Menaces de guerre civile à Erbil après un attentat

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10 mai 2007 - PIERRE PRIER

Un camion piégé a fait 14 morts dans la capitale du Kurdistan autonome, hier, au moment où Dick Cheney effectuait une visite surprise à Bagdad.

UN ATTENTAT terroriste au camion piégé a fait 14 morts et 87 blessés à Erbil, capitale du gouvernement autonome du Kurdistan, au moment où Dick Cheney effectuait une visite surprise à Bagdad. Le vice-président américain devait faire pression sur le gouvernement pour qu'il accélère la mise en place de réformes clés, concernant le partage des revenus du pétrole ou le retour dans l'appareil d'ةtat d'ex-baasistes.

 
Le carnage d'Erbil a rappelé au visiteur que la violence gagnait maintenant la capitale du Kurdsitan, jusqu'ici relativement préservée. Le camion a explosé vers 8 heures du matin au coeur du pouvoir, devant les entrées du ministère de l'Intérieur et de la Sécurité générale, creusant un cratère de deux mètres de profondeur, tuant et blessant des passants, dont des femmes et des enfants. Le dernier attentat remontait au 4 mai 2005. Le gouvernement autonome, fondé il y a un an, avait repris en main la sécurité, multipliant les patrouilles et les barrages.
 
Les enlèvements se multiplient
 
ہ Erbil, le nom d'Ansar al-Sunna était hier sur toutes les lèvres. Ce mouvement djihadiste, implanté près de la frontière iranienne, est opposé au référendum sur le rattachement au Kurdistan de la ville de Kirkouk et de sa région, prévu avant la fin de l'année. Avec d'autres mouvements, il multiplie les attentats et les enlèvements à Kirkouk.
 
Depuis des mois, tous les observateurs annonçaient l'extension de la guerre civile à Erbil, si le gouvernement kurde persistait dans sa volonté de mettre en oeuvre le référendum. Les suspects ne manquent pas. Les groupes djihadistes sont opposés à tout démantèlement de l'Irak. Les services secrets syriens, présents au Kurdistan, combattent l'annexion de Kirkouk comme prélude à un Kurdistan indépendant, qui pourrait donner des idées aux partis kurdes syriens, interdits et persécutés. Même chose pour la Turquie, qui a en outre menacé d'intervenir militairement au nord du Kurdistan irakien pour détruire les bases du parti kurde turc PKK, tolérées par le gouvernement autonome d'Erbil. Enfin l'Iran pourrait vouloir envoyer un signal au gouvernement kurde, qui n'a rien fait pour récupérer les cinq Iraniens enlevés par les troupes américaines au consulat d'Erbil en janvier dernier, Washington les accusant de fomenter le terrorisme dans la région.