Saddam Hussein sommé de quitter le tribunal par le nouveau juge


avec AFP et Reuters | 20 septembre 2006

La dixième audience du procès "Al-Anfal" contre Saddam Hussein, accusé de génocide contre la population kurde, s'est ouverte houleusement, mercredi 20 septembre, sous la présidence d'un nouveau juge, Mohamed Al-Ourebi, son prédécesseur Abdallah Al-Amery ayant été évincé la veille pour laxisme envers l'ancien dictateur.
L'audience s'est ouverte par une protestation du président déchu au nouveau juge, lui rappelant : "Votre père était un garde de sécurité."  Mohamed Al-Ourebi a aussitôt réagi en ordonnant : "Saddam, hors de la salle du tribunal." L'ancien dictateur a alors été escorté dehors par des gardes.

Avant de quitter la salle, Me Wadoud Faouzi a lu un communiqué au nom de l'équipe de défense, condamnant l'ingérence du gouvernement dans le procès. "Nous ne pouvons continuer de faire notre travail de façon convenable. Pour ces raisons, nous avons décidé de nous retirer. Nous ne voulons pas d'ingérence du gouvernement dans ce procès, et nous ne reviendrons dans la salle que si ces conditions sont satisfaites", a-t-il dit.

L'ANCIEN JUGE "A ABANDONNÉ SA NEUTRALITÉ"

L'ancien président du tribunal, Abdallah Al-Amery, a été révoqué, mardi 19 septembre, à la demande du gouvernement irakien. "Nous avons demandé au tribunal de remplacer le juge car il a abandonné sa neutralité en disant que Saddam n'était pas un dictateur", a expliqué le porte-parole du gouvernement, Ali Al-Dabbagh, précisant que la décision avait été prise par le cabinet du premier ministre, le chiite Nouri Al-Maliki.

Après le retrait des avocats de la défense, six avocats ont été commis d'office. Deux coaccusés de Saddam Hussein ont également demandé de quitter la salle , dont Ali Hassan Al-Majid, surnommé "Ali le chimique" pour son rôle dans les bombardements chimiques au Kurdistan. Mais le juge leur a ordonné de rester, en affirmant : "Vous ne pouvez sortir sans ma permission et je ne vous la donne pas."

L'ancien dirigeant irakien et son cousin "Ali le chimique" sont poursuivis pour leur rôle présumé dans la campagne Al-Anfal ("Dépouilles de guerre"), qui, selon l'accusation, a fait 182 000 morts ou disparus parmi les Kurdes du nord du pays dans les années 1980. Cinq autres accusés comparaissent à leurs côtés devant le Haut Tribunal pénal irakien.

Après ce coup de théâtre, l'audience a repris avec l'audition d'un témoin, une vieille femme kurde. Depuis l'ouverture de ce procès, le 21 août, 24 personnes ont apporté leurs témoignages sur les atrocités des bombardements chimiques au Kurdistan lors des campagnes militaires Al-Anfal.

L'ancien président irakien, qui est passible de la peine de mort, attend par ailleurs le verdict de son premier procès, pour crimes contre l'humanité cette fois, relatif au massacre de 148 villageois chiites dans le village de Doujaïl en 1982.