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Bulletin N° 304 | Juillet 2010

 

TURQUIE : POURSUITES DES AFFRONTEMENTS ENTRE LE PKK ET l’ARMÉE

Tout le mois de juillet les accrochages meurtriers se sont poursuivis entre le PKK et l’armée turque. Le 1er juillet, 11 ou 13 combattants du PKK auraient ainsi perdu la vie dans un affrontement avec une unité de militaire, selon l’agence de presse Anatolie.

Du côté turc, 2 soldats ont perdu la vie ainsi que 3 membres des milices « gardiens de village ». Les autorités turques pointent du doigt le commandement militaire du PKK réfugié dans le mont Qandil au Kurdistan irakienne, régulièrement pilonné par l'aviation turque. Elles critiquent aussi l’insuffisance de l’aide américaine dans leur lutte contre le PKK, comme l’explique Sinan Ogan, directeur du centre de recherche Turksam.

Depuis l’affaire de la flottille humanitaire turque vers Gaza, qui a gravement compromis les relations turco-israéliennes et le refus d’Ankara de voter des sanctions contre l'Iran à l'Onu, les relations entre les Etats-Unis et la Turquie connaissent un certain refroidissement, selon les observateurs. Ainsi, le sous-secrétaire d'Etat américain adjoint Philip Gordon a directement interpellé la Turquie sur « sa loyauté envers Washington ».

Mais le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a nié ces crispations tout en reconnaissant des divergences de vue, "Cela ne veut pas dire qu'il y a un problème". Cependant, le même jour, le vice-Premier ministre, Cemil Ciçek, déclarait que la Turquie attendait « davantage » des Américains, dans la lutte contre le PKK : « Nous voulons une coopération plus déterminée, au-delà du mécanisme tripartite (Turquie-USA-Irak)" mis en place en 2007 contre les rebelles. » La Turquie exige aussi que les Etats-Unis « livrent » les dirigeants du PKK basés au Kurdistan irakien, et qu'ils fassent pression sur le gouvernement kurde d’Erbil pour que ce dernier encercle totalement les bases du PKK, même si dans la réalité ces deux exigences relèvent du domaine de l’impossible.

En visite à Toronto pour le sommet du G20, M., Recep Tayyip Erdogan, rencontrant Barack Obama s’est plaint du retard dans les informations fournies à l'armée turque par les drones américains, informations qu’il réclame « en temps réel ». S’exprimant sous couvert d’anonymat à l’AFP, un diplomate turc confirme cette doléance : « C'est simple, nous demandons aux Américains de nous fournir plus d'informations sur le PKK en Irak et ils en ont tous les moyens. » Une liste de 248 membres du PKK, dont les commandants militaires Murat Karayilan, Cemil Bayik et Duran Kalkan, a même été remise aux Américains, aux Irakiens et aux Kurdes, demandant qu’ils soient livrés "dans les plus brefs délais" aux autorités turques, selon le journal turc Radikal. La Turquie souhaite aussi une opération conjointe pour ces captures.

Plus spécifiquement, lors d’un passage à la télévision, le chef d'état-major turc, le général Ilker Basbug, a plus violemment accusé les Kurdes d’Irak « d'inaction contre le PKK », relançant le spectre d’une autre incursion militaire au Kurdistan d’Irak. En attendant, l’aviation turque pilonne fréquemment des positions du PKK, dans la zone de Khakurk et de Qandil, située dans la région autonome kurde, sans que cela ait un grand effet sur la fin des attaques. De sa prison d’Imrali, le leader du PKK, Abullah Öcalan, a une fois de plus appelé Ankara à négocier avec son mouvement armé, en réclamant aussi une reconnaissance des droits des Kurdes de Turquie dans la Constitution, un statut d'autonomie, ainsi que la libération des membres du BDP ou suspectées d’être du PKK, arrêtées lors des dernières rafles policières. Autrement, Öcalan a indiqué que la lutte du PKK loin de cesser, ne ferait que s’intensifier.

De fait, d’autres attentats ou attaques ont eu lieu par la suite. Ainsi le 19 juillet, un engin explosif, placé sur le bord d'une route a fait sauter un véhicule militaire près de la ville de Cukurca, (province de Hakkari). Une autre attaque, survenue le 20 juillet, a fait 15 morts parmis les soldats, alors que des renforts avaient été envoyés à Cukurca après l’attaque contre le véhicule militaire.

Autre signe de désenchantement après les espoirs suscités par « l’initiative kurde » initiée par Erdogan, un certain nombre de personnes composant le « groupe de paix » qui avaient traversé la frontière irako-turque est retourné en Irak. Ces 34 "envoyés de la paix", 30 adultes --huit militants du PKK et 22 « sympathisants « avaient d’abord été laissés en liberté, mais ont été accusés ensuite de liens avec le PKK, risquant jusqu’à 20 ans de prison. Dix d'entre eux ont été mis en détention et leur procès s’est ouvert en juin dernier. "Nous avons tendu la main, mais nous nous sommes heurtés au vide", a déclaré le porte-parole de ce groupe cité par l’agence Firat. Le ministre turc de la Justice, Sadullah Ergin, questionné par la presse, a déclaré ne rien savoir de certain sur ce retour en Irak, tout en le regrettant : "Nous avons reçu des informations dans ce sens, J'aurais souhaité qu'ils restent dans ce pays pour contribuer aux efforts de paix du gouvernement ».

Pour sa part, le chef militaire des forces du PKK, Murat Karayilan, a confirmé, dans un entretien à la BBC, les propos d’Öcalan, en précisant, qu'il ordonnerait à ses hommes de déposer les armes « sous supervision de l'ONU » si la Turquie acceptait un cessez-le-feu, en brandissant pour la première fois depuis des années la menace de « l’indépendance »: "Si le problème kurde est résolu de façon démocratique via le dialogue, alors oui, nous déposerons les armes. Mais "si le gouvernement turc refuse d'accepter cela, nous devrons proclamer l'indépendance" du sud-est turc, où opère le PKK.

Seul signe de détente politique, le parlement turc a voté, le 22 juillet une loi limitant l’emprisonnement des enfants kurdes qui avaient été arrêtés pour avoir lancé des pierres sur les forces de l’ordre, lors de manifestations. Des centaines d’entre eux, certains âgés de 12 ans, avaient été condamnés à la prison de jeunes, malgré les protestations d'organisations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International. La nouvelle loi prévoit une amnistie pour les mineurs emprisonnés : "Environ 190 mineurs actuellement en prison devraient sortir... Et des milliers d'autres actuellement jugés devraient bénéficier de cette loi", a déclaré à l'AFP le député kurde Bengi Yildiz. Les mineurs coupables de participation à une manifestation interdite ou convaincus de délits énoncés dans la loi antiterroriste iront dans des maisons de redressement, et non plus en prison. Seuls les « récidivistes » et ceux pris avec des armes continueront de risquer des peines d’emprisonnement, mais ne pouvant plus dépasser six années. Enfin, ces enfants et adolescents ne seront plus jugés par des tribunaux pour adultes.

SYRIE : ARESTATIONS EN MASSE, MYSTÉRIEUSE ÉPIDÉMIE PARMI LES CONSCRITS KURDES.

Les forces syriennes ont arrêté 400 personnes début juillet, toutes kurdes, dans un vaste coup de filet comprenant les villes d’Alep, de Qamishlo, d’Afrin, Hassaké et Raqqa. C’est l’agence turque Anatolie qui s’est fait l’écho de cette nouvelle, alléguant qu’il s’agissait de membres appartenant au PKK, affirmation démentie par les organisations et associations kurdes syriennes. Les charges pesant sur les détenus vont de la collecte illégale d’argent au séparatisme et à la volonté de « diviser la Syrie ». L’agence turque a même indiqué que 11 membres du PKK ont été tués dans des affrontements avec les forces syriennes.

Mais l’association « International Support Kurds » basée en Syrie a dès le lendemain, 2 juillet, démenti ces affirmations, indiquant que les 400 Kurdes arrêtés l’avaient été en raison des derniers événements du Newroz, notamment à Raqqa, où les Kurdes célébrant le Nouvel An avaient été attaqués par les autorités syriennes, et non en un seul coup de filet, mais en plusieurs vagues d’arrestations. Certaines de ces personnes ont été relâchées depuis. De plus, selon Newaf Khalil, journaliste et analyste de la politique kurde en Syrie, la plupart des Kurdes arrêtés sont soupçonnés non d’appartenance au PKK, mais à un autre parti, le PYD.

Quant aux onze morts mentionnés par Anatolie, ils relèvent, selon le journaliste, de la pure invention, ou bien d’une manœuvre de la part de l’AKP, visant à persuader l’opinion publique turque qu’il agit au niveau régional pour combattre le PKK en dehors de ses frontières.

Par ailleurs, si le motif des arrestations est contesté par les Kurdes syriens, la répression est elle, bien réelle. Amnesty International a une fois de plus interpellé le président syrien sur le sort de 52 prisonniers dont on est sans nouvelles, après une révolte en détention qui a coûté la vie à 22 personnes, dans la prison militaire de Saydnaya 2 ans auparavant. Malcolm Smart, directeur d’Amnesty pour le Moyen-Orient a ainsi déclaré que les autorités syriennes devaient renseigner les familles des prisonniers sur leur état, leur lieu de détention, voire leur décès, et les circonstances de ces décès. Selon un rapport de police, les violences avaient commencé du fait de neuf prisonniers islamistes attaquant les gardiens pour s’emparer de leurs armes et de leurs téléphones portables, afin d’alerter leurs familles et les organisations internationales sur leurs conditions de détention. Au moins 17 prisonniers et 5 militaires seraient morts.

Les persécutions contre les Kurdes de Syrie prennent aussi la forme d’expropriations. Ainsi des fermiers kurdes de Dêrik ont été obligés de signer des feuilles blanches qui ont servi à annuler toute possibilité de réclamer les terres qu’ils exploitaient, une fois que l’État les aurait confisquées et soustrait à toute activité agricole. Le texte de la cessation des terres comporte aussi la mention que ces actes ont été signés sans contrainte et que les paysans étaient en pleine possession de leurs moyens physiques et mentaux. En fait, les fermiers kurdes ont fait état de menaces s’ils refusaient de signer, notamment celle d’être accusés d’appartenance à une organisation illégale, comme le PKK, le PYD ou la Confédération du Kurdistan occidental, ou bien de se voir refuser, pour leurs enfants, l’accès à la scolarisation et aux universités.

Enfin, une suite de morts mystérieuses affecte les conscrits syriens d’origine kurde depuis des mois. Plusieurs appelés sont en effet morts dans le nord de la Syrie, alors qu’ils servaient sous les drapeaux, les circonstances de leurs décès demeurant inexpliquées. Devant l’insistance des familles et des associations, les militaires syriens ont finalement invoqué la possibilité d’une « épidémie » et annulé plusieurs enrôlements de jeunes soldats. Une association kurde affirme dans une déclaration que 10 recrues ont été ainsi hospitalisées le 12 juillet dans un hôpital de Qamishlo et que leur état serait critique. Sans réellement apporter de précisions sanitaires, d’autres officiels syriens ont par ailleurs admis que la soi-disante épidémie serait plutôt due à un épuisement sévère, aggravé par la canicule qui frappe toute la région, et divers maux comme la dysenterie, pouvant être aussi causés par la déshydratation et la dénutrition. « Il y a beaucoup de suppositions concernant les raisons de ces maladies, certains accusent les vaccins donnés aux nouveaux soldats, qui sont peut-être défectueux. D ‘autres attribuent la cause au climat qui aurait provoqué une vague d’insolations et de fièvres. D’autres parlent aussi de contamination par l’eau et la nourriture, tout cela ne concernant que les militaires, et non des civils » a ainsi déclaré le porte-parole de l’association Kurdistan occidental, aoutant que le diagnostic des médecins est difficile à établir en raison de la pauvreté de leur équipement et des moyens des laboratoires. Au moins 14 soldats, tous des nouvelles recrues, auraient ainsi perdu la vie, dans les hôpitaux militaires de Harasta et Teshrin.

KURDISTAN D’IRAK : POLÉMIQUE SUR UNE EXPORTATION CLANDESTINE DE PÉTROLE

Un hebdomadaire d’opposition, Rozname, a publié le 20 juillet un article accusant les deux partis au pouvoir de toucher des pots-de-vin dans une contrebande de pétrole destinée à l’Iran. Estimant cette accusation sans fondement, le Parti démocratique du Kurdistan, dirigé par le président kurde Massoud Barzani a porté plainte pour « diffamation » contre le journal Rozname, en réclamant un milliard de dollars de dommages et intérêts.

L'Observatoire de la liberté de la presse en Irak a fait part de sa « préoccupation » en soulignant que c’est « la somme la plus importante jamais exigée dans l'histoire de la presse en Irak ».

Rozname, fondé en 2007, appartient au chef du parti d'opposition Goran Nauchirwan Moustafa, affirme en effet que "ce trafic rapportait des millions de dollars aux deux partis traditionnels le PDK et l'Union patriotique du Kurdistan". Le secrétaire du PDK, Fazel Mirani, a également réclamé l’interdiction de sortie du territoire du journaliste à l’origine de l’article, Sirwan Rachid, ainsi qu’au rédacteur en chef d’une autre revue, Azad Jalak. "Nous avons décidé d'ester en justice et de demander des compensations au journal car il nous accuse de corruption. Il doit apporter les preuves de ce qu'il avance et s'il n'en a pas c'est notre droit de demander des indemnités", a déclaré un responsable du bureau politique de PDK.

À l’origine de l’affaire, c’est un article du New York Times qui a fait part, le 8 juillet d’une possible contrebande de pétrole avec l'Iran, information relayée par l’AFP dont un correspondant signalait sur la route de Bashmakh, 150 camions-citernes attendant de passer la frontière iranienne, en violation de l’embargo. En réaction à l’article du New York Times, le gouvernement kurde a fait une déclaration publique, le 11 juillet, réfutant ces accusation et affirmant que la Région n’exportait pas de pétrole brut mais seulement des produits pétroliers lourds fournis par ses trois raffineries, inutilisables au Kurdistan et dont le stockage peut avoir des conséquences sur l’environnement.

L’activité des raffineries kurdes est autorisée par la loi sur les hydrocarbures votée en 2007 par le parlement irakien et que le surplus de ces produits pétroliers. Le GRK a cependant admis que du pétrole raffiné en dehors du Kurdistan, dans les autres régions irakiennes, pouvait être exporté clandestinement via ses propres frontières et a promis une série de mesures afin d’y mettre un terme.

Déjà mis en cause par la presse d’opposition dans des affaires de corruption, le ministre des Ressources naturelles du Kurdistan, Ashti Hawrami, dans une interview accordée au journal Rudaw, s’explique longuement sur cette affaire. Ainsi, il nie avoir été en désaccord avec le Premier ministre Barham Salih sur cette question et avoir organisé clandestinement des ventes de pétrole à l’Iran. Selon le ministre, ces ventes se situent dans un cadre légal, celui de la Constitution, et ont été approuvées par le président Barzani. Les accusations du New York Times seraient à mettre en rapport avec le conflit qui oppose Bagdad et Erbil depuis le début, sur la gestion et l’exploitation des ressources pétrolières kurdes et que les affirmations du parti Gorran, notamment celles du député Mala Nuri, membre du parti Gorran, sont sans fondement.  « Le pétrole brut du Kurdistan n’est pas exporté. Parfois les gens confondent pétrole brut et produits pétroliers. Donc, si il [Mala Nuri] parle de pétrole brut, il se trompe. »

Quant aux revenus tirés de la vente des produits pétroliers, le ministre kurde affirme qu’ils sont reversés sur un compte du ministère des Finances, compte bloqué en attendant que le conflit avec Bagdad soit résolu. Il affirme également que les ventes vers l’Iran se sont faites légalement et que le gouvernement central en était informé, comme l’exige la loi sur le pétrole, ce que nie Hussein Sharistani Jihad, le ministre irakien du Pétrole, connu pour ses relations très conflictuelles avec la Région kurde, via son porte-parole Assem Jihad. Ce dernier a même menacé de soustraire du budget alloué à la Région du Kurdistan les revenus que le GRK tirerait de ces ventes. Interrogé sur cette possible rétorsion, Ashti Hawrami a déclaré laconiquement : « Nous avons notre propre gouvernement et notre propre parlement et nous prenons nos propres décisions. »

Abdullah Mullah Nuri, député du parti Gorran ne se dit pas surpris que cette affaire envenime davantage les relations entre le gouvernement fédéral et le Kurdistan, avant d’ajouter qu’il croyait que ces allégations de contrebande étaient largement véridiques : « Il y a toujours eu des tensions entre le gouvernement central et le Kurdistan au sujet du pétrole. Dès lors que l’information d’un trafic est révélée, elle devient un élément du conflit. Les relations entre Erbil et Bagdad deviendront plus compliquées et tous les politiciens vont vouloir user de cet atout en leur faveur. Même les USA pourraient se servir de ce problème pour faire pression sur les Kurdes. »

Des experts politiques estiment que le prochain gouvernement – dont la formation est encore incertaine – pourrait profiter de cette affaire pour réformer l’actuelle loi sur le Pétrole et réguler la distribution des revenus tirés des ressources naturelles dans tout l’Irak, Kurdistan compris. Cependant, les résultats des dernières législatives ayant amené les deux principales coalitions sunnites et chiites arabes au coude à coude, un accord peine à être trouvé pour former un gouvernement de coalition viable, et les Kurdes toutes tendances comprises disposant de 63 sièges au Parlement ont un rôle clef à jouer dans les négociations pour la formation d’un futur gouvernement.

CULTURE : SEWAKAY KHOM OU LE RENOUVEAU DU THÉÂTRE KURDE

Une représentation théâtrale de la pièce intitulée «Sewakay Khom » (Ma Pomme) a rencontré un grand succès à Erbil ce mois-ci. Écrite par l’artiste Karokh Ibrahim Hakim, elle traite des traumatismes de la guerre et a suscité, lors de la première, le 29 juillet, des réactions très élogieuses de la presse et du public kurdes.

Hema, une jeune femme kurde mariée à un riche vieillard, est amenée, en raison des malheurs de son union et des blessures de la guerre, à tuer son enfant. La troupe théâtrale « Jeunesse » qui chaque année, au mois de juillet, produit un nouveau spectacle, prouve, selon Hakim, que le théâtre au Kurdistan est loin d’être sinistré et en crise, comme on l’entend très souvent, en le comparant à « l’âge d’or » du théâtre kurde, entre les années 1970 et 1980. Selon lui, le succès des représentations dépend surtout de leur qualité. « Nos spectacles ont toujours attiré beaucoup de monde. C’est le témoignage que notre réussite à faire passer nos messages » a expliqué le metteur en scène au journal Aknews.

De fait, les critiques ayant assisté aux représentations sont d’un avis assez unanime sur le fait que Sewakay Khom montre que les auteurs et metteurs en scène au Kurdistan ont la capacité de produire de très bons spectacles, même si ce n’est pas le cas le plus fréquent. Ainsi, le critique de théâtre Haydar Abdurrahman, juge que cette pièce est « une des rares pièces « artistiques » de notre époque, parce qu’actuellement, nous sommes en plein dans la crise du théâtre et de telles représentations sont pour nous une bouffée d’air. Que ce soit la mise en scène, la distribution et l’écriture, tout cela contribue à une œuvre théâtrale fantastique.» Haydar Abdurrahman s’est dit particulièrement impressionné par le jeu des jeunes acteurs, qu’il juge « extraordinaire » et le talent du metteur en scène à faire s’épanouir leur capacité d’initiative. Autre avis de professionnel, celui du directeur de la troupe « Paix » du théâtre de Kirkouk, Sirwan Belana commente également la prestation : « La pièce vaut vraiment la peine d’être vue, car peu d’œuvres théâtrales ont pu atteindre un si haut niveau en termes de mise en scène et de texte. » Selon lui, le message principal de Sewakay Khom est que les femmes ne doivent compter que sur elles-mêmes pour s’émanciper. Anwar Shekhani, un acteur kurde émérite, s’est dit aussi très impressionné par ce travail, en soulignant le parti pris original du metteur en scène : « Traditionnellement, les intrigues ont un début, une apogée et un dénouement. Mais dans cette pièce, le metteur en scène a fait exactement l’inverse. »