Nouvelles violences à Bagdad, Nouri al Maliki appelle au calme

  10.07.06 | 18:51 par Lutfi Abu Oun et Ross Colvin

BAGDAD (Reuters) - Le Premier ministre Nouri al Maliki a lancé un appel à l'unité nationale en Irak où les représailles et contre-représailles sanglantes entre sunnites et chiites s'enchaînent depuis quatre jours et ont fait une soixantaine de victimes au cours du week-end.

 

Malgré les appels au calme lancés par plusieurs dirigeants, Bagdad a été lundi le théâtre de nouvelles violences. Deux bombes ont explosé dans un quartier de l'est chiite faisant douze morts et de nombreux blessés et des inconnus ont attaqué un bus de banlieue, tuant sept personnes. Des affrontements impliquant des miliciens chiites ont également éclaté dans un quartier sunnite.

"Notre destin est de travailler ensemble dans un esprit de fraternité pour mettre fin au terrorisme et à l'insurrection", a déclaré Nouri al Maliki devant le parlement régional kurde dans le nord de l'Irak. "Nous n'avons pas d'autres choix que de vaincre ceux qui veulent nous faire revenir aux heures sombres", a-t-il ajouté.

La capitale irakienne est le théâtre depuis vendredi d'un déchaînement de violences interconfessionnelles inédit entre les communautés sunnite et chiite, faisant resurgir le spectre d'une guerre civile et ruinant une partie des efforts entrepris par Maliki pour convaincre les sunnites de ne plus soutenir les insurgés.

Deux bombes ont explosé lundi, à 200 m l'une de l'autre, dans le quartier de Talbiya, fief du jeune imam chiite radical Moktada Sadr, faisant douze morts et 62 blessés.

Peu de temps après, une autre bombe a tué six personnes et fait 28 blessés, à proximité de la banque centrale d'Irak, dans une artère commerçante du sud de la capitale.

COUVRE-FEU DANS UN QUARTIER SUNNITE

En fin d'après-midi, la police a découvert les corps de quatre personnes dans un bus de banlieue à Amriya, un quartier sunnite. Trois autres cadavres, dont celui d'une femme, ont été retrouvés à proximité.

Trois policiers ont été tués dans le quartier en majorité chiite d'Aamil dans l'ouest de la capitale, lorsque des hommes armés ont attaqué leur véhicule banalisé.

Des affrontements ont par ailleurs éclaté dans le quartier sunnite de Dora dans le sud de Bagdad, où le ministère de l'Intérieur a déclaré un couvre-feu jusqu'à mardi 8h (04H00 GMT).

Selon une source policière, six miliciens chiites ont été tués sur le pont de Dora et sept autres ont été blessés à la suite de combats avec des habitants du quartier. Une autre source a indiqué que les affrontements opposaient des miliciens chiites d'une part et des policiers et des habitants de l'autre et que cinq soldats avaient été blessés.

Ces violences viennent s'ajouter à une série de représailles et de contre-représailles entre les deux communautés qui ont embrasé la capitale. Dimanche, des miliciens chiites ont massacré une quarantaine d'habitants du quartier sunnite de Djihad.

La police et des dirigeants sunnites affirment que des miliciens de l'armée du Mehdi, fidèles à l'imam radical Moktada Sadr, ont demandé aux habitants leur carte d'identité pour repérer les noms à consonance sunnite. Mais le mouvement de Sadr a démenti toute implication dans le massacre.

Ces violences, les plus graves qu'ait jamais connues la capitale irakienne, faisaient suite à un attentat à la voiture piégée samedi contre une mosquée chiite du quartier de Djihad. Elles ont été suivies d'un double attentat à la bombe contre une mosquée chiite qui a fait 19 morts.

Cet embrasement constitue un sérieux revers pour le programme de réconciliation nationale du Premier ministre Nouri al Maliki. L'ambassadeur de Grande-Bretagne William Patey a toutefois déclaré que les Irakiens devaient "maintenant plus que jamais" soutenir ce plan.

La journée de lundi a par ailleurs été marquée par la reprise du procès de Saddam Hussein, dont les avocats ont annoncé qu'ils boycotteraient la suite des audiences s'ils n'obtenaient pas satisfaction sur une série d'exigences, notamment une enquête sur l'assassinat de l'un de leur confrère le mois dernier.