Un ancien dirigeant des services secrets turcs reconnaît leur implication dans des livraisons d'armes en Syrie

mis à jour le Jeudi 29 mars 2018 à 15h02

Francetvinfo.fr

La Turquie a-t-elle fourni des armes à des groupes salafistes en Syrie ? Après des mois d'enquête, le journaliste Laurent Richard a pu rencontrer, pour "Envoyé spécial", celui qui supervisait à l'époque toutes les opérations du MIT, les services secrets turcs. C'est la première fois qu'il s'exprime publiquement sur le sujet. 

Le double jeu de la Turquie, alliée de la coalition occidentale contre l'organisation Etat islamique qui fournit dans le même temps des armes à des groupes salafistes en Syrie, est au centre d'un reportage à voir le 29 mars dans "Envoyé spécial". Des livraisons d'armes filmées dans une vidéo publiée en 2015 alors que le double jeu turc était connu de ses alliés occidentaux.

Après des mois d'enquête, le journaliste Laurent Richard a pu rencontrer un homme clé dans cette affaire : celui qui supervisait à l'époque toutes les opérations du MIT, les services secrets turcs. La publication Intelligence Online en fait même le point de contact avec les groupes teroristes, y compris ceux de l'organisation Etat islamique. Ismaïl Hakki Musa, ex-dirigeant du MIT, est aujourd'hui ambassadeur de la Turquie en France. C'est la première fois qu'il s'exprime publiquement sur le sujet. 

"Dans cet exercice, il y a eu plusieurs services de renseignement"

L'ancien chef des services secrets turcs nie catégoriquement toute livraison d'armes de la Turquie à des groupes salafistes en Syrie, mais que dit-il de "l'affaire des camions", révélée par le quotidien Cumhuriyet ? Ces camions remplis de caisses d'obus de mortier interceptés à la frontière turco-syrienne étaient-ils bien ceux du MIT, et non de trafiquants ? "Non, il n'y a aucun lien avec mes services", dément Hakki Musa, qui commence à montrer son irritation. 

Quarante minutes d'entretien plus tard, l'ex-chef du MIT lâche une information de taille. Il admet finalement que les camions étaient bien conduits par les services secrets turcs, mais ne dévoile pas à qui ces armes étaient destinées : "Dans cet exercice, il y a eu plusieurs services de renseignement. Tout le monde parle du MIT… Qui vous dit que le service de renseignement d'un autre pays n'était pas impliqué dans cette affaire ?" Quels autres pays auraient participé à ces livraisons ? Qui étaient leurs destinataires ?

Extrait de "Turquie : l'enquête interdite", à voir dans "Envoyé spécial" le 29 mars 2018.