Violent affrontements entre pro et anti-Ocalan : 144 blessés

ANKARA, 5 sept 2005 (AFP) - 8h52 - Cent quarante-quatre personnes ont été blessées dans des violent heurts au cours de la nuit de dimanche à lundi à Bozuyuk (nord-ouest) entre la population locale et des partisans du chef rebelle kurde emprisonné Abdullah Ocalan, ont annoncé les autorités.

De nombreux manifestants kurdes présents à bord de plusieurs autocars ont été attaqués par les habitants de Bozuyuk au moment où ils regagnaient le sud-est du pays, dont la population est en majorité kurde, après avoir été empêchés par les autorités de se rendre dans la ville voisine de Gemlik.

Un rassemblement de protestation contre les conditions de détention d'Abdullah Ocalan devait avoir lieu dans cette dernière cité.

Les manifestants kurdes, dont le nombre est estimé à quelque 2.000, ont déployé des pancartes et banderoles en faveur d'Ocalan, ce qui a exaspéré les habitants de Bozuyuk, selon la chaîne d'information NTV.

Les locaux ont brisé les vitres des cars avec des pierres et de violents affrontements ont opposé les deux parties avant que les forces de sécurité, appuyés de gendarmes, corps d'armée en Turquie, n'interviennent, selon l'agence Anatolie.

Dix-sept policiers, sept soldats et un médecin ont été blessés dans ces heurts qui ont duré plusieurs heures, a déclaré le gouverneur local Musa Colak, qui a accusé les manifestants kurdes d'avoir "provoqué" les habitants.

Quatre blessés seraient dans un état grave, selon NTV.

Agé de 56 ans, Abdullah Ocalan, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes), a été condamné à mort en 1999 pour trahison, une peine ensuite commuée en détention à perpétuité. Il est enfermé sur une île-prison du nord-ouest de la Turquie.

Par ailleurs, quatre-vingt-huit militants kurdes qui protestaient à Istanbul contre l'interdiction de la manifestation à Gemlik en faveur d'Ocalan ont été arrêtés dimanche après des affrontements avec la police.

Les autorités avaient interdit la manifestation de dimanche, affirmant que celle-ci était organisée par le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara l'Union européenne et les Etats-Unis.

Après avoir lancé en 1984 une lutte armée pour un Etat kurde indépendant, le parti a décrété un cessez-le-feu unilatéral après la capture de son chef en

En juin 2004, les séparatistes ont mis fin à cette trêve, et ils ont accru notablement leurs attaques depuis le printemps dernier.

Le conflit entre les forces de sécurité turques et le PKK a fait quelque 37.000 morts depuis le début de la lutte armée des rebelles.