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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 277

27/11/2003

  1. LEYLA ZANA ET SES COLLÈGUES SAISISSENT À NOUVEAU LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME POUR DÉNONCER LA PARTIALITÉ DE LA JUSTICE TURQUE ET LA MAIRIE DE PARIS APPORTE SON SOUTIEN AU COMBAT DES DÉPUTÉS EN DÉMARRANT LA PROCÉDURE DE CITOYENNETÉ D’HONNEUR POUR LEYLA ZANA
  2. TROIS TURCS, SOUPÇONNÉS D’IMPLICATION DANS L’ATTENTAT SUICIDE FAISANT CINQ MORTS À KIRKOUK, ARRÊTÉS PAR LES PESHMERGAS
  3. L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ DU KURDE EMPÊCHÉ SOUS DE FAUX PRÉTEXTES ET LES LETTRES “ W, Q, X ” CONDAMNÉES POUR LA PREMIÈRE FOIS PAR UN JUGE TURC
  4. AFFRONTEMENT ENTRE DES MILITANTS DU PKK ET L’ARMÉE TURQUE ET ARRESTATION ET EXTRADITION DE SEPT MEMBRES DU PKK PAR LES AUTORITÉS IRANIENNES
  5. LU DANS LA PRESSE TURQUE


LEYLA ZANA ET SES COLLÈGUES SAISISSENT À NOUVEAU LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME POUR DÉNONCER LA PARTIALITÉ DE LA JUSTICE TURQUE ET LA MAIRIE DE PARIS APPORTE SON SOUTIEN AU COMBAT DES DÉPUTÉS EN DÉMARRANT LA PROCÉDURE DE CITOYENNETÉ D’HONNEUR POUR LEYLA ZANA


La Cour de sûreté de l’Etat d’Ankara a, le 21 novembre, procédé à la neuvième audience du procès des anciens députés kurdes du parti de la Démocratie (DEP) et a ajourné la prochaine audience au 16 janvier 2004. Las de la procédure de révision turque qui n’est autre qu’une répétition du premier procès condamné par la Cour européenne des droits de l’homme, Leyla Zana et ses trois collègues emprisonnés ont déposé plainte auprès de la Cour de Strasbourg pour leur maintien en détention lors de leur nouveau procès.

Le juge turc a donc rejeté pour la 9ème fois la demande de libération de Leyla Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak, emprisonnés en 1994. Les anciens députés se plaignent, dans leur demande présentée le 20 novembre à la Cour européenne des droits de l’homme, que la cour favorise l'accusation et néglige les témoignages en leur faveur. “ Nous finissons par croire que la cour ne fera rien pour assurer un procès équitable ”, a déploré Me Yusuf Alatas, l’avocat principal de la défense.

En 2001, la Cour européenne avait estimé que leur procès s'était déroulé de façon inéquitable et les 4 députés avaient vu leur demande de nouveau procès acceptée, dans le cadre du processus de démocratisation mis en œuvre par la Turquie pour intégrer l'Union européenne.

Les quatre ex-députés doivent en principe sortir de prison en juin 2005, par le jeu des réductions de peine prévues par la loi turque.

Par ailleurs, le Conseil de Paris a, le 25 novembre, adopté à l’unanimité le vœu présenté par Mme Khadidja Bourcart l’Adjointe au maire de Paris chargée de l’Intégration et des étrangers non communautaires, concernant la situation de Leyla Zana. Mme Bourcart et le groupe Verts au Conseil de Paris, “ très inquiets du sort de Leyla Zana ”, ont apporté “ leur soutien …) aux députés kurdes emprisonnés dans leur combat pour la démocratie, la liberté et la fraternité ”, et rappelé “ la dimension hautement politique de ce procès ”. Mme Bourcart a demandé au Maire de Paris, Bertrand Delanoe, qu’il “ intervienne auprès des autorités turques ” et a sollicité que “ la citoyenneté d’honneur ” de la ville soit accordée à Leyla Zana.

TROIS TURCS, SOUPÇONNÉS D’IMPLICATION DANS L’ATTENTAT SUICIDE FAISANT CINQ MORTS À KIRKOUK, ARRÊTÉS PAR LES PESHMERGAS


L'Union Patriotique du Kurdistan (UPK) a, le 23 novembre, indiqué l’arrestation de trois Turcs soupçonnés d'implication dans l'attentat suicide perpétré le 20 novembre contre les Bureaux de partis kurdes d’Irak à Kirkouk. “ Nos peshmergas, en collaboration avec le bureau irakien des enquêtes (KBI), ont arrêté trois Turcs soupçonnés d'implication dans l'attentat ”, a déclaré Ramadane Rachid Mohieddine, le numéro deux à Kirkouk de l'UPK en ajoutant que les suspects ont été capturés le jour même de l'attentat près des bureaux visés. “ Les Turcs avaient des passeports turcs et des téléphones satellitaires au moment de leur arrestation ”, a-il- précisé.

Cinq Irakiens, dont trois enfants, ont été tués et plus d'une trentaine de personnes blessées par l'explosion d'une voiture piégée qui a foncé sur un barrage proche des bureaux de l'UPK et du Parti démocratique du Kurdistan (PDK).

Depuis la chute du régime de Saddam Hussein des membres des forces spéciales turques soupçonnés de préparer des attentats afin de déstabiliser le Kurdistan irakien ont été arrêtés à trois reprises. L’arrestation en juillet dernier de 11 d’entre eux par les Américains avait provoqué une véritable crise dans les relations d’Ankara avec Washington.

L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ DU KURDE EMPÊCHÉ SOUS DE FAUX PRÉTEXTES ET LES LETTRES “ W, Q, X ” CONDAMNÉES POUR LA PREMIÈRE FOIS PAR UN JUGE TURC


Le premier cours privé de langue kurde de Turquie n'a toujours pas obtenu l'autorisation officielle, les autorités multipliant les obstacles bureaucratiques. Le dernier prétexte en date est l'absence d'escalier de secours conforme, a précisé Aydin Unesi, le propriétaire de l’établissement. L'escalier existe bien, mais il n'a pas été mentionné dans le dossier de demande d'agrément, selon M. Unesi.

Le cours avait auparavant vu son autorisation refusée parce que les portes étaient trop étroites de cinq centimètres par rapport aux normes en vigueur. “ Je suis de plus en plus convaincu que les cours sont délibérément bloqués parce que les autorités demandent de petites choses ”, a souligné M. Unesi, qui s'est dit déterminé à poursuivre ses démarches jusqu'à ce que le cours démarre “ parce que c'est un droit accordé par la loi ”.

La Turquie, dont l'intégration à l'Union européenne est notamment suspendue à ses progrès en matière de libertés individuelles, a, officiellement, adopté une loi permettant à la population kurde d'étudier sa langue, mais son application ne s'est toujours pas concrétisée, provoquant les critiques de l'UE.

Par ailleurs, un tribunal de Hakkari a, le 21 novembre, rejeté la demande des responsables du DEHAP de la province ayant sollicité la kurdisation de leur prénom en rétorquant que les lettres “ w, q et x ” ne font pas partie de l’alphabet turc. Le procureur général de Hakkari ne s’était pourtant pas opposé en indiquant qu’il n’y avait aucune indication législative contraire mais les juges ne l’ont pas suivi en ce sens.

AFFRONTEMENT ENTRE DES MILITANTS DU PKK ET L’ARMÉE TURQUE ET ARRESTATION ET EXTRADITION DE SEPT MEMBRES DU PKK PAR LES AUTORITÉS IRANIENNES


Neuf combattants kurdes du PKK ont été tués en deux jours d'affrontements avec l'armée turque dans la province d'Ordu, sur le littoral de la mer Noire, a affirmé le 24 novembre l'armée turque en précisant que trois autres militants ont été capturés. La semaine dernière, 14 combattants du PKK avaient été tués dans la province de Bingol lors d'affrontements avec l'armée.

Par ailleurs, sept membres du PKK ont été arrêtés au cours des derniers mois en Iran par la police de la province d'Azerbaïdjan occidental, avait, le 22 novembre, indiqué le chef des garde-frontières de la province iranienne, le colonel Vali Salehi, qui a indiqué que ces derniers, arrêtés depuis mars, ont tous été remis aux autorités turques. “ L'Iran ne permettra pas à ces individus de pénétrer sur son territoire ”, “ pour intensifier le combat contre le PKK ”, trois nouveaux postes ont été installés le long de la frontière, a ajouté V. Salehi

LU DANS LA PRESSE TURQUE


DEPUIS 1950 LE POUVOIR TURC SOUTIENT SANS VERGOGNE LES ISLAMISTES

Au lendemain des attentats contre le consulat britannique et la banque HSBC, faisant au moins 30 morts -dont les deux kamikazes, et les deux attentats suicide contre deux synagogues de la ville cinq jours plus tôt, au total donc 55 morts et plus de 700 blessés, le gouvernement turc refuse toujours de parler de terroristes islamistes et cherche des coupables étrangers en refusant une interrogation de sa politique interne à l’égard des organisations islamistes longtemps choyées par les autorités turques. Bekir Çoskun, journaliste au quotidien turc à grand tirage Hurriyet, dénonce dans ses colonnes du 21 novembre la politique de séduction, de défense et de soutien des autorités turques à l’égard des islamistes radicaux sous le titre de “ Notre tâche est difficile ”. Voici de larges extraits de cet article :

“ Même si la comparaison avec les attentats du 11 septembre aux Etats-unis serait excessive, notre travail s’avère plus difficile que celui des Américains quant aux attentats qui viennent d’être perpétrés.

Puisque nos terroristes ne viennent pas d’ailleurs. Ce sont bien les nôtres. Ils n’ont pas besoin pour perpétrer des attentats d’aller dans un autre pays, de changer d’identité, d’apprendre une autre langue, ou de s’afficher déguisés sous une autre religion. Ils n’ont qu’à sortir de la maison le matin, aller dans le magasin spécialiste en engrais le plus proche, et de commettre l’attentat à la bombe dans l’après-midi.

En plus, celui qui s’est chargé de leur instruction c’est ce même pays

Avec beaucoup d’habilité, les protégeant avec beaucoup d’énergie. D’abord dès la naissance, les pères et mères ont égorgé un ovin et leur ont appliqué le sang avec leur doigt sur leur front. Au lieu des écoles de la République, leur éducation débute dans les cours propres aux sectes. On leur apprend que tous ceux qui ne sont pas comme eux sont des “ mécréants”…

Depuis 1950, ils ont le soutien des différents gouvernements. Les présidents et les gouvernements… En laissant ces établissements dispenser leur enseignement…mais aussi en les finançant sur les fonds secrets. Et puis en prenant officiellement la défense de ceux qui ont brûlé les “ mécréants ” intellectuels, musiciens et écrivains (ndlr : en 1993 les islamistes ont incendié un hôtel à Sivas qui accueillait des intellectuels alévis dont le célèbre humoriste Aziz Nesin. La police turque a empêché le travail des secours). D’autres pour sauver ces terroristes religieux ont décrété des lois d’amnistie comme il y a quelques semaines…

(…)

Les islamistes ont beau chercher les coupables à l’étranger, ces derniers sont parmi nous, sont des nôtres…”.