Proverbes kurdes



PRECEDES D'UNE ETUDE
SUR LA POESIE KURDE
PAR
LUCIE PAUL-MARGUERITTE
ET
L'EMIR KAMURAN BEDIR KHAN





PARIS
EDITIONS BERGER-LEVRAULT
5, rue Auguste-Comte (6e)
1937


Une bonne réputation vaut tous les sacrifices. Conserve la tienne intacte à n'importe quel prix.

*

Si tu ne peux offrir du pain de blé, offre au moins des paroles suaves.

*

Toi qui confies au passant la chair de ton âme, tu t'en repentiras.

*

Si Dieu est ton ami, peu importe que ton sabre soit de bois.

*

Redoutez l'eau dormante, elle est plus dangereuse que l'eau vive.

*

Ne donne aucune foi aux paroles du prêtre, même si son turban est constellé de pierres précieuses.

*

Si tu ne frappais pas à la porte de ton voisin, il ne frapperait pas à la tienne.

*

Ce n'est pas avec des "si" qu'on attrape la rose des tresses blondes.

*

Les nuits dorment, les ennemis veillent.

*

Un ennemi intelligent est préférable à un sot ami.

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Mille amis, c'est peu. Un ennemi, c'est trop.

*

Le courage l'emporte sur le nombre.

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Le bélier est pour le couteau.

*

La mort est notre hôte.

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Notre chien veut bien recevoir nos coups; il s'enfuit devant le bâton étranger.

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Chaque prophète a prié pour son âme.

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Quand l'ours vieillit, il devient le jouet des oursons.

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Si le pieu ne s'enfonce pas dans le sol, prends un marteau.

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La chèvre sans cornes ne supporte pas longtemps l'injustice de la chèvre à cornes.

*

Avec un âne, tu possèdes un fils.
Avec un gendre, tu ne possèdes qu'un âne.

*

La richesse gagnée indûment ne nous permet pas de reposer nos os.

*

Le mouton ne pense qu'au couteau. Le boucher ne pense qu'à la viande.

*

Le voisin a le pas sur les parents.

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Il vaut mieux être mâle un seul jour que femelle dix jours de suite.

*

Il vaut mieux être un coq durant un jour que poule durant toute une année.

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La richesse thésaurisée est celle des tyrans.

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Il s'est enrichi, c'est un fait, mais il a brûlé tous les citoyens.

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Les héros reviennent couverts de gloire. Les masses reviennent chargées de richesses.

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Serais-tu immense, ô richesse, tu n'entrerais pas dans le tombeau.

*

Dans la cage la plus dorée, l'oiseau soupire: "O ma patrie, ô ma patrie!"

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Damas est en sucre, mais la patrie est plus douce.

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Quand le chat n'est pas à la maison, la souris est le chef des pasteur.

*

Chaque tresse blonde est suivie par une moustache blonde.
La mère du voleur frissonne deux fois: de joie et d'effroi.

*

Mange peu, mange souvent.

*

La femme est la colombe de la maison.

*

Dans une maison pleine d'enfants, le diable n'entre pas.

*

L'homme qui possède deux femmes est un portier.

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Les châteaux construits par l'argent se détruisent.
Les châteaux construits par les fils restent debout.

*

L'homme est un fleuve, la femme est un lac.

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Ne t'inquiète pas de la femme que tu vas prendre, mais connais bien sa famille.

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La femme est une forteresse, l'homme est son prisonnier.

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La richesse des riches agite incessamment la langue des pauvres.

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L'hôte est un envoyé de Dieu.

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Quand deux hôtes se querellent, celui qui les reçoit a grand peine à les supporter.

*

Le retardataire doit se contenter de ce qui lui est offert par son hôte.

*

Sois serviable envers les vieux. Quand tu seras vieux, à ton tour, on te servira.

*

La gentillesse du gentihomme est une dette que son obligé contracte.

*

Si tu reçois un roseau, donne un cheval en échange.

*

Quand le grand devient pont, garde-toi de passer sur lui.

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La peau du bétail est le fardeau de l'âne.

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Les souris ont tenu conseil, et elles ont décidé d'accrocher une sonnette au cou du chat.

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La rose n'est jamais sans épine.

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Qui aime la rose aime l'épine.

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Le frère est le frère, mais les affaires sont les affaires.

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On peut présager une nuit noire à la couleur du crépuscule.

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L'ami est l'ami, mais le frère nous est cher.

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Ce n'est pas en prononçant le mot "douceur", que la langue devient douce.

*

Si l'on accepte une complaisance, il faut déposer son poignard.

*

Ne glorifie pas celui qui est sans mérite, et ne fabrique pas une selle d'âne avec de la soie.

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La poule voulut se faire aussi grosse que l'oie? Elle en a éclaté!

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Esprit léger, lourd fardeau.

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Ce sont les pieds qui portent le fardeau d'une cervelle vide.

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Acheter trop bon marché, c'est mettre de l'eau dans une outre percée.

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Le renard n'a pas faim: le raisin est vert.

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Les petits du serpent sont toujours des serpents.

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La caverne du lion n'est jamais dépourvue d'os.

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Toute chose se casse en devenant trop mince. L'homme se brise en devenant fort.

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La peur est le tombeau du loup.

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Soyez braves: on ne meurt qu'une seule fois.

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Personne ne dit: "Mon petit lait est aigre".

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On ne peut pas porter deux pastèques d'un seul bras.

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Le cur pusillanime ne réjouira pas sa vue d'une poitrine blanche.

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Quand on conseille au loup de marcher devant les moutons, il objecte qu'il a mal au pied.

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"Nous t'avons nommé Prince des Poulets", fut-il dit au renard. Il répondit en pleurant: "Je n'ose croire à ma chance."

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- Vous donnez votre suc, dit l'abeille aux fleurs, mais c'est moi qui fabrique le miel.

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Si tu piques, sois au moins une abeille industrieuse.

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Avec de la patience, le raisin finit par devenir sucré.

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Quand on a de la chance on peut bien semer du sel, il pousse en herbe.

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Si Dieu n'aimait pas les belles, il ne les aurait pas créées.

*

Dieu est beau, il est donc naturel qu'il aime les belles.

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L'homme intelligent arrive à faire sortir le pain de la pierre.

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Qui grandit trop vite périra.

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L'été est le père des pauvres.

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Qui creuse un fossé pour son ami y tombe.

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Le chat, ne pouvant s'emparer du rôti, décréta: "Pour honorer mon père, je ne mangerai pas."

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Aie confiance en ta patte, ô lion, car le saint cheikh ne viendra pas te secourir.

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La guerre est préférable à l'oisiveté.

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Le mouton et le loup peuvent finir par s'entendre.

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Oublie ta bonne action, Dieu, lui, s'en souviendra.

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Ne t'endors pas dans l'ombre du renard, laisse-toi plutôt dévorer par le lion.

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Ton père est mort? Peu importe qu'il ait été tué par un cavalier ou par un fantassin!

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Si tu es riche, tu peux te permettre d'être garant dans une affaire.
Si tu as du temps à perdre, tu peux t'amuser à être témoin.

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Quand les chauves meurent, les regrets en font des têtes bouclées.

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- De quel pays es-tu?
- Je ne suis pas encore marié.

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C'est le cheval qui court, et c'est le cavalier qui se glorifie.

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Avec un bon cheval, le fouet est inutile.

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Le pot-au-feu se vantait d'avoir un intérieur en or.
- Je sors du pot-au-feu, lui répondit la louche.
Quand la langue ne peut pas se taire, l'âme ne connaît pas le repos.

*

Je te dis que c'est un mâle, et tu me conseilles de le traire.

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Il ne voit pas la charrue qui est dans son il, mais il voit l'épingle dans l'il du voisin.

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Un estomac rassasié ne soupçonne pas la faim.

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Le bruit de la grosse caisse est agréable de loin.

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Quand l'homme se fait loup, le loup n'ose pas s'attaquer à lui.

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Si la nuit devient noire, fais-toi plus noir encore.

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Le renard bavard se laisse toujours prendre au piège.

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La main lave la main, et ensuite les deux mains lavent le visage.

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L'homme patient est le roi de l'Egypte.

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Donne le lait de l'automne à ceux qui te sont chers.

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Le hérisson frotte sa tête contre ses piquants et les trouve mous.

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Le voleur qui n'est pas démasqué est un roi.

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En taillant ses poils, un chien ne devient pas lévrier.

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Ils se sont rendus à la maison du mort, mais chacun a pleuré sur ses propres morts.

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Donnez au prêtre ainsi que le veut l'usage.
Que le mort s'en aille ensuite au paradis ou en enfer, ça, c'est une autre affaire!

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Quand la maison est pleine de coqs, le matin est tardif.

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Quand le loup se fait vieux, il devient le bouffon du chien.

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La bouche n'est pas un trou de mur qu'on puisse fermer avec de la boue.

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Quand la tasse est cassée par la maîtresse de la maison, on n'entend aucun bruit.

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Si la maîtresse casse: c'est un accident.
Si la servante casse: c'est une faute.

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Tous ceux qui ne sont pas à la guerre sont des lions.

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Il n'y a pas plus malin que le renard, et pourtant les marchés regorgent de sa peau.

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Quand le berger veut, il parvient à tirer du petit lait d'un bouc.

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Certaines se délectent du miel, et d'autres n'ont que les piqûres des abeilles.

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Il est comme la lentille: sans envers ni endroit.

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Quand on manque de moyens, il faut courber la tête.

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En marchant à quatre pattes, on ne pourra jamais conquérir Badgad.

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Les douces paroles font sortir le serpent de son trou.

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Il prend part au bonheur du loup. Il prend aussi part au deuil du mouton.

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Le plus petit ennemi peut susciter de grands malheurs.

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L'homme ruiné pense à ses anciens amis et à ses anciennes créances.

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On ne discute pas le prix du poisson qui est encore dans la mer.

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Tue l'ours, d'abord, ensuite tu pourras vendre sa peau.

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L'argent blanc est pour les jours noirs.

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En y mettant le prix, tu parviendrais à faire chasser le prêtre de la mosquée.

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La richesse couvre tous les défauts.

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Quand le plat est rempli, la paix règne au foyer.

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Avec la bonté on peut faire se mouvoir un éléphant.

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On ne jette pas la pierre à un arbre sans fruits.

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Si tu es riche, tu ne manqueras pas d'oncles paternels et maternels.

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Le poulet du voisin nous semble avoir la grosseur d'un dindon.

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Revenir sur ses pas quand on a fait fausse route, c'est encore ce qu'on peut faire de mieux.

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Quand le frère est soutenu par le frère, il n'y a que Dieu pour les éprouver.

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Le temple de l'amoureux est dans le cur de la femme qui l'aime.

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On coupe la tête du coq quand il crie avant l'heure.

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La vache est morte, nous voici privés de petit lait.

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La femme qui se couvre trop se découvre en attirant l'attention sur elle.

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C'est en tombant que le cavalier apprend à monter.

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Tant que la maison subsiste, c'est un péché de secourir la mosquée.

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Il faut battre le fer quand il est chaud.

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Il faut se rendre utile aux parents et aux amis avant de servir les prêtres et les fakirs.

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L'honnêteté est comme la goutte d'eau. Quand elle tombe, elle se perd.

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Le moulin chante une chanson.
Le meunier en chante une autre.

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Il ne possède pas même un cheval, et il construit une écurie.

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Il n'a qu'une tête, mais il a mille amours.

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La sagesse est le bénéfice du malheur.

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Sans le coq, l'aurore luirait quand même.

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Une rose ne fait pas le printemps.

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Il est comme la chandelle, il n'éclaire pas sa base.

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Quand on a été mordu par le serpent, on redoute le bruit d'une corde.

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Si l'on s'assied près du forgeron, on s'expose à recevoir des étincelles.

*

La cruche ne revient pas toujours intacte de la fontaine.

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Il est des oiseaux dont la chair est comestible et d'autres qu'il faut nourrir avec de la chair.

*

Tout arbre a été un arbuste.

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Quand le voleur pactise avec un serviteur de la maison, il peut faire sortir le buf par la cheminée.

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Si la chose donnée ne vaut pas qui la donne, le cadeau est indigne.

*

Tant que de ce trou vient du vent, le feu ne peut flamber.
On demande à la minute:
- Pourquoi es-tu si amère?
- A cause de la mort de mon frère, a-t-elle répondu.

*

On demande aux fleurs:
- Pourquoi êtes-vous si belles?
- A cause de mes amis, et aussi de mes ennemis.

*

La gueule du chien ne peut pas salir la mer.

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O langue, si je ne te coupe la tête, tu feras couper la mienne.

*

Le secret qui tombe fait le tour du monde.
La grâce verdoie sur la terre du bienfaiteur

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Le taureau doit devenir aveugle pour ne pas reconnaître son rival.

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Ce que tu sèmes aujourd'hui, te le récolteras demain.

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Une seule pierre peut suffire à chasser cent corbeaux.

*

Plus le lac est profond, plus il est glorieux d'y nager.

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Un testament ne fait pas mourir.
Etre solitaire est seulement digne de Dieu.

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Le menteur est pareil à une source intermittente.

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Le voleur préfère que le marché soit animé.
La modestie est agréable, mais ses conséquences sont fâcheuses.

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Si tu es chasseur, parle de la chasse.

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Prier est une chose. Gouverner en est une autre.

*

La fatigue du corps vient de l'ignorance du cerveau.

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Les déshérités ne trouvent de secours qu'en Dieu.

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La langue fait le malheur de la tête.

*

Une goutte fait déborder la tasse.

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Il ne se risquerait pas à attaquer un âne, et il s'en prend au lion.

*

Il n'est pas agréable de faire la guerre. Il est agréable d'en lire l'épopée.

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Ceux qui nous font aller au feu ne sont pas ceux qui nous y accompagnent.

*

Le voleur se figure que tout le monde lui ressemble.

*

L'âne a visité Bagdad, et il prétend être un monsieur.
Porter en soi un grand amour témoigne qu'on est valeureux.

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Trois choses constituent notre honneur: la femme, l'arme et le cheval.

*

Se vanter d'une belle action devrait être plus difficile que de la réaliser.

*

Les moulins des ignorants sont actionnés par Dieu.

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On demande au mulet: "Qui est ton père?" Il répond: "Mon oncle est le cheval."

*

L'âne en faisant un pèlerinage ne devient pas pèlerin..

*

C'est le même âne, la selle change, voilà tout.

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On a dit au chameau: "Tu as un fils." Il répondit: "Mon fardeau n'en est pas plus léger."

*

Si le cheval meurt d'un excès d'orge, il meurt martyre.

*

Le coq est brave dans la basse-cour.

*

Le don vient du cur, et non de la fortune.

*

Vaincre témoigne qu'on est vaillant.
Détruire prouve qu'on est lâche.

*

Si tu ne peux pas construire une ville, construis un cur.

*

Le cur délicat n'atteint pas son but.

*

Quand le nouvel ami surgit, l'ancien est négligé.

*

Ce qu'on mange est perdu.
Ce qu'on donne reste.

*

Le déshonneur est plus terrible que le tombeau.

*

Un renard éveillé vaut mieux qu'un lion endormi.

*

Une maison, deux êtres, un esprit: voilà le bonheur.

*

Une maison, deux êtres, deux esprits: voilà le malheur.

*

Posséder une étoffe ne signifie pas qu'on ait une chemise.

*

Le monde est une rose.
Grise-toi de son parfum, et permets à ton ami d'en jouir après toi.

*

Mieux vaut un il myope que deux yeux aveugles.

*

En contemplant la terre, il t'arrivera, de penser à la mort.
N'oublie pas que d'elle émane la vie.

*

Tu perds ton temps à jouer de la flûte devant un buf, et à vouloir éclairer l'aveugle avec un flambeau.

*

La plus grande montagne s'adosse à une autre.

*

Les grosses pierres sont soutenues par des pierres plus petites.

*

Les vallées profondes ne manquent jamais d'eau.
Les grandes montagnes offrent toujours des passages.

*

Remets à demain ton repas, mais non ton labeur.

*

C'est en te détachant de la masse que tu prouveras ta valeur.

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La nuit est la forteresse des vaillants.
L'homme courageux ne la craint pas.

*

Les grandes tempêtes et les brouillards épais sont pour les hauts sommets.

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L'aurore n'est qu'un prélude.
Ensuite, le soleil doit briller.

*

Une femme dont le regard se tourne souvent vers la porte, n'est pas destinée à être heureuse.

*

Le pouce ne peut se réjouir lorsque souffre l'index.

*

L'estomac plein n'a pas pitié de l'estomac vide.

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Pour connaître la saveur de l'ail, il faut en avoir mangé.

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Un veau suffit à détruire la renommée d'un troupeau de bufs.

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Un mauvais repas déshonore celui qui l'offre.

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Ne t'adresse pas au prêtre si tu veux aller au paradis, car il ne pense qu'à y pénétrer avant toi.

*

Que ton baiser ait l'ardeur du soleil, et la rose te donnera tout son parfum.

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Pour les indécis, les défilés de montagnes sont toujours trop étroits.

*

Une seule rose ne fait pas le printemps.

*

Une femme n'appartient jamais tout à fait à celui qui la prend.

*

Le fils ressemble à l'oncle maternel, la fille à la tante paternelle.

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C'est en épousant sa cousine qu'on est le plus heureux.

*

Les menaces n'allongent pas la lame du sabre.

*

La tête d'un oiseau ne fait pas un rôti.

*

Tout chemin où le buf a passé conduit au village.

*

Le père est au moulin, et le fils, qui demeure à la maison,
prétend le renseigner sur les choses du moulin.

*

Lorsque le coursier se distingue,
il ne doit pas oublier que c'est au buf qu'il doit son orge.

*

Si le lion n'appréciait pas les éloges, le renard n'aurait plus qu'à mourir.

*

Les mensonges sont orphelins.

*

Les paroles suaves sont le printemps du cur.

*

Un mot suffit pour éclairer un esprit intuitif. Toute une épopée serait insuffisante pour un cerveau obtus.
Un récit de guerre est préférable à la guerre qui l'a inspiré.

*

Si ce n'est pour agir bien, abstiens-toi.

*

La beauté n'est pas dans la valeur du métal, mais dans le travail de l'orfèvre.

*

Cherche-toi, et tu trouveras Dieu.

*

Qui ccnnaît bien la vie, n'a pas peur de la mort.

*

Les harmonies de la flûte dépassent son mince volume.

*

Ne dis pas: "Ce n'est qu'un arbuste!" car l'arbuste est une promesse d'arbre,
et l'arbre vit durant plusieurs années.

*

La perte n'est pas dans les larmes, ni le bonheur dans le malheur d'autrui.

*

Trop faible honneur, tu fais le déshonneur des femmes.

*

Comme un bon remède, la vérité est amère.

*

O vérité, serais-tu perle, on te trouverait vilaine!

*

C'est en étant sincère qu'on ruse le mieux.

*

Mieux vaut une vérité qui fait pleurer qu'un mensonge qui fait rire.

*

Le mensonge est un poison suave, il tue quand même.

*

Le mot n'est qu'une promesse.
L'action est une réalité.

*

La mort n'est pas l'amie des braves.
Le brave n'est pas l'ami des lâches.

*

Le danger rend la vie plus savoureuse.

*

L'heure de la vie sonne au moins une fois pour chacun de nous,
mais nous ne l'entendons pas toujours.

*

Etre fort et parler fort est indélicat.

*

Sois plutôt la queue d'un paon que la tête d'un âne.

*

Celui qui compte sur le bonheur futur n'est pas digne de vivre l'heure présente.

*

La récolte dépend du vent et de la pluie; semons quand même.

*

Dieu a créé le monde.
La femme a créé le foyer.

*

Si tu ne rends pas le premier coup, tu en recevras d'autres.

*

Ce n'est pas le rite religieux qui rend la prière efficace, c'est la ferveur de notre cur.

*

Aie pour amie une femme qui aime la musique et la danse.

*

Le plus beau luxe est la simplicité.

*

Toute espérance doit planter ses racines sur une réalité.

*

La richesse ne consiste pas à détenir de l'argent,
pas plus que la taille herculéenne ne prouve qu'on est vaillant.

*

Ne méprise pas la fleurette solitaire: elle dénonce le printemps.

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Pour mériter un bon ami, il faut savoir posséder les qualités qu'on réclame de lui.

*

Nos pères ont mangé tous les raisins verts et les dents de leurs fils en ont été agacées.

*

On a coutume de trouver belle l'année qui s'achève.

*

Pour conquérir une reine, il faut savoir donner son cur.

*

Une langue trop longue est un bâton menaçant sur nos têtes.

*

Un bon chanteur est capable de chanter alors même que la demeure croule.

*

Quand la mort t'offrira sa coupe: porte sans regrets cette coupe à tes lèvres.
Il n'y a que le temps pour te séparer de ceux que tu quittes.

*

L'ingrat est la première victime de son ingratitude.

*

L'âme vagabonde ne connaîtra jamais la douceur de la solitude.

*

La solitude est le nid des pensées.

*

Le sourd-muet a ses plaisirs.

*

L'aveugle a ses consolations.

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Pour bien aimer, il faut comprendre.

*

C'est en estimant son ennemi qu'on se montre digne de le combattre.

*

Les ténèbres parfois nous masquent le soleil: il brille quand même.

*

Si Dieu exauçait la prière des chiens, il ferait pleuvoir des os.

*

La volonté d'un sot souvent consacre un mérite.

*

Chacun de nous a la liberté de se taire, le mensonge est donc sans excuse!

*

Quand les chevaux se donnent des coups de pied, c'est la tête de l'âne qui écope.

*

Les grands hurlent, les petits tremblent, car ils paient les fureurs des grands.

*

Ne décrète pas que les étoiles sont mortes,
lorsque les nuages s'amoncellent sur ta tête.

*

Le succès ou la défaite dépendent souvent d'un menu détail.

*

Le prêtre juge les gens sur leurs actes. Il se juge sur ses mots.

*

Qui mange pour deux doit travailler pour trois.

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Nos soucis parfois sont nos oeuvres.
Il faut savoir s'en délivrer.

*

L'air est peuplé d'aigles rapaces, mais le moineau a le droit de vivre.

*

S'il obtient toujours son pardon, le coupable ne s'amende pas.

*

Mieux vaut se venger sans mépris que pardonner en méprisant.

*

On ne fait pas têter un enfant qui ne demande rien.

*

Le lion a ses qualités.
Le renard a les siennes.

*

Demander est honteux.
Refuser est deux fois honteux.

*

L'argent confère de la valeur aux médiocres,
mais seulement aux yeux des médiocres.

*

La victoire est à celui qui combat une seconde de plus.

*

Nous savons que Dieu nous pardonnera,
aussi n'hésitons-nous pas à retomber dans l'erreur.

*

Un étranger qui parle ma langue m'est plus cher qu'un compatriote qui l'ignore.

*

Nous aimons l'homme qui nous ressemble,
et la femme qui ne nous ressemble en rien.

*

L'humanité commence par l'amour et finit par la haine.

*

C'est entendu, on meurt, mais pourquoi agoniser?

*

J'accepte la mort, non la vieillesse.

*

Notre espoir est démesuré, il s'étend au-delà du tombeau.

*

Fin