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Bulletin N° 239 | Février 2005

 

ÉLECTIONS IRAKIENNES : SUCCÈS DES LISTES CHIITE ET KURDE

La Commission électorale a validé le 17 février les résultats du scrutin historique du 30 janvier en Irak confirmant la nette victoire de la liste chiite soutenue par le clergé de cette communauté majoritaire, et la deuxième place de la liste de l’Alliance de Kurdistan. Le gouvernement irakien a annoncé le 13 février que le 30 janvier serait désormais un jour férié pour commémorer les premières élections multipartites dans le pays depuis un demi-siècle. Les journaux de Bagdad reparaissant le 2 février pour la première fois depuis les élections, ont salué unanimement le bon déroulement du scrutin et la participation massive des Irakiens, à l'image du quotidien Al-Sabah al-Jadid (Le Nouveau Matin), qui écrit: « Le monde s'est incliné devant les Irakiens pour leur courage et le sang versé ». Avec un taux de participation ayant atteint 58,3 % (8.456.266 votants sur un nombre d'inscrits estimé à 14,2 millions), la liste du Bloc chiite obtient la majorité au Parlement en enlevant 140 des 275 sièges avec 48,1 % des voix. Elle contrôlera donc 54 % des sièges du Parlement.

La liste de l'Alliance du Kurdistan formée notamment par les deux principales formations kurdes, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK de Massoud Barzani) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK de Jalal Talabani) ainsi que des formations chrétiennes, recueille 25,7 % des voix et aura, avec 75 sièges, 27,2 % des places de l'Assemblée nationale. La liste de l’Alliance a également remporté 89,5% des voix dans les élections du Parlement du Kurdistan. De plus, la liste du Groupe islamique du Kurdistan a annoncé le 22 février avoir rejoint celle de l'Alliance du Kurdistan pour former un bloc parlementaire de 77 députés dans la prochaine assemblée irakienne. « Cela signifie que nous allons soutenir les revendications de la liste de l'Alliance kurde (75 sièges) concernant le système fédéral et le rattachement de Kirkouk et d'autres régions au Kurdistan ainsi que l'obtention d'une part équitable des ressources naturelles du pays », a déclaré le porte-parole du Groupe islamique, en allusion aux revenus pétroliers. Il a cependant indiqué que son mouvement continuerait de s'opposer, contrairement à ses nouveaux alliés, à la séparation de l'Etat et de la religion.

Enfin, la liste du Premier ministre sortant, le chiite laïc Iyad Allaoui, est arrivée troisième avec 13,8 % des voix. Elle aura 40 élus, soit 14,5 % des sièges.

Les sunnites, qui pour la plupart n’ont pas pris part au scrutin, seront faiblement représentés à l’Assemblée nationale irakienne. La liste présentée par le président irakien sortant Ghazi Al Yaouar obtient seulement 1,8 %, soit 150.000 voix. Ce sera le principal parti sunnite représenté à l'Assemblée avec cinq sièges. Le parti laïque dirigé par l'ancien homme d'Etat sunnite Adnan Pachachi n’a pas obtenu assez de voix pour être représenté au Parlement. Dans la province sunnite d'Anbar, réputée fief des baasistes, seuls 2,0 % des électeurs (3.803 personnes) s’étaient rendus aux urnes. Dans celle de Salahaddine, à forte majorité sunnite, 29 % des inscrits avaient pris par au vote. Dans celle de Ninawa, à population mixte sunnite et kurde, la participation n'a été que de 17 %, en raison notamment des problèmes logistiques et de l’incurie de la Commission électorale locale infiltrée par des baasistes qui ont empêché plus de 200 000 électeurs kurdes et des milliers de Chrétiens de voter.

Pour sa part, le Front turcoman d'Irak, soutenu et financé par la Turquie, recueille 3 sièges, autant que celle des Cadres et élites nationaux indépendants, proche du courant du chef radical chiite Moqtada Sadr. Les communistes de la liste de l'Union du peuple obtiennent 2 sièges, à égalité avec celle du Groupe islamique du Kurdistan et de l'Organisation de l'action islamique en Irak - Direction centrale (chiite). L'Alliance nationale démocratique d'Abed Fayçal Ahmed, la Liste nationale de Mésopotamie (chrétienne) et celle du Mouvement de réconciliation et de libération, du sunnite Michaane al-Joubouri, remportent chacune un siège.

Lors de la validation des résultats, le président de la Commission électorale Abdel Hussein al-Hindaoui, a remercié les électeurs et toutes les parties ayant aidé à la tenue du premier scrutin multipartite depuis plus de 50 ans dans le pays et a qualifié les élections d' « historiques ». Le nouveau Parlement aura pour principale tâche de rédiger une Constitution permanente et de préparer les élections générales prévues en décembre 2005.

Mais la liste chiite doit s'allier avec d'autres pour avoir les deux tiers des voix nécessaires pour nommer un président et deux vice-présidents qui auront à leur tour à désigner à l'unanimité un Premier ministre.

Carlos Valenzuela, conseiller en chef de l'Onu pour les élections, a estimé que « les élections n'ont pas été parfaites. Elles n'ont jamais été destinées à l'être mais elles ont été extrêmement réussies ». Le vice-président sortant, le chiite Ibrahim Jaafari, un candidat de la liste victorieuse pour le poste de chef de gouvernement a déclaré que « l'important n'était pas (de savoir) qui deviendra Premier ministre mais que fera (cette personne) pour le pays ». « Notre société, notre pays ont besoin d'efficacité, de quelqu'un qui puisse (rétablir) les choses les plus importantes: la sécurité et les services », a-t-il ajouté.

Le nombre des votants étant de 8.456.266, il fallait autour de 30.750 voix pour pouvoir obtenir un siège à l'Assemblée nationale, puisqu'il s'agit d'un scrutin à la proportionnelle intégrale. Seulement douze listes sur les 111 en compétition ont franchi ce seuil.

Voici les douze listes qui vont être représentées à l'Assemblée nationale irakienne de 275 sièges issue de ces élections:

L'Alliance unifiée irakienne, parrainée par le grand ayatollah Ali Sistani: 4.075.291 voix, 48,1 %, 140 sièges.
L'Alliance du Kurdistan formée par les deux grands partis kurdes, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK): 2.175.551 votes, 25,7 % des suffrages exprimés, 75 sièges.
La liste du Premier ministre intérimaire Iyad Allaoui (chiite laïque): 1.168.943 votes, 13,8 % des voix, 40 sièges.
La liste du président intérimaire, le sunnite Ghazi al-Yaouar: 150.680 votes, 1,7 % des suffrages exprimés, 5 sièges.
La liste de l'Alliance du front turcoman d'Irak: 3 sièges.
La liste des Cadres et élites nationaux indépendants, proche du courant du chef radical Moqtada al-Sadr: 3 sièges.
La liste de l'Union du peuple (communiste): 2 sièges.
La liste du Groupe islamique du Kurdistan: 2 sièges.
La liste de l'Organisation de l'action islamique en Irak - Direction centrale (chiite): 2 sièges.
La liste de l'Alliance nationale démocratique d'Abed Fayçal Ahmed: 1 siège.
La Liste nationale de Mésopotamie (chrétienne): 1 siège.
La liste du Mouvement de réconciliation et de libération, du sunnite Michaane al-Joubouri: 1 siège.


Les élections irakiennes ont suscité des réactions nombreuses, et généralement favorables, à l’étranger. Le Conseil de sécurité des Nations unies a félicité le 16 février le peuple irakien pour le succès des élections et encouragé la communauté internationale à fournir des conseillers et un soutien technique pour les efforts de l'ONU en Irak. Dans un communiqué, le Conseil a salué le peuple irakien, pour avoir « mené cette démarche pour exercer leur droit de déterminer librement leur avenir politique ». Encourageant le peuple irakien à continuer dans cette voie, le communiqué réitère le soutien de l'organisation mondiale à un Irak fédéral, démocratique, pluraliste et unifié, respectant pleinement les droits de l'Homme. Soulignant l'importance d'une participation la plus grande possible de toutes les composantes de la société irakienne au processus politique, le conseil a souligné la nécessité d'efforts politiques soutenus pour que la transition soit aussi complète, participative et transparente que possible.

Cependant, plusieurs pays voisins de l'Irak où les sunnites sont aux commandes s'inquiètent de l'émergence annoncée d'un pouvoir chiite à Bagdad à la faveur des élections, craignant qu'elle ne donne des idées à leur propre communauté chiite et ne renforce les liens entre l'Irak et l'Iran. Ces pays arabes craignent en effet qu'une alliance entre le futur gouvernement irakien et l'Iran, pays non-arabe mais dirigé par les chiites, ne vienne changer profondément la donne dans une région dominée depuis des siècles par les sunnites. Le roi de Jordanie Abdallah II a provoqué récemment la colère de Téhéran en déclarant que l'Iran cherchait à créer un « croissant chiite » au Moyen-Orient incluant l'Irak, la Syrie et le Liban. Le souverain a plus tard précisé qu'il n'était pas opposé aux chiites, mais ses propos viennent illustrer des inquiétudes à peine voilées.

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a envoyé une équipe de hauts conseillers en Irak pour une mission secrète consistant à évaluer la situation post-électorale dans ce pays, a rapporté le 15 février le Washington Post. L'objectif de cette mission est d' « examiner le rôle des Etats- Unis en ce moment politique charnière » dans la transition irakienne, indique le reportage. La mission américaine est dirigée par Richard H. Jones, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Koweït, au Liban et au Kazakhstan et adjoint de l'ex-gouverneur civil américain en Irak Paul Bremer lors des 14 premiers mois d'occupation américaine achevée en juin dernier. M. Jones devrait devenir le coordinateur spécial travaillant pour Mme Rice et en rapportant directement à elle, écrit le le journal citant des responsables américains. Cette nomination montre que Mme Rice souhaite adopter une responsabilité plus étroite dans la gestion des politiques en Irak au cours de cette année, qui sera décisive.

JALAL TALABANI EST LE CANDIDAT OFFICIEL DE L’ALLIANCE KURDE AU POSTE DE PRÉSIDENT IRAKIEN

Les Kurdes d'Irak vont proposer que le leader de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), Jalal Talabani, soit président du pays, a déclaré le 13 février le vice-Premier ministre irakien Barham Saleh sur la chaîne de télévision américaine CNN. « La liste de l'Alliance du Kurdistan désignera Jalal Talabani pour le poste de président. Nous pensons qu'il a les qualités et la respectabilité nécessaires pour ce poste, et nous travaillons avec d'autres groupes au Parlement (...) pour que cela arrive », a déclaré M. Saleh. « Si un Kurde accédait au poste de président en Irak, cela constituera une affirmation que, dans le nouvel Etat irakien, nous voulons que les Kurdes ne soient pas traités comme des citoyens de seconde classe », a-t-il ajouté. M. Saleh a précisé qu'il s'attendait à ce qu'un chiite occupe le poste de Premier ministre. Mais il a ajouté que, « quelle que soit la personnalité choisie, nous travaillerons avec elle, sur la base des options politiques et de garanties qu'il faudra donner, que l'on restera fidèle aux idéaux de la démocratie, que l'on travaillera sur le processus constitutionnel et que l'on s'engage pour l'État de droit et de justice en Irak ».

Le dirigeant kurde Jalal Talabani avait dès le 3 février postulé ouvertement au poste de président ou de Premier ministre. « Je suis le candidat de la liste démocratique kurde à l'un des deux postes de souveraineté (président ou Premier ministre) », avait déclaré Jalal Talabani après une réunion avec le leader du parti démocratique du Kurdistan (PDK) Massoud Barzani et Barham Saleh à Salaheddine.

De son côté, M. Barzani s'est dit candidat pour la présidence de la Région autonome formée de la province de Souleimanieh, contrôlée par l'UPK, et de celles d'Erbil et de Dohouk, gérées par son parti. « Nous avons présenté la candidature de M. Barzani au poste de président de la Région kurde », a déclaré M. Talabani, ajoutant que Nechirvan Barzani, serait chargé de former un gouvernement de la région avec la participation de l'UPK et du PDK. Il a part ailleurs souligné que « la question d'un rattachement de Kirkouk au Kurdistan sera primordiale dans la négociation pour la conclusion de toute alliance avec une autre force politique ».

Dans leurs premières réactions, des dirigeants sunnites ne se sont pas montrés alarmés outre mesure par ces annonces, estimant qu'il était du droit de tout homme politique de présenter sa candidature aux postes clés de l'Etat. « Toute personne qui gagne les élections peut se porter candidate et M. Talabani est un militant important qui a dirigé le Conseil de gouvernement (mis en place par les Américains juste après la chute de l'ancien régime) et qui a l'expérience requise », a indiqué le ministre de l'Industrie Hajem al-Hassani. Ce candidat aux législatives sur la liste du président sortant Ghazi al-Yaouar, un autre sunnite, a estimé que les candidatures kurdes n'étaient pas de nature à marginaliser davantage les représentants de sa communauté. « Il est tôt d'en parler car des discussions doivent encore avoir lieu et cela dépend de la composition du gouvernement », a-t-il ajouté, soulignant que « si sa composition est homogène, personne ne sera marginalisé ».

Le Premier ministre irakien sortant Iyad Allaoui a affirmé qu'il soutenait le souhait des chefs kurdes d'accéder à des postes présidentiels, à l'issue d'une réunion le 12 février avec Jalal Talabani. « En partant du principe de l'égalité entre tous les Irakiens, nous soutenons le souhait des Kurdes d'accéder à tout poste (de pouvoir) en Irak », a déclaré M. Allaoui après sa rencontre avec le chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) à Souleimaniyeh. M. Allaoui, qui était accompagné du ministre d'Etat pour la sécurité nationale Qassem Daoud, du vice-Premier ministre Barham Saleh et du ministre des droits de l'Homme Bakhtiar Amine, avait également rencontré le 10 février Massoud Barzani à Erbil, qui s'était prononcé contre une monopolisation du pouvoir par l'une des communautés d'Irak.

De plus, le chef du Parti islamique irakien, la principale formation sunnite du pays, Mohsen Abdel Hamid, a, le 28 février, apporté son soutien à la candidature de Jalal Talabani au poste de président. « Nous soutenons la candidature de M. Talabani pour le poste de président de la République », a déclaré à la presse M. Abdel Hamid, après une rencontre la veille avec Jalal Talabani dans la localité de Qala Tcholan, à 45 km au nord de Souleimaniyeh. M. Abdel Hamid, dont le parti s'est retiré de la course électorale avant le scrutin du 30 janvier après avoir demandé en vain le report de la consultation, a souligné que « le prochain gouvernement doit être formé sur une base consensuelle et être ouvert à ceux qui ont participé ou non aux élections ». « Il faut que toutes les parties et ethnies irakiennes soient représentées dans ce gouvernement », a-t-il ajouté.

De même, une délégation turque s'est, le 24 février, entretenue de l'avenir des relations turco-irakiennes au Kurdistan irakien avec Jalal Talabani. La mission conduite par l'ambassadeur Osman Koruturk, coordinateur pour l'Irak du ministère des Affaires étrangères, a rencontré le leader kurde à Dohouk. « Le fait qu'une délégation turque a rencontré M. Talabani en Irak démontre que la Turquie n'est pas opposée à ce qu'il soit président » de l'Irak, a-t-on précisé du côté des responsables turcs.

Par ailleurs, vingt-trois partis et associations politiques sunnites en majorité se sont réunis le 27 février à Bagdad et ont décidé de former un comité de suivi chargé d'examiner les moyens de participer à la rédaction de la Constitution permanente. La réunion s'est déroulée au siège des Démocrates indépendants de l'homme politique sunnite Adnane Pachachi, mouvement qui a participé aux élections sans remporter de siège.

De son côté, le chef du parti islamiste Dawa, Dr. Ibrahim Jaafari, a, le 22 février, obtenu l'investiture de la liste chiite victorieuse aux élections pour le poste de Premier ministre. Abdel Aziz Hakim, chef du principal parti chiite, le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII) et tête de liste de l'Alliance unie irakienne (AUI), a annoncé que « le docteur Ibrahim Jaafari a été désigné à l'unanimité (…) en dépit de la présence d'autres personnalités capables d'assumer cette tâche, à commencer par Adel Abdel Mehdi, Hussein Chahristani et le docteur Ahmed Chalabi ».

Face à cette candidature, le conseiller à la sécurité nationale Kassem Daoud a annoncé la création d'une coalition soutenant la candidature du Premier ministre irakien sortant Iyad Allaoui comme chef du gouvernement issu des élections du 30 janvier.

Cependant, cette nomination fait de M. Jaafari le favori pour le poste de Premier ministre. Il dirige le plus ancien parti chiite d'Irak, le Dawa, qui jouit d'une large popularité pour sa lutte contre le régime de Saddam Hussein, mais ses liens supposés avec l'Iran éveillent des inquiétudes. « Nous allons commencer par le sécurité car c'est une question qui ne laisse aucun répit aux citoyens », a-t-il déclaré. « Les intérêts de l'Etat se trouvent menacés par l'insécurité qui paralyse la reconstruction », a-t-il ajouté, annonçant son intention d' « augmenter les effectifs des forces de sécurité, d'améliorer leur efficacité et de renforcer leurs moyens ».

Les Etats-Unis se sont empressés de souligner leur volonté de coopérer avec le futur gouvernement irakien. « Nous avons hâte de travailler avec tout gouvernement irakien qui émergera », a indiqué le porte-parole du département d'Etat Richard Boucher. « Nous avons hâte d'avoir des relations constructives avec le gouvernement de transition irakien », a-t-il ajouté.

Des représentants de formations kurde et sunnite se sont, le 23 février, déclarés prêts à collaborer avec Ibrahim Jaafari. « Nous espérons que M. Jaafari formera un gouvernement de transition le plus tôt possible parmi des personnalités de poids », a déclaré Mohammed Ihsane qui assure le poste de ministre des droits de l'Homme au Kurdistan irakien. « Nous allons le soutenir et l'assister », a-t-il affirmé. « M. Jaafari est un militant de longue date de la lutte contre la dictature, il croit aux droits du peuple kurde dans un Irak fédéral et démocratique », a-t-il assuré. « En outre, il ne fait pas partie des hommes politiques chiites dogmatiques et il est dans les conditions actuelles le meilleur candidat à ce poste », a encore ajouté M. Ihsane. Sami Choresh, ministre de la Culture du Kurdistan irakien, a de son côté déclaré : « Nous avons, face à la candidature de M. Jaafari, une position de neutralité. L'important, c'est que le candidat reconnaisse les droits naturels du peuple kurde (…) Nous serons l'allié de toute partie qui reconnaîtra le système démocratique pour un Irak fédéral ». Les Kurdes ont réaffirmé leur rejet d'une République islamique en Irak. « Les Kurdes vont s'opposer à l'instauration d'une République islamique au cas où cette question serait posée par d'autres forces politiques en Irak », a, de son côté, déclaré, le 16 février, Adnan Mufti, membre du bureau politique de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK). « Nous sommes certes un peuple musulman et on doit respecter notre identité musulmane mais on ne peut opposer la religion à la démocratie », avait-il conclu M. Mufti, candidat au poste de président du Parlement de la région autonome kurde.

« Il est normal que la liste victorieuse désigne son candidat à ce poste et cette désignation a été le fruit de tractations, ce qui est en soi un bon signe », a déclaré pour sa part un responsable du Mouvement des démocrates indépendants du sunnite Adnane Pachachi. « Nous sommes ouverts à une coopération avec lui et c'est que n'a cessé de dire et de répéter M. Pachachi », a déclaré Jalal Machta, en appelant toutefois M. Jaafari à « prendre en compte le fait que la participation dans de nombreuses provinces (sunnites) a été faible, que certaines forces n'ont pas participé au scrutin et que d'autres n'ont pas pu élire de député en dépit de leur longue histoire politique ».

La presse irakienne semblait également accueillir favorablement le choix de la liste chiite sur M. Jaafari. « Jaafari est authentiquement irakien. C'est un patriote et il ne sert à rien de le juger à travers des prismes personnels », écrit le quotidien indépendant Al-Fourat. « Dire qu'Ibrahim Jaafari va pousser l'Irak vers un Etat islamique relève de la spéculation car, en dépit de ses bonnes relations avec l'Iran, il est plus étroitement lié à la Marjaiya de Najaf qui est contre la Velayat al-Fakih et l'institution d'un régime islamique », souligne le quotidien Ittihad, de l'UPK. Velayat al-Faqih, concept au coeur de la pensée de l'imam Khomeiny, fondateur de le République islamique en Iran, autorise les religieux chiites à se mêler directement de politique, ce que contestent les grands ayatollahs de la ville sainte chiite irakienne de Najaf.

Le quotidien officiel Sabah appelle M. Jaafari à s'attaquer, avec « un cabinet soudé, aux dossiers brûlants de la corruption, de la sécurité, de l'économie et du recouvrement de la souveraineté » de l'Irak.

Le journal Moatamar du Congrès national irakien (CNI) estime qu'Ahmed Chalabi, le chef de cette formation, a « favorisé, par le retrait de sa candidature, l'unité » de la liste de l'Alliance irakienne unifiée. Le quotidien Baghdad du Mouvement de l'entente nationale du Premier ministre Iyad Allaoui s'est contenté de rapporter la nomination de M. Jaafari, sans la commenter, tout comme le journal Taakhi (Fraternité) du PDK.

Les formations chiites et kurdes qui dominent l'Assemblée irakienne ont formé des commissions pour négocier la formation du gouvernement. La commission de la liste AUI formée de neuf membres dont M. Jaafari, a, le 24 février, commencé « des discussions avec les autres listes victorieuses aux élections, dont la liste kurde, pour nouer des accords et décider de la date de la première réunion de l'Assemblée nationale », a indiqué Ibrahim Bahr al-Ouloum, élu de l'AUI. M. Bahr al-Ouloum, ancien ministre du Pétrole, a précisé que le groupe chiite avait fixé deux principes à toute alliance avec d'autres formations: la rupture avec la répartition des postes en proportion du poids démographique de chaque communauté et l'intégration de toutes les forces politiques. « Le premier est que le prochain gouvernement ne soit pas formé sur une base confessionnelle. Le deuxième, c'est la participation de toutes les forces au processus politique, y compris celles qui ont boycotté les élections ou se sont abstenues et celles qui y ont participé sans remporter de sièges », a-t-il indiqué, en référence aux différents mouvements sunnites.

L'Alliance kurde a aussi formé une commission pour mener les tractations, qui comprend le ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, le vice-président Roj Nouri Shawis, le vice-Premier ministre Barham Saleh et Kamal Fouad, du bureau politique de l'UPK. Les Kurdes posent comme condition à toute alliance le rattachement de la ville de Kirkouk à leurs trois provinces autonomes, le maintien de leurs forces de sécurité, et une part des richesses du pays. Massoud Barzani a répété le 25 février sur la chaîne de télévision Reuters les exigences kurdes: la garantie d'obtenir plusieurs ministères importants et l'affirmation de l'identité kurde de Kirkouk. « A l'avenir, nous voulons que Kirkouk devienne un exemple de coexistence ethnique, religieuse et nationale. Mais il faut d'abord que l'identité de Kirkouk soit définie comme (une entité) du Kurdistan », a prévenu Barzani. « L'identité de Kirkouk est kurde comme l'ont prouvé les élections », a insisté Barzani.

Dans une conférence de presse à Erbil, le vice-président sortant Roj Nouri Chawis, a, le 27 février, déclaré : « Nous n'avons encore conclu aucune alliance pour le moment ». « Nous tentons de participer à la formation d'un gouvernement réunissant toutes les parties irakiennes et nous tenons à l'un de postes de direction », a-t-il ajouté. « Avec le bon résultat obtenu à l'élection de l'Assemblée nationale, les élus kurdes auront un rôle important dans la formation du prochain gouvernement », a souligné le responsable kurde. « Le plus important pour nous, c'est l'orientation du nouveau gouvernement et nous insistons sur le maintien du système fédéral pour l'Irak et le rétablissement de la sécurité en collaboration avec la Force multinationale », a conclu M. Chawis.

Le complexe mécanisme de désignation par les deux tiers des députés d'un Conseil présidentiel de trois membres, qui choisit à l'unanimité le Premier ministre, contraint les partis à réaliser un « consensus général ».

KIRKOUK : LA LISTE KURDE REMPORTE À LA MAJORITÉ ABSOLUE LES ÉLECTIONS POUR LE CONSEIL DE LA PROVINCE

La liste formée par les deux grands partis kurdes irakiens a remporté à la majorité absolue les élections pour le conseil de la province de Taamim, dont la ville de Kirkouk est le chef-lieu, par 58,4 % des voix, selon les chiffres officiels publiés le 13 février. La liste Kirkouk-fraternité, formée par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union démocratique du Kurdistan (UPK), a obtenu 237.303 voix sur 405.951 suffrages exprimés, a indiqué la Commission électorale qui a organisé le scrutin. Le responsable de l'UPK à Kirkouk, Jalal Jawhar, a déclaré que ces résultats « sont une victoire de la volonté des Irakiens et de leur détermination à bâtir un Irak fédéral ». « Notre liste a remporté une victoire écrasante car elle rassemble toutes les communautés », a-t-il poursuivi, insistant sur le caractère kurde de Kirkouk.

Le Front turcoman d'Irak est arrivé deuxième avec 73.791 voix, soit 16 % des suffrages exprimés. Le chef du Front turcoman, Farouk Abdallah Abdelrahmane, a affirmé: « Nous oeuvrerons au sein de l'Assemblée nationale et du conseil de Kirkouk pour prouver que Kirkouk est une ville irakienne », tout en invitant à « une coopération politique pacifique ».

Après l'annonce des résultats, des Kurdes ont célébré cette victoire, sillonnant en voiture le nord de la ville, tous phares allumés et klaxonnant. Brandissant des drapeaux du Kurdistan, certains ont tiré en l'air, en signe de joie. Les quartiers à majorité arabe et turcomane étaient, eux, calmes et désertés, les commerces ayant baissé leurs rideaux plus tôt que prévu. Le chef de la police de Kirkouk Tourhane Youssef a annoncé le 13 février la prolongation du couvre-feu « pour prévenir tout acte de violence ou provocation » dans la ville. Le couvre-feu a été imposé de 18h00 (15h00 GMT) à 06h00 (03h00 GMT), jusqu'à nouvel ordre. La police et l'armée irakiennes se sont déployées dans les rues de Kirkouk, ont dispersé les rassemblements, empêché les tirs de joie et annoncé que toute personne qui ne respecterait pas ses directives serait arrêtée.

Les Kurdes revendiquent le rattachement de Kirkouk à leurs trois provinces autonomes du Kurdistan et des milliers d'entre eux, déplacés par le régime de Saddam Hussein, ont été autorisés à voter dans la ville le 30 janvier. Les Kurdes représentent plus de 45 % des quelque 1.200.000 habitants de Kirkouk. En vertu d'un accord avec le gouvernement intérimaire irakien, environ 100.000 Kurdes, chassés de la ville sous le régime de Saddam Hussein, parqués dans des camps, ont eu la possibilité d'y voter pour l'élection locale et celle de l'Assemblée nationale.

La Turquie est mécontente des résultats des élections en Irak, qui ont pour la première fois de l'histoire de ce pays placé les Kurdes en position de force. Elle estime que ces résultats ne traduisent pas une juste représentation des différents groupes ethniques et religieux du pays et réclame des mesures de rééquilibrage. « La faible participation de certains groupes aux élections, le fait que dans certaines provinces il n'y ait presque pas eu de votes et que des manipulations dans certaines régions, notamment à Kirkouk, ont conduit à des résultats déséquilibrés, sont des problèmes qui doivent être examinés sérieusement » a déclaré le 13 février le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. Le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gul, dès le lendemain des élections, s’était inquiété d'une prise de contrôle par les Kurdes de la ville pétrolière de Kirkouk, et des risques de confrontation entre les différentes communautés qui y vivent. « La Turquie ne restera pas les bras croisés face à la perspective d'un conflit inter-irakien autour de la ville pétrolière de Kirkouk », avait déclaré depuis Bagdad, Abdullah Gül, dont les propos sont rapportés dans Al Quds Al Arabi daté du 1er février.

La hantise d'Ankara est que Kirkouk soit rattachée au Kurdistan autonome et devienne, à terme, la riche capitale d'un futur Etat indépendant. Ancienne province ottomane, Mossoul et Kirkouk, furent en 1925, sur décision de la Société des Nations, et contre le gré de la majorité de la population, annexées à l’Irak, créé et gouverné à l’époque par l’empire britannique. En dépit de nombreux appels émanant des milieux ultra-nationalistes turcs réclamant une intervention militaire turque à Kirkouk, la puissante armée et le gouvernement turcs se sont prudemment gardés d'évoquer une telle éventualité qui entraînerait une confrontation avec les Etats-Unis.

Lors de sa visite à Ankara les 5 et 6 février, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui a rencontré le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, son homologue Abdullah Gul ainsi que le chef de l'Etat Ahmet Necdet Sezer, avait tenté de rassurer les autorités turques sur la portée des ambitions des Kurdes d'Irak.

La Turquie se plaint aussi que les troupes américaines n'aient pas agi militairement contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le 2 février, M. Erdogan avait été particulièrement critique devant les députés de son parti de la Justice et du Développement (AKP) en accusant implicitement les Etats-Unis de rester simples spectateurs face aux événements qui irritent son pays en Irak. « Je suis désolé de dire que les forces chargées d'assurer l'ordre en Irak ont failli à répondre à certains développements que notre nation regrette profondément », avait-il déclaré. Pourtant, le sous-secrétaire américain à la Défense chargé de la politique, Douglas Feith, avait, le 1er février, indiqué à Ankara que préserver l'unité et l'intégrité territoriale de l'Irak était une priorité tant pour les Etats-Unis que pour la Turquie. Soulignant l'importance des relations turco-américaines, M. Feith avait indiqué qu'il était naturel que deux alliés, comme les Etats-Unis et la Turquie, aient des différends, mais que cela n'empêchait pas d'entretenir des relations bilatérales étroites et fortes.

De son côté, le chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani avait affirmé qu'une intervention militaire turque dans le Kurdistan irakien serait un « désastre » et appelé la Turquie à ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures de l'Irak. « J'espère qu'une telle chose ne se produira pas, mais si elle a lieu ce serait un désastre pour toutes les parties », avait indiqué le 4 janvier M. Barzani depuis son fief de Salaheddine, à la chaîne d'information turque CNN-Turk. « Kirkouk est une cité à identité kurde », avait-il déclaré, « qui donne le droit à la Turquie de s'ingérer dans les affaires internes de l'Irak? » M. Barzani a estimé que l' « indépendance est le droit naturel de la région du Kurdistan (irakien). Elle n'est pas une fantaisie ». Mais a-t-il poursuivi « l'objectif actuel des Kurdes est le maintien de l'intégrité territoriale de l'Irak et la création d'un Irak au système pluraliste et fédéral ».

NEW-YORK : KOFI ANNAN SE DIT « CHOQUÉ » PAR LES CONCLUSIONS DU RAPPORT DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LE PROGRAMME « PÉTROLE CONTRE NOURRITURE »

La commission indépendante d'enquête sur le programme « pétrole contre nourriture » en Irak a mis en cause le 3 février son ex-directeur, Benon Sevan, qui a « porté sérieusement atteinte à l'intégrité de l'Onu » en intervenant dans les allocations de pétrole irakien. Dans un rapport d'étape, la commission accuse Benon Sevan d'être intervenu directement dans le choix de compagnies pétrolières pour l'allocation du pétrole brut irakien, alors que cette décision devait revenir à Bagdad. « En faisant ces sollicitations, M. Sevan a créé une situation de grave conflit d'intérêts pendant une longue période. Sa conduite a été inappropriée d'un point de vue éthique et a sérieusement porté atteinte à l'intégrité des Nations unies », a jugé la commission dirigée par l'ancien président de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker.

Ancien haut fonctionnaire chypriote, M. Sevan avait été nommé à son poste, qu'il a occupé entre octobre 1997 et fin 2003 par le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. Ce dernier a été « choqué » par les conclusions du rapport et « terriblement déçu qu'un collègue depuis tant d'années soit accusé d'avoir violé les règles de conduite de l'Onu », a déclaré le directeur de cabinet de M. Annan, Mark Malloch Brown. Il a précisé que l'examen de mesures disciplinaires avait débuté, bien que M. Sevan ait déjà démissionné des Nations unies. Mais les avocats de ce dernier ont vivement réagi, affirmant que M. Sevan n'avait « jamais pris un centime » et qu'il servait de « bouc émissaire ».

Le rapport indique que M. Sevan avait sollicité des allocations de pétrole brut auprès des autorités irakiennes pour le compte de la compagnie panaméenne Africa Middle East Petroleum (Amep). Bagdad lui a « fourni ces allocations dans le but d'obtenir son soutien dans plusieurs domaines, notamment afin d'obtenir des fonds pour réparer et reconstruire l'infrastructure pétrolière de l'Irak », précise-t-il. Le rapport ajoute que l'Amep n'a commencé à recevoir du pétrole qu'après une intervention de M. Sevan auprès des autorités irakiennes à Bagdad en juin 1998.

Le rapport « n'affirme pas que M. Sevan a touché des pots-de-vin », a déclaré M. Volcker lors d'une conférence de presse, tout en ajoutant: « L'enquête se poursuit ». Le rapport indique toutefois que M. Sevan n'a pas fourni d'explications convaincantes sur des paiements en liquide d'un montant total de 160.000 dollars reçus entre 1999 et 2003. Il existe des éléments « probants » attestant que le procédé de sélection des sociétés chargées soit de superviser les transactions de pétrole ou de biens de consommation, soit de gérer les fonds alloués au programme, « n'a pas été conforme aux règles financières et concurrentielles habituelles », ajoute le texte.

Ces entreprises citées sont la Banque nationale de Paris (BNP, France), Saybolt Eastern Hemisphere (Pays-Bas) et Lloyd's Register Inspection (Grande-Bretagne). Concernant la BNP, le rapport indique que le contrat portant sur la gestion des comptes bancaires du programme lui avait été attribué par l'ex-secrétaire général de l'Onu Boutros Boutros-Ghali. En l'occurrence, précise-t-il, la BNP n'avait pas « soumissionné au meilleur prix » dans sa réponse à l'appel d'offres. Le choix de la banque française a été dicté par des considérations politiques sans être influencé par des moyens illicites, a précisé un membre de la commission, Mark Pieth.

Le programme « pétrole contre nourriture », en vigueur de 1996 à 2003 pour alléger l'impact sur les Irakiens de l'embargo international imposé au régime de Saddam Hussein, permettait à Bagdad de vendre du pétrole et d'acheter en échange des biens de consommation courante. D'une valeur totale de 64 milliards de dollars, il s'est trouvé perverti par le gouvernement irakien et plusieurs milliards de dollars ont été détournés. Son rapport d'enquête final devrait être remis l'été prochain, selon M. Volcker.

DAMAS : LA COUR DE SÛRETÉ DE L’ÉTAT CONDAMNE QUINZE KURDES À DES PEINES ALLANT DE DEUX À TROIS ANS DE PRISON

La Cour de sûreté de l'Etat, un tribunal d’exception à Damas, a condamné le 15 février quinze Kurdes, arrêtés lors de heurts sanglants en mars 2004 dans les régions kurdes de la Syrie, à des peines de prison allant de deux à trois ans, a annoncé l'avocat Anouar Bounni. « Quatre des quinze Kurdes ont été condamnés à trois ans de prison et les autres à deux ans de prison », a précisé Me Bounni.

Ces Kurdes, dont le procès avait débuté en août 2004, sont accusés d' « agressions contre les autorités », de « faire partie d'une organisation secrète visant à faire annexer une partie de la Syrie par un pays étranger », de « dissensions confessionnelles » et d' « incitations à la sédition », selon l'avocat. Ils ont été arrêtés pendant des affrontements qui ont opposé des Kurdes aux forces de l'ordre ou à des tribus arabes dans des régions du nord de la Syrie, ayant fait 40 morts, selon des sources kurdes, 25 morts selon les autorités syriennes.

En tout, quelque 200 Kurdes ont été emprisonnés à la suite de ces affrontements. Un certain nombre d'entre eux doivent comparaître devant le tribunal militaire de Damas, a ajouté Me Bounni.

Par ailleurs, Me Bounni avait annoncé le 12 février que plus de cinquante détenus kurdes observaient depuis le 8 février une grève de la faim « pour protester contre la torture et les traitements inhumains » dont ils font l'objet dans la prison d'Adra (30 km de Damas). Les prisonniers, dont dix femmes, appartiennent au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils ont été arrêtés en mai 2004, lors d'une campagne lancée contre les membres du PKK « à la suite de l'annonce faite par ce parti de mettre fin à la trêve avec la Turquie », a indiqué Me Bounni dans un communiqué. Selon Me Bounni, les prisonniers « sont contraints de dormir à même le sol, reçoivent des coups, manquent d'hygiène et sont interdits de visite ».

Jusqu'à 1998, la Syrie soutenait le PKK, mais Damas a fini par cesser son soutien à ce mouvement et a expulsé son leader, Abdullah Ocalan, aujourd'hui emprisonné en Turquie.

BILAN DE FÉVRIER DES VIOLENCES EN IRAK : MOINS DE VICTIMES AMÉRICAINES MAIS DE NOMBREUX ATTENTATS SUICIDES CONTRE LA POPULATION CIVILE IRAKIENNE

Selon les chiffres du Pentagone, 44 soldats américains ont été tués au combat en Irak en février, le chiffre le plus bas depuis juillet 2004. Cette baisse du nombre de victimes américaines, due à l’efficacité des renseignements, a été toutefois accompagnée d'une intensification des attentats suicide qui ont fait de nombreux morts parmi la population civile irakienne. Sur fond de réouverture des frontières et de reprise des vols commerciaux, le président intérimaire irakien Ghazi al-Yaouar a estimé le 1er février qu'il serait « complètement absurde de demander aux troupes (étrangères) de partir dans ce chaos et ce vide du pouvoir ». « D'ici la fin de cette année, nous pourrions voir le nombre de soldats étrangers diminuer », a indiqué M. Al-Yaouar. « Il y a eu des erreurs » dans l'occupation, « mais pour être juste (...) je pense que la contribution des forces étrangères en Irak s'est révélée finalement positive », a-t-il souligné. « Ça valait la peine » a-t-il conclu.

À Hilla, un attentat à la voiture piégée a, le 28 février, fait 118 morts et 133 blessées. La voiture piégée a explosé au milieu d'une foule de fonctionnaires rassemblés pour des examens médicaux dans un centre de soins proche du siège de la municipalité. Les fonctionnaires, dont certains ont été licenciés après la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, étaient rassemblés pour une visite médicale avant leur réintégration dans les services administratifs de la province.

Cet attentat est survenu alors que Damas est à nouveau sur la sellette après la capture à la frontière syro-irakienne de Sabaoui Ibrahim al-Hassan, demi-frère de Saddam Hussein, ancien chef du renseignement irakien, figurant à la 36ème place sur la liste américaine des 55 personnalités les plus recherchées de l'ancien régime et qui se rendait souvent en Syrie, selon les renseignements irakiens. Le conseiller à la sécurité nationale Mouaffak al-Roubaï a précisé qu' « un peu moins de 30 personnes avaient été arrêtées avec M. Hassan », qui disposait d'énormes sommes d'argent, mais n'a pas confirmé ni infirmé une coopération syrienne. La plupart des 55 personnes figurant sur la liste établie au début de l'offensive américaine en Irak ont été arrêtées ou se sont rendues. Une dizaine seulement restent introuvables, parmi lesquelles Izzat Ibrahim al-Douri, l'un des principaux collaborateurs de Saddam Hussein et numéro six sur la liste.

De plus, la fête la plus sacrée du calendrier chiite s'est transformée en bain de sang. Les terroristes ont profité le 19 février de la fête de l'Achoura pour lancer une série d'attaques à travers le pays, dont huit attentats suicide, et tuer au moins 42 personnes et en blesser 70 autres. Cette démonstration de force intervenait au lendemain d'une journée déjà très meurtrière au cours de laquelle 36 personnes, principalement des chiites, avaient été tuées. Ces actes de violences coïncidaient également avec la visite à Bagdad d'une délégation parlementaire américaine. Cinq membres du Congrès américain, dont la sénatrice de New York Hillary Clinton ont rencontré des responsables du gouvernement irakien dans le secteur fortifié de la « zone verte ».

Des attentats meurtriers ont également visé les Kurdes. Deux membres des forces de sécurité du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) ont été tués le 1er février dans l'explosion d'une bombe qu'ils tentaient de neutraliser dans le centre d'Erbil. « Une bombe a été découverte rue Sittine, face à un complexe immobilier du quartier Zanyari et des policiers spécialistes du déminage se sont rendus sur place pour la neutraliser », a indiqué une source policière.

À Kirkouk, des hommes armés ont pris en embuscade un détachement des forces irakiennes, tuant douze soldats irakiens, a annoncé le 3 février un officier supérieur. Les soldats irakiens rentraient à Kirkouk où ils devaient assurer la sécurité d'installations pétrolières. Des hommes armés les ont pris en embuscade près du village de Zab, à 65km au sud-ouest de Kirkouk, a précisé le général Anouar Mohammed Amin.

De plus, un dignitaire religieux kurde, proche du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), a été assassiné le 19 février dans la ville de Kirkouk. Cheikh Moullah Mohammad Roustom Kaka, chef du Comité kurde des oulémas religieux (sunnite), a été abattu par des tirs d'inconnus contre sa voiture dans l'est de Kirkouk à 10H55 (07H55 GMT). Un responsable de PDK à Kirkouk, Najat Hassan Karim, a imputé la responsabilité de l'assassinat « aux forces de l'ordre et à l'administration de Kirkouk ». D’autre part, une voiture piégée a explosé le 22 février près du quartier général de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) à Bagdad, tuant quatre personnes et en blessant 30 autres. L'attaque visait apparemment un convoi militaire irakien près de la Zone Verte, où se trouvent le gouvernement irakien et les ambassades américaine et britannique.

Dans la région sunnite de nombreux attentats ont lieu, notamment à Tikrit le 24 février où un attentat suicide a fait dix morts et 22 blessés dans la cour du quartier général de la police. Le kamikaze a fait exploser son véhicule au milieu de policiers qui étaient rassemblés pour la revue matinale.

Par ailleurs, l'Union européenne a, le 22 février, offert de former 770 policiers et juges irakiens sur son territoire et dans des pays voisins de l'Irak. La mission doit débuter à la mi-2005. Elle pourrait s'étendre à l'Irak si la sécurité le permet.



Ce plan, approuvé par les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Bruxelles, intervient au moment où la visite du président américain George Bush marque le rapprochement entre les Etats-Unis et les Européens, que la guerre en Irak avait divisés. «C'est la première action unie de l'UE (...) allant au delà de l'aide économique et monétaire que nous avons offerte», a déclaré Javier Solana, chef de la diplomatie européenne. Des diplomates européens ont estimé que la mission de formation coûterait une dizaine de millions d'euros en fonds de l'UE. S'y ajouteraient 15 à 18 millions d'euros fournis par des Etats membres.

Le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer s'est enorgueilli des engagements des 26 membres de l'Alliance de prendre part à la formation de l'armée irakienne. Cependant, de grandes divergences existent quant à la contribution de chaque pays. Au total, l'Otan dépêcherait environ 160 formateurs. Soixante d'entre eux proviendraient des rangs de l'armée américaine tandis que la France, un des pays les plus critiques de l'intervention en Irak, n'a accepté de mettre qu'un de ses officiers à disposition, pour coordonner depuis le QG de l'Otan les aides en équipement pour l'armée irakienne.

L'Union européenne a également proposé de co-organiser avec les Etats-Unis une conférence destinée à « encourager et coordonner le soutien international à l'Irak ». « Les Etats-Unis et l'Europe se tiennent côte-à-côte pour soutenir le peuple irakien », a déclaré le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, président en exercice de l'UE, lors d'une conférence de presse commune avec le président américain George W. Bush en clôture d'un sommet USA-UE à Bruxelles. « Si le nouveau gouvernement irakien le demande, les Etats-Unis et l'Union européenne sont prêts à co-organiser une conférence internationale pour offrir un forum destiné à encourager et coordonner le soutien international à l'Irak », a ajouté M. Juncker, sans préciser la date et le lieu d'une telle conférence. Selon M. Juncker, les discussions entre George W. Bush et les 25 dirigeants de l'UE ont montré que les deux parties « partageaient le même calendrier ».

Lors de son discours annuel sur l'état de l'Union, le 2 février, le président américain George W. Bush, a refusé de fournir « un calendrier artificiel » pour le retrait des troupes américaines de l'Irak, estimant que ce pays constitue « un front vital dans la guerre contre le terrorisme ». Sous les applaudissements des membres du Congrès, le président américain a rappelé que les Etats-Unis se trouvaient en Irak pour obtenir un résultat: « un pays qui est démocratique, représentatif de son peuple, en paix avec ses voisins, et capable de se défendre ». George W. Bush a également appelé le Congrès à soutenir sa demande d'un budget supplémentaire de 80 milliards de dollars pour la guerre en Irak et en Afghanistan. « En ce temps de guerre, nous devons continuer à soutenir notre armée et lui donner les instruments de la victoire », a-t-il déclaré.

Enfin, le 27 février, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a mis en garde contre un projet américain visant à établir un nouveau système de mines antipersonnel en Irak pouvant être déclenchées à distance. Ce nouveau système, appelé Matrix, permet à un soldat de déclencher via un signal radio, à plusieurs kilomètres de distance, des mines de type Claymore grâce à un ordinateur portable.

LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE FRANÇAISE ET LES QUATRE PRÉSIDENTS DES GROUPES PARLEMENTAIRES SE RENDENT EN TURQUIE POUR UNE MISSION D’INFORMATION

Le président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré et les quatre présidents des groupes parlementaires se sont rendus le 3 février en Turquie pour « écouter et comprendre sans a priori » la position d'Ankara sur son éventuelle adhésion à l'Union européenne. Ce déplacement est inédit car jamais sous la Ve République, un président de l'Assemblée n'était parti à l'étranger accompagné de tous les présidents de groupe. « C'est une révolution tranquille », a concédé le 1er février Jean Louis Debré. Pour autant, il précise qu'il ne s'agit pas de « diplomatie parlementaire ». « La diplomatie est faite par l'Etat. La diplomatie, c'est la négociation. Nous, nous voulons nous informer, assure-t-il, car nous serons appelés à nous prononcer au final » sur l'adhésion de la Turquie à l'UE.

Au-delà de ce caractère inédit, ce voyage revêt une importance particulière au moment où le Parlement examine la révision constitutionnelle préalable au référendum du printemps prochain sur la Constitution européenne. Car tout au long des débats à l'Assemblée, la question turque a occupé une large place, alors que le président Jacques Chirac et les partisans du oui à la Constitution européenne s'emploient à dissocier les deux dossiers. Beaucoup craignent en effet que l'éventualité d'une adhésion d'Ankara, qui n'aura pas lieu avant quinze ans, ne vienne donner du grain à moudre aux partisans du non. Et ceci en dépit d'une disposition du projet de révision constitutionnelle instaurant un référendum pour toutes les nouvelles adhésions, qui pourrait s'appliquer le moment venu à la Turquie.

En emmenant avec lui les quatre présidents de groupe, Bernard Accoyer (UMP), Jean-Marc Ayrault (PS), Alain Bocquet (PCF) et Hervé Morin (UDF), Jean-Louis Debré, qui est un des proches du chef de l'Etat, peut espérer dépassionner le sujet, même s'il affirme qu'il ne s'agit « pas d'une opération de politique intérieure ». Pour lui, « on peut avoir deux attitudes possibles: leur claquer la porte au nez ou bien voir si on peut cohabiter sous le même toit ». Il souhaite en outre montrer que « sur les grands sujets, l'Assemblée est une et à la fois multiple », avec la diversité des positions des groupes.

Au cours de ce déplacement de trois jours, les parlementaires ont rencontré outre les responsables politiques turcs comme le président Ahmet Necdet Sezer et le Premier ministre Recep Erdogan, des syndicalistes, des personnalités religieuses et militaires, des ONG, des associations de Droits de l'Homme, et des étudiants. L'objectif de M. Debré est de renouveler, sous le même format, cette mission tous « les ans ou tous les 18 mois » pour suivre l'évolution de la démarche turque, « non pas en inquisiteurs mais pour être informé ». Il évoque aussi « des missions ponctuelles » de députés sur certains sujets précis comme le code pénal, la loi sur le droit syndical, la laïcité, le droit des associations.

L’ANCIEN PREMIER MINISTRE TURC MESUT YILMAZ ET SON MINISTRE DE L’ÉCONOMIE COMPARAISSENT DEVANT LA COUR SUPRÊME POUR CORRUPTION

Pour la première fois de l'histoire de la Turquie, un ancien chef de gouvernement a comparu devant ce tribunal d'exception qui juge les anciens ministres. L'ancien Premier ministre turc Mesut Yilmaz et son ex-ministre de l'Economie Gunes Taner ont comparu le 16 février devant un tribunal spécial pour répondre d'accusations de corruption dans des faits qui remontent à 1998. Ces accusations n'ont pas empêché Mesut Yilmaz d'être vivement applaudi dès son arrivée au tribunal, dans le centre d'Ankara. Près de 250 de ses anciens partisans étaient présents. Pour la circonstance, La Cour constitutionnelle a pris le nom de Cour suprême, plus haute instance juridique du pays. Son jugement ne sera pas susceptible d'appel

MM. Yilmaz et Taner, soupçonnés de malversations au moment de la privatisation de la banque publique Turkbank, avaient été renvoyés en octobre 2004 devant la justice par les députés turcs qui s'étaient prononcés sur les conclusions d'une commission d'enquête parlementaire. Les deux hommes se voient notamment reprocher d'avoir vendu dans des conditions irrégulières la banque --qui a cessé depuis ses activités-- à un homme d'affaires controversé et réputé chef mafieux, affaire qui avait mené à la chute de leur gouvernement de coalition tripartite.

Cette même Cour juge actuellement pour des accusations de corruption, lors d'audiences séparées, quatre anciens ministres dont deux de l'Energie qui ont fait partie des gouvernements dirigés par le Parti de la mère Patrie (ANAP, conservateur) dans le passé.

M. Yilmaz, trois fois Premier ministre dans les années 1990 et ancien chef de l'ANAP a plusieurs fois dû répondre devant ses pairs à l'Assemblée nationale d'accusations de fraude massive, mais a à chaque fois été blanchi. Tout comme M. Taner, il s'est retiré de la vie politique après la défaite de l'ANAP aux élections législatives de 2002. Il avait suspendu pendant un an le dialogue politique d'Ankara avec l'Union européenne (UE) lorsque les dirigeants européens n'avaient pas inclus la Turquie lors de leur sommet de Luxembourg, en décembre 1997, dans la liste des pays éligibles à l'adhésion à l'Union.

La droite traditionnelle représentée par les anciens Premiers ministres Mesut Yilmaz et Mme Tansu Ciller --qui a aussi quitté la politique-- avait été l'une des grandes perdantes du dernier scrutin législatif, n'ayant pu envoyer aucun représentant au parlement. A la suite de ce scrutin, un tout nouveau parti politique, celui de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), s'était retrouvé seul à la tête du pouvoir.

Cette formation, dirigée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, s'est engagée à éradiquer la corruption qui était endémique en Turquie lors de son arrivée au pouvoir en novembre 2002. Elle est aujourd'hui sommée de mettre en oeuvre ses promesses, tant par son électorat que par l'UE avec laquelle Ankara entamera le 3 octobre prochain des négociations d'adhésion.

TÉHÉRAN DEVRAIT POUVOIR METTRE EN SERVICE SON PREMIER RÉACTEUR NUCLÉAIRE GRÀCE À LA FOURNITURE DU COMBUSTIBLE NUCLÉAIRE RUSSE

L'Iran et la Russie ont signé le 27 février un contrat de fourniture de combustible nucléaire russe, qui va permettre la mise en service du premier réacteur nucléaire iranien. Le vice-président iranien Gholamreza Aghazadeh et Alexander Rumyantsev, le chef de l'Agence russe de l'énergie atomique, ont signé cet accord à Bushehr. Cette signature avait été reportée d'un jour après un désaccord de dernière minute portant sur le calendrier.

En vertu de cet accord, Moscou va fournir le combustible nucléaire, de l'uranium enrichi, à Téhéran et rapatrier le combustible usagé, disposition censée garantir qu'il ne sera pas détourné à des fins militaires. Téhéran a accepté cette mesure, mais les deux parties n'étaient pas parvenues à se mettre d'accord sur son financement. « Dans les prochains jours, de nombreux techniciens russes arriveront à Bushehr pour accélérer » les opérations d'assemblage du réacteur, a déclaré M. Rumyantsev. «Notre coopération est conforme aux réglementations internationales. L'Iran observe toutes les régulations sur l'interdiction de la prolifération des armes nucléaires», a-t-il ajouté. Les deux parties ont assuré être parvenus à un accord sur le rapatriement du combustible usagé, mais précisé que le calendrier et le financement de l'opération étaient confidentiels.

Cette signature fait suite à la rencontre le 24 février en Slovaquie entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain George W. Bush. Washington accuse Téhéran de vouloir fabriquer une bombe nucléaire, des accusations démenties par le régime iranien. M. Poutine s'est dit certain que l'Iran ne cherchait pas à se doter de l'arme nucléaire et a affirmé que la coopération russo-iranienne se poursuivrait.



La Russie a participé à la construction du réacteur de la centrale de Bushehr, qui a coûté 80 millions de dollars. Ce réacteur, à eau légère, est capable de générer 1.000 mégawatts d'électricité. Alexander Rumyantsev a précisé que des experts et techniciens achèveront son installation au cours des dix prochains mois. «Trois mois après, il y aura un essai de la centrale, et dans les six mois qui suivront, la centrale produira de l'électricité».

Selon des spécialistes, l'Iran a acquis depuis la fin des années 80 les connaissances nécessaires à la fabrication d'armes nucléaires via le marché noir et les réseaux clandestins mis en place par le savant pakistanais Abdul Qadeer Khan.

Par ailleurs, le président iranien Mohammad Khatami avait reconnu le 23 février que de « profondes divergences » persistaient entre l'Union européenne et Téhéran sur le programme nucléaire iranien. Les Européens tentent de convaincre l'Iran de renoncer définitivement à son programme d'enrichissement d'uranium, activités que Téhéran s'est déjà engagé à suspendre temporairement au terme d'un accord conclu l'an dernier avec l'UE. « Nous devons donner des garanties objectives aux (Européens) sur le fait que nous ne nous écarterons pas de la voie pacifique », avait souligné le président iranien. Mais, en retour, les Européens « doivent donner des garanties objectives sur le fait que nos droits et notre sécurité seront protégés », avait-il ajouté.

De plus, un représentant du puissant Conseil suprême de sécurité nationale, Ali Agha Mohammadi, avait affirmé le 2 février que l'Iran n'abandonnerait jamais son programme nucléaire, soulignant que les discussions avec les Européens visaient à protéger ses réalisations nucléaires. M. Mohammadi avait précisé que l'Iran ne reviendrait pas sur ses ambitions nucléaires même si les discussions en cours avec les Européens se soldaient par un échec.

HUMAN RIGHTS WATCH RÉVÈLE DES PREUVES SUR L’IMPLICATION D’ALI LE CHIMIQUE DANS LE MASSACRE DE DIZAINES DE CHIITES APRÈS UNE RÉVOLTE À BASSORAH

Dans un rapport daté du 17 février, Human Rights Watch (HRW) accuse Ali Hassan al-Majid, plus connu sous le nom d' « Ali le Chimique » pour son rôle dans le gazage de Kurdes d’Irak en 1988, d’avoir orchestré le massacre de dizaines de chiites après une révolte à Bassorah (sud) en 1999. L'organisation internationale de défense des droits de l'Homme apporte de nouvelles preuves contre l'un des bourreaux les plus connus du régime déchu de Saddam Hussein, qui pourraient constituer de nouvelles charges contre lui, alors qu'il s'apprête, à l'instar d'autres membres du parti Baas déchu, à passer devant la justice. « Le rôle de Majid dans le génocide contre les Kurdes est bien connu, mais il apparaît qu'il a aussi versé du sang à Bassorah en 1999 », affirme Joe Stork, le directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord de l'organisation basée à New York.

Saddam Hussein aurait personnellement ordonné l'assassinat cette année-là du dignitaire chiite Mohammed Sadeq Al-Sadr. Cet ayatollah avait été l'instigateur d'un soulèvement des chiites dans le sud du pays. Selon HRW, des documents prouvent l'implication d' « Ali le Chimique », cousin du président déchu, dans l'exécution d'au moins 120 hommes à Bassorah, peu après ce soulèvement.

Son rapport, rédigé après une enquête à Bassorah en 2003, « suggère que les forces irakiennes de sécurité et les membres du parti Baas, sous le commandement et la supervision directs d'Ali Hassan Al-Majid, ont procédé à des exécutions extrajudiciaires systématiques, à des arrestations et à des détentions arbitraires à grande échelle, ainsi qu'à des tortures et à des punitions collectives ». Le rapport met l'accent sur des documents officiels prouvant la responsabilité directe de Majid dans ces exécutions.

Selon des avocats, la culpabilité de Majid pourrait s'avérer difficile à prouver pour des attaques survenues il y a aussi longtemps. Mais les preuves réunies par Human Rights Watch sont plus récentes, et pourraient donc se révéler plus convaincantes devant un tribunal. Ses enquêteurs se sont rendus à Bassorah en avril et en mai 2003, et ont obtenu un document écrit de quatre pages auprès de dignitaires chiites. Ce document avait été retrouvé dans les bureaux de la police secrète de Saddam Hussein, au moment du pillage de bâtiments gouvernementaux, après l'entrée dans la ville en avril 2003 des troupes britanniques. Cette liste est anonyme et ne comprend aucun en-tête officiel permettant de la lier aux forces de sécurité irakiennes, une précaution déjà prise par l'ancien régime avec d'autres documents potentiellement incriminants, selon Human Rights Watch. Mais son authenticité est renforcée par le fait que des proches ont identifié 29 personnes y figurant dont les corps ont été exhumés d'un charnier près de Bassorah. Répartis dans des colonnes nettement délimitées figurent des noms d'hommes et d'adolescents de 16 à 36 ans, leurs adresses à Bassorah, la date de leur exécution et les équipes qui ont procédé aux exécutions.

Chaque page porte ce titre: « Listes des noms des criminels qui ont avoué avoir pris part aux événements des 17 et 18 mars 1999 ». Les captifs ont été exécutés en quatre vagues, entre le 25 mars et le 8 mai 1999, et le document précise que l'ordre était donné par « le commandant du secteur Sud », c'est-à-dire Majid. « C'est ainsi qu'il se présentait alors dans les communiqués officiels du régime irakien. Toutes les personnes interrogées par Human Rights Watch à Bassorah en 2003 ont identifié le 'commandant du secteur Sud', en 1999, comme étant Majid », précise le rapport. L'organisation a également retrouvé des témoins des exécutions.

« Ali le chimique » a été arrêté le 21 août 2003 par l'armée américaine. Il est également accusé d'avoir participé à l'invasion du Koweït en 1990 et à la répression de l'insurrection chiite en 1991. Il pourrait devenir l'un des premiers parmi les 11 responsables de l'ancien régime aujourd'hui sous les verrous à être jugé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide, charges qui pourraient le faire condamner à la pendaison ou au peloton d'exécution. « Ali le chimique » et l'ancien ministre de la Défense Sultan Hachem Ahmad ont été les premiers des hiérarques du régime de Saddam Hussein à être entendus par un juge d'instruction du Tribunal spécial irakien (TSI), en décembre 2004.

LA COMMISSION EUROPÉENNE CONTRE LE RACISME ET L’INTOLÉRANCE DÉNONCE LES DISCRIMINATIONS À L’ENCONTRE DES KURDES ET DES ROMS EN TURQUIE

La Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), une instance du Conseil de l'Europe, a dénoncé les discriminations qui continuent de frapper les Kurdes, les Roms et les groupes minoritaires en Turquie. Dans un rapport adopté en juin 2004 et rendu public le 15 février, l'ECRI relève qu'en dépit des « importantes » réformes constitutionnelles et législatives mises en place ces dernières années, des « progrès » restent à faire en direction des groupes minoritaires tels que les Kurdes, les Roms et les immigrés. Ces derniers, note le rapport, continuent à faire l'objet de mauvais traitements de la part des forces de l'ordre. Des « propos et actes intolérants » qui proviennent des médias ou du grand public les visent et ne font l'objet « d'aucune sanction ».

L'ECRI recommande aux autorités turques de prendre des mesures « pour régler le problème des Kurdes, notamment de ceux qui ont été déplacés à l'intérieur du pays, mais aussi des Roms et des groupes religieux minoritaires ». L'ECRI estime également que des « progrès » restent à faire en matière de liberté religieuse, notamment la suppression de la mention de la religion sur la carte d'identité -- il n'est pas possible d'indiquer qu'une personne est athée -- et du cours de religion obligatoire à l'école. Ces cours devraient devenir facultatifs pour tous et être revus à l'avenir « pour qu'ils dépeignent véritablement l'ensemble des cultures religieuses et ne soient plus perçus comme des cours d'instruction de la religion musulmane » relève l'ECRI.

L’ECRI, qui est un organe du Conseil de l’Europe fondé en 1993, radiographie régulièrement les problèmes de discrimination dans les pays membres, sans lien direct ou indirect avec leur liens avec l'Union européenne ou leur processus d'adhésion, comme pour la Turquie. Il n'empêche qu'à Ankara, il a passablement irrité les autorités.

AINSI QUE...

LEYLA ZANA JUGÉE UNE TROISIÈME FOIS PAR UNE COUR D’ASSISES TURQUE. Leyla Zana et ses trois collègues, anciens députés kurdes ont, le 25 février, plaidé non coupables lors d'un premier plaidoyer devant un tribunal d'Ankara, qui les juge pour la troisième fois. « Je rejette les accusations », a déclaré devant la Cour d'assises Leyla Zana. La lauréate 1995 du Prix Sakharov du Parlement européen a demandé que le procès soit « équitable », conformément à une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). Ses trois anciens co-détenus, Hatip Dicle, Selim Sadak et Orhan Dogan, ont également rejeté les accusations et plaidé non coupables.

La Cour a fixé la prochaine audience au 22 avril après que la défense a demandé un délai supplémentaire afin de donner son avis sur la façon de poursuivre ce procès, à la lumière des récentes réformes légales adoptées par la Turquie pour se rapprocher des normes européennes de démocratie.

Après avoir passé dix ans derrière les barreaux, Mme Zana et ses trois camarades avaient été libérés par une Cour d'appel en juin 2004 en attendant la révision de leur dernier procès. Le verdict prononcé en 1994 à leur encontre pour « séparatisme » avait été contesté par les organisations européennes de défense des droits de l'Homme. La CEDH, qui avait jugé inéquitable leur premier procès, avait réclamé une nouvelle comparution. Les quatre détenus ont été rejugés l'an dernier mais le nouveau procès n'a fait que confirmer la précédente condamnation, provoquant des réactions négatives en Europe. Un troisième procès s'est ouvert le 22 octobre 2004 après que la Cour de cassation eut cassé le deuxième jugement pour vice de procédure.

STRASBOURG : ANKARA CONDAMNÉ POUR DES MAUVAIS TRAITEMENTS INFLIGÉS EN DÉTENTION À UN KURDE. La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a condamné le 3 février la Turquie pour des tortures infligées pendant sa garde à vue en 1997 à un homme de 34 ans soupçonné de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). La Cour a alloué à Lazgin Biyan, détenu à la maison d'arrêt d'Aydin, 9.000 euros pour dommage moral pour la violation de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme (interdiction de la torture) et 3.000 euros pour frais et dépens.

Le requérant, soupçonné d'être « membre d'un comité secret constitué pour porter aide et assistance au PKK » et condamné en 1998 à 12 ans d'emprisonnement pour « appartenance à une organisation illégale », avait été arrêté en mars 1997. Il se plaignait d'avoir été déshabillé durant sa garde à vue, d'avoir subi des électrochocs, reçu des coups de bâton et de câble, été aspergé avec de l'eau froide et d'avoir fait l'objet d'injures et de menaces de mort afin de lui extorquer des aveux. Le gouvernement turc a soutenu, selon la Cour, que « sous l'effet de l'anxiété, le requérant se serait automutilé en utilisant les boutons de sa veste et la fermeture de son pantalon ».

Dans son arrêt, la Cour s'est interrogée « sur la possibilité qu'aurait eu le requérant de s'infliger de telles lésions, sur différentes parties du corps et notamment le dos » et estimé que l'explication du gouvernement n'était « pas plausible ». La CEDH a également condamné la Turquie pour violation de l'article 6 (droit à un procès équitable) de la Convention européenne des droits de l'Homme, en raison du manque d'indépendance et d'impartialité de la cour de sûreté de l'Etat l'ayant jugé et condamné.

« DOUZE ANS TREIZE BALLES, POURQUOI ?» DEMANDENT DES MANIFESTANTS RASSEMBLÉS LORS DU PROCÈS DES POLICIERS INCULPÉS APRÈS LA MORT D’UN JEUNE KURDE ET DE SON PÈRE. Le procès de quatre policiers inculpés après la mort d'un jeune Kurde et de son père, abattus en novembre par la police turque, s'est ouvert le 21 février à Mardin. Les quatre fonctionnaires, mutés dans d'autres régions de Turquie, n'ont pas comparu à une audience marquée par des manifestations, des mesures de sécurité exceptionnelles et la présence de nombreux politiciens et observateurs de la société civile. Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant les locaux du gouvernorat de Mardin, proches du tribunal, pour condamner le meurtre d'Ahmet Kaymaz et de son fils âgé de 12 ans, Ugur, tués le 21 novembre par des tirs à l'extérieur de leur maison dans la ville de Kiziltepe. « Douze ans, treize balles, pourquoi? » pouvait on lire sur les pancartes brandies par les manifestants, selon les images diffusées par la chaîne de télévision NTV.

Lors de l'audience, les avocats de la défense ont affirmé que leurs clients, passibles de deux à six ans d'emprisonnement, n'avaient fait que répondre aux coups de feu dirigés contre eux par les victimes. « Ils avaient ouvert le feu contre nos clients. C'est au cours de l'affrontement qu'Ahmet et Ugur Kaymaz ont perdu la vie », ont plaidé Sedat Altun et Veysel Guler, cités par l'agence de presse Anatolie, après avoir demandé le transfert du procès dans une autre ville pour des raisons de sécurité.

Les représentants de la partie civile ont, à l'instar des organisations de défense des droits de l'homme qui avaient dénoncé l'affaire, estimé que le père et son fils étaient des civils non armés, demandé l'incarcération des policiers et contesté l'acte d'accusation. Celui-ci mentionne qu'un pistolet ayant servi lors d'une attaque contre une station de police locale a été retrouvé sur le corps du père et requiert que les policiers impliqués dans la tuerie soient jugés pour avoir outrepassé les limites de la légitime défense.

Le mois dernier, une commission d'enquête parlementaire a accusé la police de « grave négligence » et conclu que Kaymaz et son fils auraient pu être capturés sans dommages. « Nous demandons que les inculpés soient arrêtés et soient jugés pour le meurtre de plus d'une personne », a déclaré l'avocat Tahir Elci.

Outre la famille des victimes, le président du Parti démocratique du peuple (Dehap) Tuncer Bakirhan, des membres de la commission parlementaire chargée des droits de l'Homme et des représentants des barreaux de plusieurs villes de Turquie ont assisté à l'audience.

Suivant l'avis du ministère public, le tribunal a rejeté les demandes de la partie civile et transmis au procureur général de Mardin celle concernant une délocalisation du procès. Les juges ont finalement remis l'audience au 16 mai.

LE HCR INQUIET SUR LE SORT DES 102 KURDES IRANIENS QUI FUIENT L’UNE DES RÉGIONS LES MOINS STABLES D’IRAK ALORS QUE LA JORDANIE ACCEPTE SEULEMENT LEUR TRANSIT. La porte-parole du gouvernement jordanien, Asma Khodr, a, le 13 février, déclaré que la Jordanie est prête à laisser passer en transit des Kurdes iraniens bloqués à la frontière entre l'Irak et la Jordanie, mais ne leur permettra pas de résider sur son territoire. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et la communauté internationale doivent trouver une solution permanente pour ces réfugiés, indique Mme Khodr dans un entretien publié par le quotidien Jordan Times. « Le royaume est prêt à faciliter l'entrée de ces réfugiés en transit si le HCR parvient à leur trouver un pays d'accueil », a-t-elle indiqué. « Nous ne pouvons pas leur accorder l'asile », a souligné Mme Khodr réaffirmant la position de la Jordanie qui s'oppose à l'accueil de réfugiés sur son territoire pour des raisons économiques et démographiques. La Jordanie abrite déjà 1,7 million de réfugiés palestiniens.

Le HCR s'était dit inquiet le 11 février pour 102 Kurdes iraniens qui se sont vu refuser l’entrée dans le royaume hachémite. Selon le HCR, ces personnes, parmi lesquelles figurent un grand nombre d'enfants et au moins cinq femmes enceintes, ont fui le camp de réfugiés d'Al-Tach situé à l'ouest de Bagdad entre les villes de Ramadi et Falloujah, c'est-à-dire dans l'une des régions les moins stables d'Irak. « On ne leur a pas permis d'entrer en Jordanie ni de rejoindre un autre groupe de 660 réfugiés - principalement des Kurdes iraniens d'Al-Tach - qui vivent depuis un an et demi dans un camp installé dans la zone neutre entre les deux pays », avait ajouté le HCR, indiquant vouloir tenter de les reloger dans le Kurdistan irakien ou à al-Tach.

En décembre 2004, 185 Kurdes iraniens bloqués depuis plus de 18 mois à la frontière jordano-irakienne avaient été accueillis en Suède, où ils ont obtenu l'asile politique.

LA TURQUIE DÉCIDE DE MAINTENIR AU SECRET LES CORRESPONDANCES ET LE JOURNAL INTIME DE L’ÉPOUSE D’ATATURK POUR NE PAS TERNIR L’IMAGE DE CE-DERNIER. La Turquie a décidé de ne pas rendre publiques les correspondances et le journal intime de l'épouse de Mustafa Kemal Ataturk, qui auraient pu éclaircir les mystères entourant le mariage tumultueux du fondateur de la République turque. Alors que le débat sur la publication des écrits de l'énigmatique Latife Usakligil faisait rage depuis plusieurs semaines après l'expiration d'une interdiction émise par un tribunal en 1980, le président de la Fondation d'histoire turque a affirmé le 3 février que la famille de Mme Usakligil avait demandé le maintien de ces documents au secret. « L'affaire est terminée. Il nous est impossible désormais de les diffuser », a déclaré Yusuf Halacoglu à l'agence de presse Anatolie.

Un demi-siècle après son divorce et 37 ans après le décès de son ex-époux, Mme Usakligil s'est éteinte en 1975, emportant dans la tombe les secrets de son bref mariage avec Ataturk. Des informations parcellaires sur cette union ont cependant filtré à travers les mémoires publiées par les assistants d'Ataturk, qui ont décrit « Madame Latife » comme une jeune femme autoritaire et querelleuse, frustrée par les abus d'alcool de son mari et l'invasion de leur vie privée par ses camarades. Selon ces récits, la jeune épouse était capable de prendre à partie son conjoint de 20 ans son aîné en public et de trépigner de colère quand les dîners de travail arrosés de raki duraient jusqu'au petit matin. Ataturk a finalement décidé deux ans après le mariage de divorcer de cette épouse polyglotte et éduquée à l'occidentale qui, ironiquement, est dépeinte comme étant à l'origine de plusieurs réformes mises en oeuvre par le chef d'Etat pour libérer les femmes turques de l'emprise des traditions patriarcales.

Les opposants à la divulgation des écrits de Latife Usakligil ont fait valoir que les détails de la vie privée d'Ataturk pourraient ternir son image et être détournés par les islamistes déplorant ses réformes. « Personne dans ce pays n'aura le pouvoir de transformer Latife et Mustafa Kemal Ataturk en animaux médiatiques », a commenté le même jour l'éditorialiste Emin Colasan dans le quotidien turc Hurriyet.