Ouverture du procès des répressions de chiites de 1991 en Irak


21 août 2007

BAGDAD (Reuters) - Le procès de quinze responsables du régime baassiste de Saddam Hussein s'est ouvert en Irak, afin de déterminer le rôle des accusés dans la répression du soulèvement chiite de 1991.

Pour de nombreux chiites, ce procès réveille les mauvais souvenirs de ce qu'ils qualifient de trahison de la part des Etats-Unis et devrait relancer les débats sur la décision de George Bush Sr de ne pas envahir l'Irak après avoir libéré le Koweït en 1991 lors de la première guerre du Golfe.

Libéré de la crainte d'avoir à faire face à une invasion américaine, Saddam Hussein avait alors eu toute latitude pour réprimer rapidement les soulèvements dans le Sud chiite et dans le nord Kurde, quelques jours après le cessez-le-feu du 28 février.

Les répressions ont essentiellement concerné les villes chiites de Nadjaf, Kerbala, Bassorah, Nassiriah et Amara. Le nombre de victimes de la Garde Républicaine de l'ancien homme fort de Bagdad n'a jamais été précisé même si les procureurs irakiens ont retenu le chiffre de 100.000 morts.

Parmi les quinze accusés, Ali Hassan al Madjid (dit "Ali le chimique") et deux officiers de haut rang ont déjà été condamnés à mort au terme d'un précédent procès concernant les massacres d'Anfal de 1988 où des dizaines de milliers de Kurdes avaient péri.

Les anciens dignitaires irakiens condamnés à mort dans le cadre de ces assassinats ont fait appel de leur sentence mais en cas de rejet, ceux-ci pourraient être exécutés avant la fin du procès des massacres de 1991.

CRIMES CONTRE L'HUMANITE

Dès l'ouverture du procès, le procureur a notifié aux quinze anciens responsables du régime irakien leurs chefs d'accusation, parmi lesquels figurent de nombreux agissements assimilables à des crimes contre l'Humanité.

Selon une note de référence rédigée par des responsables américains, les pièces à conviction incluent des bandes audio et des rapports postérieurs aux agissements mais peu de preuves d'ordres directs, Saddam Hussein ayant pris soin de détruire personnellement ces archives. Près de 90 personnes seront par ailleurs appelées à témoigner à la barre.

Si les chiites se félicitent de la tenue de ce procès, ils considèrent toutefois le rôle des Etats-Unis avec une amertume certaine.

L'ex-président américain a expliqué que s'il avait souhaité voir le régime de Saddam Hussein renversé par une révolte populaire, il n'avait pas voulu prendre à l'époque le risque de diviser la coalition internationale qu'il avait mise sur pied pour intervenir au Koweït et qui comprenait des Etats arabes.