UE - TURQUIE

NOUVELOBS.COM | 29.09.05 | 12:16

Turquie : l'Autriche bloque un accord des 25

L'Autriche a bloqué jeudi un accord des 25 définissant une position commune avant l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie. Les eurodéputés ont reporté la ratification d'un protocole étendant l'union douanière

Des réserves autrichiennes ont bloqué jeudi 29 septembre l'accord des 25 pays membres de l'Union européenne (UE) sur le cadre des négociations d'adhésion de la Turquie dans l'UE, un cadre nécessaire avant l'ouverture des pourparlers d'adhésion prévus lundi. C'est ce qu'indiquent des sources diplomatiques concordantes.

La France a affirmé de son côté qu'elle tenait à ce que le processus d'adhésion de la Turquie soit "clairement contrôlé". Une déclaration du premier ministre Dominique de Villepin, qui rappelle que cette adhésion serait soumise à l'approbation des Français par référendum.

A cinq jours de l'ouverture prévue des négociations d'adhésion de la Turquie avec les 25, le Parlement européen avait reporté mercredi la ratification d'un protocole qui devait étendre l'union douanière d'Ankara aux dix nouveaux membres de l'Union, en raison du refus persistant des autorités turques de reconnaître Chypre.

Par ailleurs, dans une résolution non contraignante, les eurodéputés ont également appelé Ankara à reconnaître le génocide arménien perpétré entre 1915 et 1923 par les Turcs, estimant que ce devait être une condition préalable à l'entrée de la Turquie dans l'UE. Une initiative qui devrait irriter les autorités turques.

"C'est inacceptable"

De son côté, le ministère turc des Affaires étrangères a jugé mercredi inacceptable toute autre option que l'adhésion pleine et entière de son pays à l'UE, alors que des voix se font entendre dans l'Union pour préconiser un "partenariat privilégié" avec Ankara.

A la demande du Parti populaire européen (PPE, droite), première formation du Parlement de Strasbourg, les eurodéputés ont voté le report de la ratification du protocole d'Ankara par 311 voix contre 285 et 65 abstentions. Ce vote revient à bloquer le processus de ratification du traité. En revanche, elle n'aura aucun effet sur la date d'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie, qui doivent commencer lundi.

La Turquie a signé en juillet le protocole d'Ankara, qui prévoit l'extension de son union douanière aux dix nouveaux membres de l'UE, dont Chypre. Mais elle a précisé qu'elle ne reconnaissait pas pour autant le gouvernement chypriote grec, le seul reconnu par la communauté internationale sur l'île.

Les 25 ont averti la semaine dernière que la position d'Ankara pourrait entraîner la paralysie des négociations d'adhésion avec l'UE. Le PPE a pour sa part demandé à la Commission européenne et à la Grande-Bretagne, qui occupe la présidence tournante de l'UE, de garantir que le Parlement turc ne conditionnera pas sa propre ratification du protocole à la non reconnaissance de Chypre par Ankara.

"Le gouvernement turc a accepté le protocole d'union douanière mais a en même temps refusé de reconnaître Chypre. C'est inacceptable", a affirmé Hans-Gert Poettering, président du PPE, en appelant le Parlement européen à reporter son vote sur la ratification.

Vers un accord commun

Lors d'un débat animé, les eurodéputés ont exhorté la Turquie à respecter les droits des minorités et la liberté d'expression. Ils ont également exprimé leur inquiétude au sujet des poursuites pénales engagées contre l'auteur turc Orhan Pamuk, qui est accusé d'avoir insulté le caractère national du pays après avoir fait des déclarations sur la tragédie des Arméniens et des Kurdes dans le pays.

Le Parlement européen avait déjà reporté une première fois son vote sur la ratification au début du mois après que sa commission des affaires étrangères eut estimé que l'union douanière n'était pas envisageable à moins que la Turquie n'autorise Chypre à utiliser ses ports et aéroports.

Certains pays de l'Union, notamment l'Autriche, sont favorables à un partenariat privilégié avec la Turquie plutôt qu'à une adhésion. Mais les 25 doivent se mettre d'accord sur une position commune avant d'ouvrir les négociations avec Ankara.

La Turquie a rejeté catégoriquement mercredi l'option d'un partenariat privilégié. "Un détournement de l'objectif des négociations de pleine adhésion ne peut être accepté sous aucune condition", a maintenu Namik Tan, porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères.