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Bulletin N° 377 | Août 2016

 

ROJAVA : LA TURQUIE INTERVIENT EN SYRIE POUR CONTRER LES AVANCÉES DES KURDES

L’opération pour reprendre à Daech la ville de Manbij, lancée fin mai par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) avec le soutien de la coalition dirigée par les États-Unis, s’est conclue ce mois-ci: le 1er août, après deux jours d’avance rapide, les FDS ont annoncé avoir repris 70% de la ville, les djihadistes, retranchés dans le vieux centre, en tenant encore des quartiers Nord-Est, des milliers d’habitants piégés dans les combats. Le 6, les FDS contrôlaient la ville à 90%. C’est le 13 que, après la fuite des derniers djihadistes vers Jerablous, à la frontière turque 30 km au nord, les FDS ont annoncé avoir pris le contrôle total de Manbij. Les combattants de Daech ont quitté la ville sans armes, mais en utilisant comme boucliers humains plus de 2.000 civils, ensuite relâchés.

Face à ces avancées des Kurdes du Parti de l’unité démocratique (PYD) et de l’alliance dont ils constituent la composante principale au travers de leurs combattants des YPG et YPJ, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavuşoğlu, a dès le 15 réitéré la demande de la Turquie que les forces kurdes se retirent à l’est de l’Euphrate, déclarant que c’était une promesse américaine. Alors que les FDS ont annoncé le 16 vouloir sceller totalement la frontière syro-turque afin d’empêcher Daech de l’utiliser pour recevoir armes et combattants, la Turquie n’a pas tardé à passer à la vitesse supérieure pour contrer les Kurdes de Syrie. Le 22, quelques heures seulement après qu’un groupe de rebelles syriens aient annoncé la création d’un «Conseil militaire de Jerablous» visant à combattre Daech avec l’appui des FDS, son commandant Abdulsattar Al-Jadr a été assassiné. Le Conseil a annoncé avoir capturé deux suspects et a accusé de ce meurtre le MIT (les services de renseignements turcs). Parallèlement, des rebelles soutenus par la Turquie se sont rassemblés du côté turc de la frontière, attendant d’entrer dans Jerablous, tandis que l’artillerie turque pilonnait la ville et ses environs. Une source de la rébellion a parlé de 1.500 combattants, ajoutant que l’objectif était de «prendre Jerablous et de descendre vers le sud, afin de bloquer toute avancée des Kurdes vers le nord [de Manbij]». Le 24 à 4 h du matin, tanks, forces spéciales et rebelles soutenus par Ankara ont passé la frontière avec le soutien aérien de la coalition anti-Daech, dans le but officiel de nettoyer la frontière de Daech. Cependant, le nom que la Turquie a donné à son intervention, «Bouclier de l’Euphrate», fait plutôt référence à son réel objectif principal: empêcher les Kurdes du PYD de s’installer à l’ouest du fleuve pour relier entre eux leurs «cantons» de Kobanê (à l’est) et d’Afrîn (à l’ouest). Le Premier ministre turc Binali Yıldırım a d’ailleurs déclaré que la région à l’ouest de l’Euphrate devait être nettoyée non seulement des djihadistes de Daech, mais aussi des Kurdes du PYD, une exigence aussi exprimée par le ministre de la Défense Fikri Isik. L’opération semble ainsi avoir visé à prendre les devants d’une éventuelle opération kurdo-américaine sur Jerablous depuis le sud.

Cette intervention militaire a suscité de nombreuses réactions. Si l’opposition syrienne pro-turque l’a évidemment approuvée, les responsables du Rojava ont accusé la Turquie d’agression, ainsi que le ministre syrien des Affaires étrangères, qui a parlé de «violation de souveraineté» (un terme repris en fin de mois par l’Iran), ajoutant que «chasser l’EI pour le remplacer par des groupes terroristes soutenus par la Turquie n’est pas combattre le terrorisme». Le ministre russe des Affaires étrangères s’est dit «extrêmement préoccupé». Une source proche du PYD a déclaré que selon les habitants de Jerablous, l’aspect anti-Daech de l’opération tenait de la mise en scène, les djihadistes n’ayant pas réellement combattu, mais ayant simplement quitté la ville par petits groupes vers… la Turquie, avant d’y revenir vêtus d’autres uniformes! Même si cette information demeure invérifiable, il semble bien que les groupes entrés dans la ville avec le soutien turc comprennent plusieurs factions islamistes voire djihadistes, comme Faylaq Al Sham, Noordin Al Zingi, Jabhat Al Shamia, Liwa Al Fatah, Sultan Murad…

Ces combats entre deux de leurs alliés contre Daech ont visiblement embarrassé les États-Unis, contraints à un «grand écart». Le 25, en visite à Ankara, le Vice-président Joe Biden a déclaré que les Kurdes avaient été informés avant l’opération sur Manbij qu’ils devraient ensuite se retirer de la rive ouest de l’Euphrate, et le Secrétaire d’État John Kerry a fait savoir par téléphone à Mevlut Çavuşoğlu qu’ils avaient bien entamé ce retrait. Les YPG ont de leur côté déclaré avoir transféré le contrôle des territoires pris aux djihadistes au Conseil militaire de Manbij, et leur gestion civile à un Conseil civil, tous deux composés de résidents de la ville, avant de «regagner leurs bases» (sans préciser où se trouvaient celles-ci). Cependant, le même jour, de nouveaux tanks turcs sont entrés en Syrie tandis que les autorités indiquaient que «l’opération militaire continuerait jusqu’à ce que les menaces contre la sécurité du pays soient écartées». Le journal Hürriyet a annoncé que le nombre de militaires turcs impliqués, soit 450, pourrait augmenter jusqu’à 15.000 hommes… Selon l’agence Anatolie, les tanks ont envoyé des «coups de semonce» sur les positions des YPG au sud de Jerablous. Le 27, le Conseil Militaire de Jerablous, soutenu par les États-Unis et les FDS, a confirmé des bombardements à l’artillerie, puis des frappes aériennes sur ses bases près de la ville, parlant d’«escalade dangereuse et sans précédent». Au même moment, le Département d’Etat américain a rappelé qu’il considérait les FDS comme un partenaire «fiable» dans la lutte contre Daech, et qu’il continuerait à les soutenir – y compris les combattants kurdes des YPG, «composante critique» des FDS. Le lendemain, des accrochages au sol se sont produits entre combattants kurdes et rebelles soutenus par la Turquie, donnant lieu aux premières pertes turques de l’opération «Bouclier de l’Euphrate»: un soldat tué et trois blessés. Le 28, alors qu’une manifestation se tenait à Kobanê pour avertir la Turquie de ne pas y tenter d’incursion militaire, l’Observatoire syrien des droits de l’homme a annoncé qu’au moins 40 civils avaient été tués et 75 blessés dans des bombardements turcs en partie nocturnes sur Jab al-Koussa et Al-Amarneh, 8 km au sud de Jerablous. L’armée turque a répondu avoir éliminé 25 «terroristes kurdes» du PKK. Les avions et l’artillerie turcs ont également bombardé la région d’Afrîn.

Le 29, Brett McGurk, envoyé spécial du Président américain pour la coalition anti-Daech, a déclaré que les combats entre militaires turcs et combattants des FDS étaient «inacceptables» et a appelé toutes les parties concernées à les arrêter pour se concentrer sur «l’ennemi commun et mortel»: Daech. Le président français a lors d’une conférence aux ambassadeurs exprimé une position similaire. Enfin, le 30, lors d’une conférence de presse au Pentagone, le Secrétaire à la Défense Ash Carter a encore appelé la Turquie à cesser de frapper les combattants kurdes pour se concentrer sur Daech. Le Vice-conseiller à la sécurité de la Maison Blanche Ben Rhodes a quant à lui déclaré que poursuivre ces frappes contre les YPG allait rendre plus difficile la constitution d’un front commun contre Daech. Le même jour, une source anonyme au Pentagone a déclaré à l’AFP que les YPG s’étaient bien retirés à l’est de l’Euphrate, et que si des Kurdes étaient restés à l’ouest du fleuve, ils n’appartenaient pas aux YPG. De leur côté, les YPG ont nié avoir envoyé des renforts à Manbij, déclarant que les seuls renforts des FDS arrivés dans la ville n’étaient pas des combattants kurdes. Seule réponse turque aux demandes américaines, le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin, a déclaré que «Les Etats-Unis devraient réviser leur politique de soutien à tout prix aux forces kurdes».
Le 31, un responsable de la Défense aux États-Unis a annoncé qu’un accord de cessez-le-feu informel avait été accepté par la Turquie et les Kurdes de Syrie. Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a déclaré que Washington était satisfait de l’arrêt des combats «entre différentes factions anti-Daech». Un porte-parole des YPG a confirmé l’accord, mais la Turquie a gardé le silence, avant que le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, n’en nie l’existence, ajoutant que certains éléments du PYD étaient demeurés à l’ouest de l’Euphrate de manière «inacceptable» – un adjectif qu’il a également utilisé à propos des critiques américaines de l’opération turque.

HASSAKEH: REGAIN DE TENSION ENTRE PYD ET REGIME SYRIEN

Si le Rojava a été attaqué au nord par l’armée turque, au sud-est, les Kurdes se sont aussi confrontés ce mois-ci aux forces du régime syrien: le 17, des combats ont éclaté à Hassakeh entre Asayish (forces de sécurité kurdes) du PYD et milices pro-gouvernementales. Comme à Qamishlo, où des combats semblables avaient éclaté en avril dernier, Hassakeh, qui compte des quartiers kurdes à l’est et des quartiers arabes (majoritaires) au sud, est en majorité contrôlée par  les Kurdes, avec quelques points tenus par les loyalistes de Bachar El-Assad. Les affrontements auraient commencé après une avancée des Asayish vers le sud et l’attaque par des miliciens pro-régime d’un de leurs points de contrôle dans le quartier de Newsha, dans le sud-est de la ville. Le lendemain, deux avions de l’armée de l’air syrienne ont bombardé des positions des Asayish dans les quartiers nord de la ville. C’était la première fois en cinq ans de guerre civile que le régime utilisait son armée de l’air contre les Kurdes. Le 19, les Kurdes ont pourtant annoncé avoir poursuivi leur avance dans les quartiers sud. Après de nouvelles frappes aériennes syriennes le 20, les États-Unis ont averti le régime de «rester à l’écart de Hassakeh», et ont même envoyé leurs propres avions protéger leurs conseillers au sol. Malgré la tenue de discussions avec la médiation d’une délégation militaire russe entre Kurdes et représentants du gouvernement, les combats ont repris le 21, le régime ayant refusé de retirer ses milices de la ville, opposant à cette demande une proposition de désarmement des deux camps, à son tour refusée par les Kurdes. Selon l’OSDH, les combats ont fait au moins 43 morts dont 27 civils et 11 enfants, et des milliers d’habitants ont fui la ville. Des témoignages ont fait état d’une nouvelle avancée des Kurdes dans le sud de la ville suivie d’une trêve négociée par l’intermédiaire des Russes, avec la restitution au régime de certaines positions. Cependant, une source militaire kurde a nié tout accord, et le 22 dans la nuit, les YPG ont lancé une attaque d’envergure sur le quartier arabe de Ghweiran puis sur Neshwa. Le 23, après de violents combats, ils ont pris la prison centrale de Hassakeh, située dans Ghweiran, et ont annoncé contrôler 90% de la ville. Après une semaine d’affrontements, grâce à de nouvelles discussions tenues dans la base côtière de Hmeimim avec une médiation militaire russe, les deux camps ont conclu une trêve qui prévoit l’échange de prisonniers et le retrait des forces armées de la ville.

TURQUIE: LA LOGIQUE DES ARMES VA-T-ELLE L’EMPORTER?

Depuis la tentative de coup d’État de juillet, les cercles de répression s’élargissent toujours plus en Turquie: plus de 80.000 membres de l’armée, de l’administration, des systèmes judiciaire ou éducatif ont été inculpés, emprisonnés ou suspendus. Le 1er du mois, ce sont les médecins de l’hôpital de l’académie militaire de Gulhane, à Ankara, qui ont été visés par une enquête, soupçonnés d’avoir facilité l’incorporation de gülenistes en leur délivrant des rapports médicaux positifs, tout en bloquant les non-gülenistes… Le 9, le ministre de la Justice, Bekir Bozdağ, a chiffré à 16.000 le nombre de personnes arrêtées, plus 6.000 en détention provisoire et 7.768 autres en cours d’instruction. Il faut de la place pour garder autant de gens en prison: le 17, a été annoncée la libération sur parole de 38.000 prisonniers de droit commun… alors que 2.360 officiers de police accusés de «gülenisme» étaient limogés par décret.

Le gouvernement a saisi l’opportunité d’étendre sa répression à tous ses opposants, et d’abord à ceux le moins susceptibles d’avoir partie liée avec les gülenistes qu’il accuse du coup: alors que le Président turc a exclu le parti «pro-kurde» HDP des rencontres post coup d’État organisées avec l’opposition, on a appris début août qu’il avait retiré ses plaintes personnelles contre les députés du CHP et du MHP… mais pas contre le HDP. Dès le 3, des arrestations de membres du HDP et d’étudiants ont eu lieu lors de raids de police à Antalya, et le 11 la police a annoncé avoir lancé des raids sur dix bureaux du HDP dans tout le pays pour rechercher la «structure urbaine» du PKK. A Istanbul, le raid a visé plusieurs bureaux, dont celui  de Beyoğlu, attaqué à trois heures du matin avec le soutien d’un hélicoptère! 17 personnes ont été arrêtées et accusées de «participation à une organisation terroriste». La campagne de fermeture violente par les Forces spéciales d’organes de presse (130 déjà fermés) s’est aussi poursuivie, se concentrant contre les journaux ou agences kurdes. Le 16, après qu’un tribunal ait ordonné sa fermeture pour «propagande pour le PKK», le journal Özgür Gündem a subi un raid. Déjà visé par d’innombrables procédures judiciaires, ce journal diffusé à 7.500 exemplaires avait le tort d’être à la fois de gauche et pro-kurde. 23 personnes ont été molestées, arrêtées et emmenées au département anti-terroriste de la police d’Istanbul – incluant des visiteurs venus en soutien. Les journalistes de la chaîne d’opposition IMC qui couvraient l’événement, ont également été interpelés en plein reportage et leurs caméras confisquées. Des attaques semblables ont visé d’autres organes de presse: le 30, les Forces spéciales ont attaqué le bureau de l’agence de presse kurde Dijle News Agency (DIHA) à Hakkari, et le même jour à Diyarbakir, c’est le journal Azadiya Welat qui a subi un raid où 23 employés ont été arrêtés ainsi que quatre visiteurs. Créé en 1992, Azadiya Welat a toujours été harcelé: l’un de ses distributeurs à Adana a été assassiné en octobre 2014 (un meurtre pour lequel personne n’a jamais été inquiété), et tout récemment l’un de ses journalistes, Rohat Aktaş, a trouvé la mort à Cizre en couvrant les combats entre combattants kurdes et militaires turcs.

Concernant les opérations militaires, la période de calme relatif ayant suivi la tentative de coup d’État n’a pas duré. Après que le commandant du PKK Cemil Bayik ait annoncé début août une intensification des attaques contre les forces turques, le cycle de violence a repris dans toutes les régions kurdes du pays, mais aussi, ce qui est nouveau, dans des régions où les Kurdes ne sont pas majoritaires. Attaques du PKK et frappes des militaires, avec parfois imposition de nouveaux couvre-feux «anti-civils», l’arme favorite des militaires, se sont répondues sans fin durant tout le mois d’août: le 1er du mois, il a été annoncé que deux attaques de la guérilla kurde, l’une sur la côte de la mer Noire et l’autre à Hakkari, avaient fait 4 morts parmi les soldats turcs le 31 juillet. La liste se poursuit en une triste litanie: le 2 août, 5 policiers tués et 4 gravement blessés dans une explosion de mine à Bingöl, le 8, frappes aériennes turques dans la province de Siirt ; le 10, 3 soldats tués et 10 autres blessés à Beytüşşebap, dans la province de Şırnak, par une bombe déclenchée au passage de leur convoi; à Uludere, 5 soldats tués et 8 blessés par des tirs de roquette venus du côté irakien de la frontière… Le 11, 5 civils ont été tués à Diyarbakir dans une attaque à la bombe, et 12 personnes blessées dont 5 policiers. A Kiziltepe, dans la province de Mardin, une autre attaque a tué deux civils et un policier et blessé 15 autres personnes. Le 15, 2 officiers et un enfant ont été tués et 25 personnes, dont 5 policiers, blessées par une bombe à un point de contrôle à la sortie de Diyarbakir sur la route de Batman, détruisant le bâtiment de la police. Le 18 au soir, le quartier général de la police à Van a été la cible d’une attaque à la bombe qui a selon le gouverneur de la province fait 3 morts civils et 40 blessés, dont 2 policiers. Selon le PKK, des sources locales ont fait état de 20 morts parmi les policiers et de 20 civils tués, les policiers ayant tiré au hasard vers les civils après l’explosion. Le même jour, 3 soldats et gardes de village ont été tués et 6 blessés près de Bitlis par une mine visant leur convoi. Mais l’attaque la plus meurtrière du 18 août demeure celle du quartier général de la police à Elazığ par une bombe placée dans le jardin du bâtiment: au moins 120 blessés et des dizaines de tués. Le PKK a déclaré que 105 officiers avaient été tués et 155 autres blessés.

Dans ce contexte délétère, le HDP, tentant de briser ce cycle infernal de violences, a multiplié propositions de démocratisation, condamnations de la violence et appels à la paix. Alors que le gouvernement l’a exclu de la Commission parlementaire devant préparer les changements constitutionnels, il a publié le 10 une «Feuille de route pour la démocratisation» proposant entre autres la rédaction en commun d’une constitution pluraliste, la garantie de droits égaux à tous les citoyens quelles que soient leur religion ou appartenance ethnique, une approche participative de la gestion des territoires impliquant leurs habitants, un soutien au développement social, politique et économique des femmes, le refus de l’usage de la violence dans le pays, et afin d’y mettre fin, «l’ouverture de négociations avec ceux qui utilisent des armes pour demander leurs droits»… Après les attaques à la bombe à Diyarbakir et Mardin, le HDP a réitéré son appel à «stopper immédiatement l’effusion de sang et la violence et [à] prendre des mesures pour résoudre les problèmes par les pourparlers et la négociation». Son co-président, Selahattin Demirtaş, critiquant la déclaration de Bayik, a appelé le PKK à redoubler ses efforts pour parvenir à un règlement pacifique du conflit. Puis, après les attentats du 18, le Bureau exécutif du HDP a fait part de ses condoléances à toutes les victimes et demandé de nouveau à tous de «faire preuve de raison et [de] s’abstenir d’actions qui risquent de rendre la situation encore plus conflictuelle». Cependant, le 20, le Premier ministre Binali Yıldırım a exclu toute reprise du processus de paix avec le PKK, déclarant refuser d’«entrer en dialogue avec une organisation terroriste», et le 22, le PKK a subordonné toute négociation à la levée du strict isolement de son leader emprisonné, d’Abdullah Öcalan, interdit de journaux et de toute visite, y compris de ses proches. Le même jour, de nouveaux accrochages ont eu lieu près d’un poste de contrôle à Nazimiye, au Dersim (province de Tunceli). Un soldat et une militante PKK ont été tués, et trois policiers blessés. Un couvre-feu a été décrété sur la ville tandis que des renforts et un hélicoptère étaient envoyés. Le 26, le PKK a revendiqué une attaque au camion suicide contre le QG de la police anti-émeute à Cizre. L’explosion, qui a totalement détruit la façade du bâtiment, a selon le gouvernement fait parmi les policiers 11 morts et 75 blessés plus 3 victimes civiles ; le PKK a publié le 29 son propre bilan de 118 policiers tués et 152 blessés. Le 28, l’aéroport de Diyarbakir a été provisoirement fermé après avoir été frappé par quatre tirs de roquettes qui n’ont pas fait de victimes.

Si les forces de sécurité turques ont été particulièrement visées durant ce mois, les civils kurdes ont aussi payé un lourd tribut. Outre les nombreuses arrestations d’opposants kurdes et certaines disparitions extrêmement inquiétantes – comme celle du responsable du DBP (Parti démocratique des régions) Hursit Kulter, dont on est sans nouvelles depuis le 26 mai, date de sa probable arrestation à Şırnak – un nouvel attentat anti kurde a été perpétré tard le samedi 21 à Gaziantep, une ville située 60 km au nord de la frontière syrienne et connue comme un fief de Daech. L’attaque suicide à la bombe, qui visait la noce d’un membre du HDP, a fait 51 morts et 94 blessés. Le gouvernement a d’abord déclaré que le porteur de bombe était un enfant de 12 ans, avant de faire machine arrière et de déclarer n’avoir aucune idée de l’identité du responsable. Dès la nouvelle de l’attentat, le co-président du HDP, Selahattin Demirtaş, s’est rendu sur place pour visiter les familles des victimes. Dans un discours prononcé avant de prendre l’avion à l’aéroport de Diyarbakir, il a lancé au gouvernement un vibrant appel à la paix: «Tout d'abord je voudrais lancer au gouvernement un appel sincère. Nous l’avons déjà dit lors de Surüç et des autres massacres: certaines forces ont pénétré l’appareil d’État – comme cela s’est révélé de manière très douloureuse dans la nuit du 15 juillet. Ces forces ne veulent pas que nous nous parlions les uns aux autres, que nous fassions la paix ensemble. [...] La meilleure façon de nous venger de ces gens qui commettent des meurtres de masse, de ces sauvages, c’est de mener le pays vers la paix. […] Faisons-le, engageons-nous tous dans un effort […] pour partager, pour lier nos douleurs. Commençons d'abord par faire nos mariages ensemble, nos funérailles ensemble, joignons nos douleurs et nos condoléances. Et à partir de là, nous pourrons joindre nos cœurs».

Mais Demirtaş a également demandé au Premier ministre une enquête sur les défauts de sécurité ayant permis une telle attaque – des défauts, a-t-il déclaré, «organisés par ces mêmes personnes qui ont récemment tenté un coup d’Etat», faisant écho à l’accusation de négligence lancée par le PKK à l’encontre du gouvernement, responsable de ces morts pour avoir laissé sans réagir Daech s’installer à Gaziantep. Le lendemain, le HDP a publié un communiqué précisant ces accusations: «Cette attaque ressemble aux attentats qui ont pris pour cible notre parti en juin 2015 à Adana, Mersin et Diyarbakır, ainsi que celles du 20 juillet 2015 à Surüç et du 10 octobre à Ankara. […] Le Gouvernement a autorisé la transformation progressive de Gaziantep en repaire de djihadistes et n'a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher [l’organisation de telles attaques]. Il est tout à fait significatif que cette attaque contre un mariage kurde se soit produite précisément le soir ou l’Union des Communautés du Kurdistan [KCK, aile politique du PKK], a déclaré souhaiter négocier avec le gouvernement turc pour arriver à une solution. Il faut relever que la dernière fois que le KCK avait annoncé vouloir relancer les pourparlers de paix, le 10 octobre 2015, 2 kamikazes avaient attaqué la gare d'Ankara. [Suite à cet attentat] et à la diffusion d’images de carnage dans tout le pays, toute discussion sur la paix et sur une solution était devenue impossible […]».

La question demeure de savoir si le gouvernement turc n’a pas toléré voire soutenu la présence de djihadistes susceptibles de l’assister dans sa lutte devenue obsessionnelle contre les Kurdes.

KURDISTAN D’IRAK: APRÈS DAECH, QUEL STATUT POUR LES TERRITOIRES DITS CONTESTÉS?

La préparation de l’opération visant à reprendre Mossoul à Daech se poursuit. Les avions irakiens ont de nouveau largué des tracts sur la ville, incitant les habitants à s’abriter, demeurer chez eux et s’éloigner des positions des djihadistes. Le 12, les réparations du pont de Khazir sur le Grand Zab, entre Erbil et Mossoul, ont commencé en prévision de l’attaque – le pont avait été détruit par les djihadistes à l’été 2014 dans leur retraite après leur tentative de prendre Erbil. Le 14, une importante opération impliquant des milliers de pechmergas a débuté pour se rapprocher de Mossoul. Soutenues par des frappes aériennes de la coalition anti-Daech, les forces kurdes parties de Makhmour et Khazir ont entamé des bombardements d’artillerie sur des villages kurdes et arabes proches de Mossoul et tenus par les djihadistes. Cette opération constitue en fait le début du grand encerclement de Mossoul préalable à l’offensive pour reprendre la ville. Le 15, les pechmergas ont repris une quinzaine de villages au Sud-Est de la ville.

Mais à Bagdad comme à Erbil, les dirigeants se posent déjà clairement la question de l’«après-Daech»: qui contrôlera les territoires repris? Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a été jusqu’à demander aux pechmergas durant une conférence de presse de «rester là où ils se trouvent» et ne pas prendre le contrôle de nouveaux territoires! Le porte-parole du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) Safîn Dizayî a répondu le 18 que les pechmergas continueraient à avancer «jusqu’à ce que tous les territoires du Kurdistan se trouvant dans la province de Ninawa [celle de Mossoul] soient libérés», et ne se retireraient pas des zones déjà libérées. Autre question, celle du commandement des troupes impliquées dans l’opération: le 20, le porte-parole du Département d’Etat américain, Mark Toner, a déclaré que pour une bonne coordination, les pechmergas y participant devraient être placés sous commandement irakien. Le ministre des Pechmergas a immédiatement répondu qu’ils demeureraient sous commandement du GRK, ajoutant que le gouvernement central n’avait jamais voulu ni payer leurs soldes, ni même participer à leur formation ou à leur équipement… Aux termes de l’accord conclu entre le GRK et les États-Unis, les soldes des pechmergas participant à l’opération seront d’ailleurs payées par une aide financière américaine. Le 21, peut-être pour faire baisser la tension, le bureau de la Présidence du Kurdistan a publié un communiqué spécifiant que «la Région recherchera un accord politique entre tous les participants à l’opération sur Mossul sur la manière dont la province sera administrée après qu’elle aura été reprise à Daech, et […] respectera tous les accords conclus avec le gouvernement irakien et les forces de la coalition». Reste à savoir cependant si un tel accord politique pourra être conclu préalablement à l’opération…

Autre question devenue très sensible politiquement, celle des personnes déplacées par les combats. Les Kurdes ne peuvent oublier les politiques d’arabisation menées à leur encontre par Saddam Hussein, et ce souvenir alimente leur soupçon que Bagdad pourrait utiliser les déplacés pour modifier la composition ethnique de territoires qu’ils considèrent comme leurs. Le GRK s’attend à ce que l’offensive sur Mossoul provoque la fuite de 500.000 personnes vers sa Région, qui avec une population normale d’environ 4,5 millions d’habitants, héberge déjà près de 2 millions de personnes déplacées, ajoutant aux difficultés économiques déjà considérables auxquelles est confronté le Kurdistan... Quant aux déplacés, en majorité des arabes sunnites, ils se plaignent de l’absence d’aide du gouvernement irakien aussi bien pour survivre sur place que pour regagner leurs lieux d’origine. Le 29, Hassan al-Jabouri, un membre du Conseil arabe sunnite de Kirkouk, s’est ainsi plaint à la chaîne de télévision kurde Rûdaw des déficiences du gouvernement central (dominé par les chiites), reprochant à celui-ci de ne pas remplir ses obligations morales et de se préoccuper d’abord de l’appartenance confessionnelle (sunnite) des déplacés...

En fait, les sunnites eux-mêmes sont inquiets de se voir exclure de la gestion de leurs propres territoires une fois que Daech en aura été chassé. Le 2, Saadun Afandi, membre du Conseil arabe sunnite de Kirkouk, a annoncé que celui-ci avait soumis à Massoud Barzani une liste de 5.000 combattants pour créer sous le commandement du ministère des Pechmergas une… brigade sunnite, qui pourrait contrôler les zones sunnites de la province une fois celles-ci reprises à Daech. Le fait que la Haute commission électorale irakienne ait pour la troisième fois en 15 ans exclu Kirkouk des élections provinciales «pour des raisons liées à la situation politique de la ville» n’est pas non plus fait pour rassurer les résidents. Le gouverneur de Kirkouk, le Dr. Najmaddin Karim, s’est montré particulièrement choqué que la Commission ait par ailleurs autorisé l’ouverture dans la province de bureaux de vote pour les déplacés venant d’autres gouvernorats, et a déclaré qu’il n’autoriserait aucune ouverture si les résidents de la province ne pouvaient pas eux-mêmes participer aux élections. La question de la participation aux élections dans la province est là encore compliquée par les années de politique d’éviction des Kurdes et d’arabisation menée par l’ancien régime, qui rendent difficile de décider qui peut être considéré légitimement comme résident de la province…

Cependant, dans la province de Sulaimaniya, qui compte 36.500 familles de déplacés d’Al-Anbar, dans la ville même et dans six camps aux alentours, l’enregistrement de ceux souhaitant rentrer chez eux a débuté le 3 ; des hommes étaient souvent allés vérifier en éclaireurs si le reste de la famille pouvait revenir. Mais les autorités de la province s’attendent à ce que ces départs soient largement compensés par de nouvelles arrivées en provenance de Mossoul: du 5 au 7 août, la province voisine de Salahaddin a déjà dû accueillir 120.000 personnes, et du 17 au 24, Kirkouk a reçu 1.500 nouveaux déplacés.

Autre point de tension entre Bagdad et Erbil: le pétrole et le paiement des exportations du territoire (notamment celui de Kirkouk). Les discussions à ce propos se poursuivent depuis des mois, donnant lieu à des déclarations alternativement positives (annonce d’un prochain accord) et négatives (pas d’aboutissement). L’arrivée aux affaires le 16 d’un nouveau ministre du Pétrole irakien, Jabbar Al-Luaibi, a donné lieu à une flambée d’optimisme sur les possibilités d’arriver à un accord, qui reprenait l’idée d’un partage des revenus en vertu duquel le GRK recevrait 17% du budget fédéral en échange de l'exportation de 550.000 barils de pétrole par jour vers le port de Ceyhan en Turquie par l’intermédiaire du SOMO (State Organization for Marketing Oil, l'organisation irakienne chargée de l’exportation du pétrole). Mais en fin de mois, le 29, après une une réunion entre le Premier ministre du GRK Nechirvan Barzani et le Premier ministre irakien Haider Al-Abadi, un communiqué commun déclarait que «des discussions allaient reprendre » entre les deux ministères du pétrole à propos des différends concernant l’exploitation du pétrole… Le 30, le Premier ministre irakien réitérait sa demande que le GRK exporte son pétrole seulement par l’intermédiaire de Bagdad en échange du paiement de sa part de 17% du budget fédéral, tandis que le même jour, la SOMO mettait sur «liste noire» trois tankers ayant participé à l’exportation de pétrole par le Kurdistan…

On a donc fait du sur place, à l’exception peut-être de Kirkouk: le 8, Rebwar Talabanî, président du Conseil provincial de Kirkouk, annonçait que la province avait reçu du GRK depuis décembre 2015 pour son pétrole 50 millions de dollars, correspondant à 2 dollars par baril exporté. Jusqu’à fin juin, ces paiements étaient faits par le gouvernement central, mais ensuite ils étaient dûs par le GRK, en vertu d’un accord Bagdad-Erbil sur les exportations de pétrole de la province de Kirkouk par l’intermédiaire de la région du Kurdistan. Puis, en fin de mois, Rûdaw a annoncé un accord: 150.000 barils par jour seront exportés de Kirkouk vers Ceyhan conjointement et à parts égales par Bagdad et Erbil, les deux partenaires payant chacun la moitié des salaires du personnel et des fonctionnaires de la province.

A contrario
, l’étrange nouvelle suivante a été annoncée le 13 août: l’Irak devrait rapidement installer des postes de contrôle douaniers avec le Kurdistan! Cela fait suite au refus du GRK d’entériner la «Loi d’unification douanière» qui prévoit que Bagdad contrôlera l’ensemble des postes de douane, y compris ceux situés aux frontières extérieures du GRK…

IRAN: EXÉCUTIONS DANS LES PRISONS ET MEURTRES PAR LES FORCES DE SÉCURITÉ

Le 2 août, une vingtaine de prisonniers kurdes ont été exécutés par pendaison pour «terrorisme». Plusieurs organisations des droits de l’homme ont critiqué ces exécutions, accusant les autorités d’avoir fait usage d’accusations fabriquées à l’encontre de ces prisonniers politiques. Selon Amnesty International, avec au moins 977 personnes exécutées en 2015, l’Iran est le premier pays sur la liste mondiale des exécutions, loin devant le Pakistan (320 exécutions) et l’Arabie Saoudite (158). D’autres sources parlent de l’exécution de 20 personnes dont 10 Kurdes accusés d’avoir attaqué les forces de sécurité.

Parmi les suppliciés, se trouve Shahram Amadi, arrêté en avril 2009 par des Gardiens de la révolution à Sanandadj, exécuté dans la prison de Rajayî Shahr. Amadi a toujours déclaré que les faits qui lui étaient reprochés résultaient d’aveux obtenus sous la torture. Sa famille n’a pas été autorisée à le voir avant son exécution, et a été informée de sa mort sur la route de Téhéran. Amadi a été condamné à mort pour moharabeh – c’’est-à-dire littéralement «inimitié avec Dieu» – une  accusation imaginaire souvent utilisée dans le cas de prisonniers islamistes sunnites ou appartenant à des organisations laïques. Amadi a été accusé d’appartenir à un groupe djihadiste sunnite et d’avoir eu en sa possession des armes de guerre, alors qu’il a été arrêté alors qu’il était désarmé, et blessé lors de son arrestation. Le responsable de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies a émis de sérieux doutes quant au respect des règles du droit et à la justice des procès ayant mené à ces condamnations à mort. Le 7, c’est Shahram Amîrî, un scientifique nucléaire kurde de Kermanshah, qui a été condamné à mort pour trahison au profit des États-Unis et exécuté. Puis le 9, six nouveaux prisonniers kurdes ont été exécutés, dont un prisonnier politique, Mohammed Abdolahi, arrêté en mai 2010 par la sécurité d’Urmiye et accusé d’avoir participé aux activités du parti kurde Komala.
Par ailleurs, le Kurdistan d’Iran (Rojhelat) étant particulièrement défavorisé sur le plan économique, le gouvernement central ne lui attribuant que très peu d’investissements, de nombreux Kurdes ne trouvent de travail que dans le passage illégal de la frontière avec l’Irak pour faire passer des marchandises. Ces porteurs de charges, appelés «kolbars», fréquemment très jeunes, sont depuis toujours les cibles des forces de sécurité iraniennes, qui les considèrent comme des contrebandiers et n’hésitent pas à les abattre. Le 11 août, l’un de ces kolbars, âgé de 19 ans, originaire du Kurdistan d’Irak, a été mortellement blessé par des pasdaran (Gardiens de la révolution) à la frontière iranienne près du point de passage de Shabadin. Touché alors qu’il se trouvait du côté irakien de la frontière, le jeune homme est mort de ses blessures à l’hôpital de Sulaimaniya. Le 28, à l’initiative du Komala, plusieurs partis politiques kurdes d’Iran ont soumis une demande aux ministères des Affaires étrangères de plusieurs pays européens pour demander justement à ces pays de tenter d’obtenir de l’Iran l’arrêt des abus contre les kolbars, ainsi qu’une une répartition plus juste des investissements entre provinces iraniennes. La demande faisait référence à l’article 48 de la Constitution iranienne, qui stipule qu’«il ne doit pas y avoir de discrimination entre les différentes provinces concernant l’exploitation des ressources naturelles, l’utilisation des fonds publics, et la distribution des activités économiques entre les différentes provinces et régions du pays, afin de permettre à chaque région d’accéder au capital et aux services qui lui sont nécessaires en rapport à ses besoins et à sa croissance». Les peuples non persans de l’Iran, qui forment la majorité de la population du pays, se plaignent depuis longtemps d’être économiquement discriminés par le gouvernement central en raison de leur identité ethno-linguistique ou religieuse (sunnite).

Enfin, le 11, l’Iran a de nouveau pilonné avec son artillerie certains villages du Kurdistan d’Irak proches de la frontière, près de Sidakan, dans le district de Soran, au NE d’Erbil, obligeant à évacuer certains résidents, tandis que des hélicoptères militaires iraniens ont également survolé la zone. Des bombardements avaient déjà eu lieu le 26 juin, toujours pour le même motif selon l’Iran: bombarder des bases du Parti Démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI), qui a annoncé en mai dernier la reprise de la lutte armée contre le régime.

DOHOUK: UN JOURNALISTE KURDE RETROUVÉ MORT

Le journaliste kurde Wedat Hussein Ali, 28 ans, travaillant pour l’agence de presse Roj, proche du PKK, enlevé à Dohouk, a ensuite été retrouvé mort le 13 sur la route Dohouk-Semel, son corps portant des traces de torture. L’agence Roj a souligné que le journaliste avait été arrêté à plusieurs reprises par la sécurité locale, dépendant du PDK. A Erbil, le groupe PDK au Parlement kurde a demandé une enquête, qualifiant ce meurtre de «dangereux». La famille de Wedat a le 15 accusé du meurtre les forces de sécurité de la ville, qui ont déclaré être au contraire très préoccupées de l’événement. La Commission Indépendante pour les droits de l’homme de la Région du Kurdistan a dénoncé le kidnapping et le meurtre du jeune journaliste et demandé une enquête approfondie, tandis que le consulat britannique au Kurdistan faisait le même jour une demande identique. Le porte-parole de la Présidence de la Région, Omed Sabah, a indiqué que le Président avait appelé la famille du journaliste pour exprimer ses condoléances et avait ordonné une enquête. Le 16, le vice-représentant spécial des Nations-Unies en Irak, Gyorgy Busztin, a condamné le meurtre en termes sévères et a appelé le GRK a mettre en œuvre des mesures d’urgence pour assurer la sécurité de tous les journalistes et professionnels des médias. Des manifestations ont eu lieu à Erbil en protestation contre ce meurtre. L’organisation Reporters sans frontières a également condamné le meurtre le 17, de même que la Fédération internationale des journalistes, basée à Bruxelles. Le 25, HRW a demandé une enquête complète sur cette mort.