARITION" EN TURQUIE
  5. LA REQUÊTE D'UN SYNDICALISTE TURC JUGÉE RECEVABLE PAR LA COMMISSION EUROPÉENNE DES DROITS DE L'HOMME
  6. LE PRIX INTERNATIONAL DE CATALOGNE 1996 REMIS À YACHAR KEMAL
  7. UNE MISSION DE PARLEMENTAIRES ALLEMANDS AU KURDISTAN
  8. NOUVELLE GRÈVE DE LA FAIM DANS LES PRISONS TURQUES
  9. LA VISITE À BONN DU PREMIER MINISTRE TURC
  10. ATTENTAT CONTRE LE PRÉSIDENT DEMIREL
  11. LES MALHEURS DE TANSU ÇILLER (SUITE)
  12. LES RUSSES TENTÉS PAR LA CARTE KURDE?


EXÉCUTION SOMMAIRE D'UN CIVIL KURDE À VAN


Un homme âgé de 45 ans, Nazim Balik, marié et père de 10 enfants a été abattu dans la soirée du 17 mai vers 21h dans le quartier Xaçort de Van par des policiers. Son cadavre criblé de balles a été retrouvé le lendemain dans le sous-sol de son immeuble. Selon le quotidien Politika du 21 mai qui cite les témoignages des voisins, N. Balik rentrait d'une visite chez l'une de ses filles et pour se protéger des tirs d'une patrouille de police il s'est réfugié dans le sous-sol de l'immeuble. Les policiers l'ont poursuivi et abattu sur place. La victime n'avait pas de casier judiciaire ni activité politique. Pour sa défense, la police de Van a affirmé qu'il n'avait pas répondu aux sommations de la patrouille et que celle-ci avait trouvé son comportement "suspect".

UN VENDEUR DE JOURNAUX ABATTU PAR LA POLICE À ISTANBUL


Le 14 mai un lycéen, Irfan Agdas, 17 ans, vendeur de l'hebdomadaire Kurtulus a été abattu à bout portant par des policiers en civil dans la banlieue Alibeyköy d'Istanbul. D'après les témoins cités par le quotidien Politika du 16 mai, vers 20h deux policiers en civil munis d'armes automatiques ont d'abord pourchassé le jeune vendeur de cette publication turque légale sur environ 150 m, puis ils lui ont tiré dans le dos. Alors que des passants tentaient de venir en aide à ce jeune gisant dans son sang au milieu de ses journaux éparpillés, les policiers les ont dispersés sous la menace de leurs armes puis jeté le blessé dans leur véhicule pour le conduire à l'hôpital. I. Agdas n'a pas survécu à ses blessures. Après ce meurtre perpétré devant tant de gens plusieurs centaines d'habitants du quartier sont descendus dans la rue aux cris de "police assassine ! " Mais les panzers de la police ont encerclé tout le secteur et imposé le couvre-feu.

LA TURQUIE; UN DES PAYS QUI PRATIQUE LE PLUS LA TORTURE DANS LE MONDE


Pour dénoncer la pratique de la torture dans le monde, la branche anglaise d'Amnesty International a lancé une campagne, mardi 22 mai, par la publication d'un rapport intitulé "Un clin d'oeil sur l'enfer". Le rapport dénonce la torture dans 40 pays et se focalise sur 5 pays, dont la Turquie, présentés comme "des cas d'exemple".

Alors que les diplomates occidentaux déclarent que la situation des droits de l'homme est en amélioration croissante depuis les années 80, les organisation de défense des droits de l'homme turques sont d'un avis différent. Akin Birdal, président de l'Association turque des droits de l'homme "ne voit pas de lumière au bout du tunnel". Et ajoute "Il n'y a rien qui porte à croire que les choses ont changé. En réalité, cela devient pire. Des gens qui doivent être punis pour des crimes atroces, ils deviennent parlementaires et même ministres". Par ailleurs, les Centres de Soins mis en place par la Fondation turque des droits de l'homme pour venir en aide aux victimes de la torture sont déclarés illégaux par les autorités et leurs responsables sont poursuivis par la justice turque.

Amnesty International dans la partie de son rapport consacrée à la Turquie cite le cas d'un Kurde, Ali Ekber Kaya, de Dersim, dans les termes suivants :"Une fois la police m'a dit "si on savait que tu avais autant d'amis à l'étranger, on se serait débarrassé de toi il y a longtemps". C'est pourquoi j'ai un peu peur...Si je n'avais pas été adopté par Amnesty, je ne serais pas en vie maintenant. Ils m'ont une fois demandé ce que je pensais du fait que qu'ils me torturent, j'ai répondu ce que vous penseriez si vous étiez à ma place. Alors ils ont gardé le silence".

UNE NOUVELLE "DISPARITION" EN TURQUIE


Dans une campagne lancée par la branche stambouliote de l'Association turque des droits de l'homme (IHD), le 14 mai, sur les "disparitions" intitulée symboliquement "Où est-t-il Talat Türkoglu ?", le nom d'une personne "disparue" depuis le 1er avril. Talat Türkoglu a "disparu" alors qu'il était dans les locaux des forces de sécurité à Istanbul, en garde-à-vue. Depuis, sa femme et ses proches sont sans nouvelles du lieu de sa détention. IHD a écrit à tous les ministères concernés afin d'élucider ce cas, dénoncé comme pratique courante en Turquie par l'Association humanitaire. Peine perdue, aucune suite n'a été donnée à leur démarche par les autorités. Dans un communiqué adressé à la presse, IHD écrit notamment: "Nous nous adressons encore une fois à l'État et nous lui demandons où est Talat Türkoglu? Vous qui nous gouvernez, jusqu'à quand garderez-vous le silence sur cette affaire? Jusqu'où allez-vous continuer cette politique de "disparition" érigée en politique officielle de l'État? Jusqu'à quand allez-vous continuer à violer le droit de vos opposants à la vie et leur droit de comparaître devant des tribunaux indépendants? ".

LA REQUÊTE D'UN SYNDICALISTE TURC JUGÉE RECEVABLE PAR LA COMMISSION EUROPÉENNE DES DROITS DE L'HOMME


M. Munir Ceylan, président du syndicat des travailleurs du pétrole, avait été condamné en mai 1993 à huit mois de prison et à 100 000 livres turques d'amende pour "incitation à la haine raciale" en vertu de l'article 312 du Code pénal turc pour son article paru dans le journal pro-kurde Yeni Ulke en 1991. Le syndicaliste avait notamment écrit dans son article que "Les travailleurs et leurs organisations devraient s'unir aux Kurdes dans l'opposition aux lois anti-terroristes et à la politique du gouvernement turc dans le Sud-Est". M. Ceylan invoque à Strasbourg les articles 9, 10 et 14 de la convention européenne des droits de l'homme, dont la Turquie est signataire, qui garantissent le droit à la liberté de pensée et d'expression et répriment les discriminations fondées notamment sur l'appartenance à une minorité nationale. Sa requête a été jugée recevable, le lundi 12 mai, et devrait être transmise à la Cour européenne des droits de l'homme pour jugement en dernier ressort et sans appel.

LE PRIX INTERNATIONAL DE CATALOGNE 1996 REMIS À YACHAR KEMAL


Ce Prix doté de 80 000 Écus lui a été remis le 17 mai au Palais de la Généralité par le Président catalan Jordi Pujol, par ailleurs grand sympathisant de la cause kurde, en présence de Federico Mayor, directeur général de l'UNESCO. Se présentant comme un écrivain turc d'origine kurde, Yachar Kemal, distingué par le jury catalan pour sa contribution à la culture méditerranéenne, a une nouvelle fois dénoncé "la tragédie vécue par les Kurdes dans mon pays. Pourtant les Kurdes ne demandent à la Turquie que la jouissance des droits universels de l'homme". Dans ses nombreuses interviews avec la presse catalane et espagnole, le célèbre romancier a vivement critiqué "le silence des Occidentaux face à la tragédie kurde". Parmi les précédents récipiendaires du Prix catalan, on remarque notamment l'ancien président allemand Richard Von Werzsacker, le président tchèque Vaclav Havel, le philosophe Karl Popper et le commandant Cousteau.

UNE MISSION DE PARLEMENTAIRES ALLEMANDS AU KURDISTAN


Une mission formée de 6 députés du Groupe Immigration du Parti social démocrate allemand s'est rendue dans les provinces kurdes de Gaziantep et Diyarbakir pour s'informer des conditions de vie, de santé, d'éducation et d'emploi de la population. Elle a été longuement reçue le 19 mai par le maire de Diyarbakir Ahmet Bilgin et rencontré des représentants des organisations socioprofessionnelles locales. A son retour, la mission présentera un rapport à l'usage des députés du SPD.

NOUVELLE GRÈVE DE LA FAIM DANS LES PRISONS TURQUES


Pour protester contre leurs conditions de détention et les circulaires du nouveau ministre turc de la Justice, Mehmet Agar, plusieurs milliers de prisonniers observent actuellement une grève de la faim. Lancé le 27 mars, ce mouvement d'abord tournant affecte maintenant les prisons d'Erzurum, Elbistan, Elazig, Konya, Bursa, Nazili et Istanbul. A Diyarbakir 48 des grévistes observent une grève de la faim illimitée et leur état de santé serait devenu précaire. Dans une déclaration rendue publique le 19 mai "au nom de 10 000 prisonniers du PKK", ceux-ci demandent "la fin des pratiques de torture, d'intimidation et de dépersonnalisation en cours dans les prisons" et dénoncent "le chantage à notre vie publique exercée par l'État turc qui prétend ainsi nous obliger à renier nos valeurs nationales et sociales sacrées". Ils affirment que ces pratiques se sont intensifiées depuis les circulaires des 6, 8 et 10 mai de M. Agar, ancien chef de la police, qualifié de "super-tortionnaire". Les grévistes demandent la révocation de ces circulaires. Par ailleurs, une trentaine de proches des prisonniers observent actuellement une grève de la faim de solidarité dans les locaux de HADEP et l'ODP (parti de la liberté et de la solidarité) à Diyarbakir.

LA VISITE À BONN DU PREMIER MINISTRE TURC


Le Premier ministre turc Mesut Yilmaz a effectué les 16 et 17 mai une visite à Bonn au cours de laquelle il a notamment eu des entretiens avec le Chancelier Kohl, le Président Herzog et le ministre des Affaires étrangères K. Kinkel. Destinée à relancer les relations germano-turques, cette visite a souffert de l'invalidation par la Cour constitutionnelle d'Ankara, le 14 mai, du vote d'investiture du gouvernement turc. C'est donc un Premier ministre à l'autorité et à l'avenir incertains que les dirigeants allemands ont reçu. Le problème kurde a occupé une part substantielle de ces entretiens bilatéraux. Le Chancelier Kohl a rappelé que l'Allemagne était attachée à "une solution du problème kurde dans la paix, par des moyens civils et non pas militaires". Il a interrogé M. Yilmaz sur "les mesures concrètes" que son gouvernement envisage pour mettre en oeuvre sa politique déclarée d'une "solution civile du problème du Sud-Est". Selon le quotidien Milliyet du 18 mai, le Premier ministre turc n'a donné aucune indication précise à ce sujet, se contentant d'une déclaration d'intention générale: "Une solution sera trouvée dans le cadre de la structure unitaire de l'État turc et de son intégrité territoriale. Il s'agit avant tout du développement de la démocratie qui concerne tous les citoyens. Le problème fondamental des gens du Sud-Est est l'emploi et des mesures économiques et sociales d'envergure seront prises rapidement. Dans le même temps nos forces de sécurité poursuivront jusqu'au bout leur lutte contre la terreur du PKK". M. Yilmaz avait déjà tenu le même langage dans son intervention à l'hebdomadaire Der Speigel du 13 mai.

Cette approche économiste traditionnelle a jusqu'ici été contre productive. Le Conseil des ministres turc se réunit ce dimanche 26 mai à Diyarbakir sous la présidence du Président Demirel et on verra alors quelles sont "les mesures économiques et sociales d'envergure" envisagées par les Turcs. La conclusion le 20 mai à New York d'un accord entre l'Irak et les Nations unies sur la vente pour 2 milliards de dollars du pétrole irakien dont le revenu sera utilisé pour l'achat de nourriture et de médicaments pourrait, espère-t-on à Ankara, injecter un peu d'argent frais dans l'économie anémiée de la région. En attendant, le seul résultat concret de la visite de M. Yilmaz à Bonn semble être le renforcement de la coopération germano-turque contre le PKK. Cette question a occupé une partie de l'entretien Kohl- Yilmaz auquel le ministre allemand de l'Intérieur M. Kanther a assisté. Ankara demande l'expulsion vers la Turquie des activistes du PKK, Bonn y semble favorable, au moins pour ceux mêlés à des actions violentes, mais cette question relève de la compétence des gouvernements des Landes.

De plus en plus impliquée dans le conflit kurdo-turc, y compris sur son territoire, l'Allemagne, principale alliée européenne de la Turquie, souffre aussi de ne pas disposer à Ankara d'un interlocuteur civil ayant un véritable pouvoir de décision et ouvert aux préoccupations démocratiques de l'Europe. Commentant cette carence chronique dans une émission de télévision ARD et ZDF, Udo Steinbach, président de l'Institut d'orientalisme, déclarait sans enthousiasme : "Mesut Yilmaz est encore le moins pire de nos interlocuteurs".

ATTENTAT CONTRE LE PRÉSIDENT DEMIREL


Le 19 mai, le président turc en visite à Izmit, à environ 200 km d'Istanbul, a fait l'objet d'un attentat manqué. Un homme, vite maîtrisé par des gardes du corps, a tenté de tirer sur lui. La police affirme qu'il s'agit d'un fanatique musulman ayant agi seul tandis que certains journaux y voient une tentative visant à accroître encore l'instabilité politique qui règne en Turquie. En cas de disparition de Demirel, c'est l'ancien chef d'état-major des armées, le général Dogan Gures, élu député sur la liste de Mme. Çiller qui est donné favori pour le poste de président qui, dans le système turc, est élu par le Parlement.

LES MALHEURS DE TANSU ÇILLER (SUITE)


Déjà l'objet de deux enquêtes parlementaires pour corruption et irrégularités dans l'attribution des marchés publics, l'ancien Premier ministre turc est à présent impliqué dans une sombre affaire de fonds secrets. Peu de temps avant de quitter son poste, Mme. Çiller aurait retiré 500 milliards de livres turques (environ 6, 6 millions de dollars). Son successeur M. Yilmaz affirme qu'après enquête auprès des organismes d'État qui sont les récipiendaires habituels de ces fonds (police politique, état-major des armées, ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères) il s'avère qu'aucun d'entre eux n'a reçu la moindre part de cette somme assez considérable pour la Turquie. Le président Demirel dit ignorer de cette affaire. Mme. Çiller invoque le secret défense et affirme que sa révélation va "entraîner la chute du régime et de la Turquie" traite Mesut Yilmaz d'"homme de boue et d'individu peu fiable et irresponsable", menace de censurer le gouvernemnt. Mais la plupart des commentateurs de la presse l'accusent de détournements de ces fonds à des fins personnelles et nombre de députés du parti de Mme. Çiller commencent à la lâcher. A ce jour, deux ministres d'extrême droite, Ayvaz Gökdemir qui avait traité trois présidentes de groupe au Parlement européen de "prostituées" et l'ancien "super-gouverneur" des provinces kurdes Unal Erkan lui ont affiché leur soutien en présentant leur démission le 22 mai. Au delà du caractère délétère de ce règlement de comptes à la turque, on découvre la croissance exponentielles de ces fonds secrets depuis l'accession au pouvoir de Mme. Çiller en juillet 1993. Selon le Milliyet du 14 mars, ces fonds sont passés de 5,2 milliards de livres en 1993 à 234, 1 milliards en 1994, 610 milliards en 1995 et à 6, 1 trillions de livres (80 millions de dollars) en 1996 ! Une croissance concomitante avec le développement de "la guerre spéciale" au Kurdistan. Outre les chefs de police et les commandants servant dans les provinces kurdes les escadrons de la mort chargés de l'assassinat des civils kurdes suspects de "séparatisme" émargeraient à ces fonds. La "sale guerre" du Kurdistan a infesté les principaux rouages de l'administration militaire et civile turque après avoir corrompu le système de valeurs et la morale civique du pays.

LES RUSSES TENTÉS PAR LA CARTE KURDE?


Au cours d'une table ronde organisée, le 21 mai, par le Comité des questions géographiques de la Douma russe, plusieurs intervenants officiels ont plaidé en faveur d'un soutien russe à la cause kurde. L'un d'eux, Alexadre Nevzorov, du ministère des Affaires étrangères , a déclaré: "Nous devons, dans nos relations avec la Turquie, être capables de bien nous servir de la cause kurde et empêcher, grâce à cette carte, toute ingérence turque dans nos affaires intérieures". Le général russe Yuri Efrémof a été plus précis: "Quand à l'état-major de l'URSS nous travaillions sur les plans d'un conflit éventuel avec la Turquie, membre de l'OTAN, nous considérions déjà les Kurdes comme un allié possible en raison de la forte oppression de ce peuple par le régime turc. Il doit également en être de même maintenant. Le Kurdistan tel qu'on voit les frontières naturelles sur les cartes doit devenir un État indépendant. Les Kurdes ne disposent pas actuellement d'armes efficaces mais ils ont en abondance de forces humaines. Bien qu'ils mènent une guerre de guérilla, ils doivent également recevoir des armes lourdes. Nous devons régler la dispute opposant l'Arménie à l'Azerbaïdjan et tirer à nos côtés ces deux États. Nous pourrons alors fournir aux Kurdes une aide en armes via l'Arménie. Car aider les Kurdes c'est nous aider nous-mêmes. Les États-Unis nous font signer le traité de SART-1. La Turquie peut, dans le cadre de l'OTAN, contrôler le Caucase avec un porte-avions naviguant en Mer Noire. Nous pouvons l'en empêcher grâce aux Kurdes"

Au cours de ce débat de 3 heures ont également pris la parole le général Andreï Malakov, de l'état-major du ministère russe de la Défense, Vladimir Pavlovitch, du ministère des relations économiques extérieures et le professeur M. Lazarev de l'Institut d'orientalisme. Aucun de ces officiels n'a voulu répondre à la question directe d'un député: "Les Turcs, dans le cadre de plans secrets de l'OTAN sont en train de franchir le Caucase et parvenir à nos frontières. Et voilà que nous vendons, nous aussi, des hélicoptères au gouvernement turc pour bombarder les Kurdes. Notre gouvernement envisage-t-il de fournir aux Kurdes des armes efficaces ?" L'organisateur du débat, le député Mitrofanov, président du Comité géopolitique du Parlement, a finalement pris sur lui d'y répondre par ce mot: "Le marché aux armes ne reste pas vide. Si ce n'est nous qui vendons, d'autres vont le faire. Si les Kurdes en veulent nous pouvons leur vendre également des armes !"

C'est la première fois depuis la fin de l'URSS que dans une réunion tenue au Parlement même avec la participation des officiels l'éventualité d'un soutien russe aux Kurdes de Turquie est publiquement évoqué. En faisant l'impasse sur les légitimes revendications d'identité et de culture des Kurdes et en accordant un soutien inconsidéré à leur allié turc les Occidentaux vont finir par jeter une large fraction des Kurdes dans les bras de la Syrie, de l'Iran et de la Russie.