Procès Saddam : premiers témoignages


22 août 2006
Saddam Hussein a été confronté à ses premiers accusateurs, qui ont détaillé la sanglante répression menée contre le peuple kurde.


Saddam Hussein lors de son procès
lundi 21 août 2006

L'ancien président irakien Saddam Hussein, accusé de génocide pour avoir ordonné les campagnes Anfal qui auraient fait jusqu'à 180.000 morts au Kurdistan en 1988, a été confronté mardi 22 août à ses premiers accusateurs.

Les deux premiers témoins à charge ont évoqué, en kurde, les bombardements chimiques contre les villages de Belisand et Sheikwasan, le 16 avril 1987.

"Les explosions n'étaient pas très puissantes et une fumée verte a commencé à se répandre peu après, suivie par une odeur de pomme pourrie ou d'ail. Beaucoup de gens ont alors commencé à vomir, tandis que leurs yeux les piquaient fortement. Nombre d'entre eux sont morts", a raconté Ali Moustafa Hama.

"Le lendemain, des soldats irakiens sont arrivés et ont brûlé le village, ils l'ont entièrement détruit", a-t-il raconté, admettant que des peshmerga (combattants kurdes) se rendaient régulièrement au village la nuit, "pour obtenir de la nourriture ou des couvertures".

"Un génocide des Kurdes"

Le second témoin, Najiba Khoudair, une femme de 41 ans habillée de noir, a tracé un récit similaire.

"Je sais que le but de Saddam et de Majid (Ali Hassan al-Majid, son cousin, dit Ali le chimique, également dans le box des accusés, ndlr) était un génocide des Kurdes", a-t-elle accusé.

L'accusation entend démontrer qu'il y a eu volonté délibérée de commettre un génocide au Kurdistan en 1987 et 1988, faisant jusqu'à 180.000 morts. La défense veut prouver que les campagnes Anfal s'inscrivent dans une stratégie classique de lutte contre la guérilla, durant la guerre Iran-Irak (1980-1988).

"Les campagnes Anfal ont été mises en oeuvre après avoir reçu des informations selon lesquelles Kurdes et Iraniens combattaient la main dans la main contre les forces irakiennes", a assuré mardi l'un des accusés, l'ancien directeur du renseignement militaire Sabir al-Douri.

Talabani prêt à venir témoigner

Le président irakien et successeur de Saddam Hussein, le Kurde Jalal Talabani, a affirmé qu'il était prêt à venir témoigner au procès Anfal, "si on le lui demandait".

"Ce procès va permettre de raffermir l'unité nationale en Irak et sera l'occasion de démontrer au monde entier que les relations entre Kurdes et Arabes sont très bonnes", a-t-il ajouté.

La seconde audience du procès de l'ancien président irakien Saddam Hussein, accusé de génocide au Kurdistan, d'abord ouvert à huis clos, avait repris mardi vers 10h30 en session publique.

L'audience s'était ouverte à huis clos afin d'examiner des motifs de procédures. Le procès avait repris dix minutes plus tard en présence des accusés en audience publique.

Saddam Hussein et ses six co-accusés, parmi lesquels son cousin Ali Hassan al-Majid, surnommé "Ali le chimique" en raison de son goût pour les gaz de combat ont refusé à l'ouverture du procès de plaider coupable ou non coupable.