Turquie : dans la ville kurde de Diyarbakir, l’espoir après la dissolution du PKK

mis à jour le Vendredi 28 novembre 2025 à 15h54

France24.com | Jenna LE BRAS et Adrià ROCHA CUTILLER

Depuis que le PKK a annoncé son autodissolution et la fin de la lutte armée, la population de Diyarbakir, ville kurde de Turquie, est dans l’attente. Le peuple kurde aspire depuis longtemps à la paix, mais à quelles conditions peut-elle réellement être atteinte ? Une paix durable est-elle seulement possible ? Reportage de Jenna Le Bras et Adrià Rocha Cutiller.

C’est un moment historique qui pourrait marquer la fin de quatre décennies de conflit. À la suite de l’appel d’Abdullah Öcalan, chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), à déposer les armes en février dernier, un cessez-le-feu a été déclaré et le groupe armé a annoncé sa dissolution.

La guerre, qui fait rage depuis plus de quarante ans, a fait des dizaines de milliers de morts et entraîné d’innombrables emprisonnements. Des villages entiers ont été rayés de la carte. Diyarbakir, capitale officieuse de la région kurde de Turquie, a été bombardée et des milliers de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer.

Turkan Elci n'y est pas revenue depuis 2015. La dernière fois, son mari, le célèbre défenseur des droits humains, Tahir Elci, gisait au sol, victime d'un échange de tirs entre les forces de polices turques et des militants du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan. A l'époque, un processus de paix entre le groupe militant et l’Etat turc venait d’échouer et des affrontements avaient éclaté.

 

Quête de justice

Dans la ville, des combattants kurdes s’opposaient aux forces gouvernementales. Une décennie plus tard, un calme précaire est revenu, mais justice n'a jamais été faite pour Turkan Elci, ni pour les nombreuses familles qui ont perdu des proches dans cette guérilla sanglante.

Justice n'a pas été rendue non plus pour les victimes secondaires, comme Ozgur Amed, journaliste, accusé à tort d'appartenir à un groupe terroriste et emprisonné pendant deux ans. Ou comme Ayten el-Haman, qui attend depuis 2017 le retour de son fils, embrigadé par le PKK et volatilisé dans les montagnes de Qandil, en Irak, avec les combattants du groupe.  

Mais désormais, l'espoir est possible : avec l'appel à déposer les armes lancé par le fondateur du PKK Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 en Turquie, et l'annonce de la dissolution du groupe dans la foulée, les Kurdes peuvent enfin entrevoir la possibilité d'une paix durable, l'amnistie des anciens militants qui acceptent de retourner à la vie civile et la reconnaissance de leurs droits fondamentaux. Mais y croient-ils vraiment, alors que l'Etat turc continue de mener une politique répressive contre l'identité kurde ?