Une marginalisation délibérée des démocrates kurdes


30 octobre | Envoyé spécial | Hassane Zerrouky

La pression s’intensifie sur les élus du parti modéré kurde, qui privilégient pourtant la voie démocratique pour régler les problèmes du Kurdistan.

Les députés du DTP (Parti pour la société démocratique), formation kurde modérée, qui ont voté, le 17 octobre, contre la motion parlementaire autorisant l’armée à intervenir en Irak, sont accusés ouvertement par la presse turque de soutenir « le séparatisme ».

Signe de ce ressentiment antikurde, l’armée avait refusé d’inviter ce parti aux cérémonies officielles de la fête de la Victoire du 29 août. Sommé par le premier ministre, Tayyip Erdogan, de dénoncer publiquement le PKK, le DTP s’était alors abstenu de le faire.

De plus, se jetant sur le prétexte qu’après la tenue de son premier congrès en juin dernier, où des portraits d’Öcalan avaient été brandis par quelques militants, le parquet d’Ankara a ouvert une instruction judiciaire contre les dirigeants de cette formation, notamment son président Ahmet Türk, une instruction pouvant aboutir à terme à la dissolution du parti. Depuis la mort de 15 soldats les 6 et 7 octobre dernier, ce parti est dans une posture délicate et la volonté officielle semble viser à le marginaliser totalement. Plusieurs de ses responsables régionaux, une cinquantaine de maires, dont celui de Dyarbakir, Osman Beydemir, et de nombreux militants sont dans le collimateur de la justice turque. Pourtant, le DTP n’a jamais caché sa préférence pour le « dialogue » et, partant, une solution politique et démocratique du problème kurde, en lieu et place d’une intervention militaire.