Syrie : François Hollande au secours des Kurdes

mis à jour le Lundi 12 mars 2018 à 12h42

leparisien.fr | 11/02/2013

L’ancien président va lancer un appel pour interdire les bombardements turcs au nord de la Syrie.

François Hollande reprend du service… sur le dossier syrien. Selon nos informations, l’ancien président s’apprêterait à lancer un appel pour la création d’une « No Fly zone » - en clair, zone d’interdiction de survol aérien - au nord de la Syrie. Précisément là où l’aviation turque bombarde jour après jour, depuis le lancement de l’opération militaire « Rameau d’olivier » il y a près de deux mois, les Kurdes syriens, combattants comme civils. L’objectif est d’obtenir enfin un répit dans l’offensive menée par l’armée turque et ses supplétifs syriens, pour la plupart des djihadistes ayant fui les fiefs déchus de Daech. De source kurde, ces bombardements ont déjà provoqué la mort de 240 civils et en ont blessé plus d’un millier, dans la région frontalière de la ville d’Afrin.

Mais pourquoi Hollande s’en mêle-t-il ? « Parce que c’est lui qui fut le tout premier dirigeant étranger à nous aider militairement et diplomatiquement, dès novembre 2014 », explique Khaled Issa, représentant en France du Rojava, ce territoire autonome kurde autoproclamé au nord de la Syrie, à la faveur de la guerre civile qui ravage le pays depuis six ans. A l’époque, le président socialiste avait fourni des armes et envoyé des conseillers militaires français auprès des miliciens kurdes qui se battaient pour libérer Kobané de l’emprise de Daech.

 

Convaincre des capitales à faire pression sur Ankara

L’ex-chef de l’Etat a reçu hier en toute discrétion le diplomate kurde, venu avec ses cartes d’état-major de la zone de guerre, dans ses bureaux de la rue de Rivoli (Paris 1er). « Il a bien compris que le combat d’Afrin, aujourd’hui, est l’exacte réplique de Kobané et qu’il faut agir, explique Khaled Issa. Car en chassant les Kurdes, Erdogan (NDLR, le président de la Turquie) réinstalle à leur place les djihadistes. Et ils pourront ainsi recommencer à former des terroristes qui iront ensuite frapper en France ! »

Avec son appel, François Hollande entend donc adresser un « signal » pour que la France, mais aussi ses alliés américains, qui tous ont quelque peu laissé tomber les Kurdes une fois réglé le problème Daech, se réengagent. « Il ne s’agit pas pour lui de prendre en défaut son successeur Emmanuel Macron », jure l’entourage de Hollande. Mais « d’aider à faire bouger les lignes », convaincre des capitales à hausser le ton et faire pression sur Ankara. Et selon un bon connaisseur du dossier, l’Elysée serait prêt à appuyer voire relayer l’appel de Hollande.