Turquie: manifestation pro-Kurde et violences contre la venue d'Erdogan


2 novembre 2008

De nouvelles violences ont éclaté dimanche dans l'est de la Turquie au cours d'une manifestation de plusieurs milliers de Kurdes qui protestaient contre la venue du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan dans cette région à majorité kurde.

Les affrontements ont débuté quand quelque 3.000 manifestants, pour la plupart des sympathisants du principal parti kurde, le Parti de la société démocratique (DTP), ont tenté d'organiser une marche dans la ville de Yuksekova, ignorant les ordres de dispersion de la police, a indiqué à l'AFP une source de sécurité locale.

Les policiers anti-émeutes ont tiré en l'air et fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau contre les protestataires, qui lançaient des pierres sur les forces de l'ordre, selon cette source.

Ces violences ont éclaté alors que M. Erdogan plaidait pour l'unité du pays lors de l'inauguration d'un hôpital à Yuksekova. "Protégeons notre paix et soyons unis. Si nous accroissons notre solidarité, nous accroîtrons aussi notre développement", a-t-il dit.

Il a souligné que son gouvernement allait poursuivre les changements pour obtenir l'intégration de la Turquie à l'Union européenne, qui se sont traduits par des libertés culturelles accrues pour les Kurdes.

Par ailleurs, le bureau du gouverneur de la région a annoncé que des troupes paramilitaires avaient saisi une grande quantité d'explosifs et d'armes, dont 20 kilos de TNT et 20 grenades, dans un village situé à 60 kilomètre au sud de Yuksekova.

Selon le bureau du gouverneur, qui n'a pas précisé la date de la saisie, cet arsenal aurait dû être utilisé par des rebelles kurdes qui comptaient attaquer les forces de sécurité et les civils dimanche.

Après Yuksekova, M. Erdogan s'est rendu dans la ville voisine d'Hakkari pour y rencontrer des responsables locaux et participer à une réunion de son parti.

Dans cette ville, des manifestants ont jeté des pierres sur un convoi d'officiels du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, et de journalistes, sans faire de blessés. Le Premier ministre est arrivé en hélicoptère.

La police a aussi réprimé de petites manifestations en ville, où les boutiques ont gardé porte close, une façon traditionnelle pour les Kurdes de protester contre le gouvernement.

A Istanbul, des membres du DTP ont tenté de faire un sit-in dans le quartier central de Beyoglu mais la police a fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser et a procédé à 27 interpellations, selon un photographe de l'AFP.

Samedi, des affrontements avaient déjà opposé dans la localité de Van la police à des centaines de Kurdes qui protestaient contre la visite du Premier ministre, arrivé sur place le jour même.

Une explosion, probablement d'origine criminelle, et qui visait les locaux de l'AKP à Hakkari, avait fait également deux blessés.

Les Kurdes sont de plus de plus mécontents de l'intensification des opérations de l'armée contre les rebelles kurdes et des mauvais traitements que subit selon eux dans sa prison le chef de la rébellion, Abdullah Öcalan, condamné à la détention perpétuelle.

M. Erdogan a fermement démenti ces affirmations dimanche. "Il n'y a pas de mauvais traitements. C'est un mensonge... Ils inventent des prétextes à l'approche des élections", a-t-il déclaré.