Manif turque pour nier le génocide arménien

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A Lyon, de multiples heurts ont émaillé le défilé.

Par Olivier BERTRAND - lundi 20 mars 2006

Lyon de notre correspondant

Le face-à-face était prévisible. Samedi, la préfecture du Rhône avait autorisé une manifestation franco-turque contre un projet de mémorial du génocide arménien.

Le rassemblement démarrait à 14 heures place Bellecour, où le cortège anti-CPE s'achevait. Les premières pancartes turques ont soudé étudiants et salariés aux côtés d'Arméniens venus protester. «Il n'y a jamais eu de génocide arménien», lisait-on. «Négationnistes! Nous sommes tous des Arméniens!», ont répliqué les contre-manifestants.

Les drapeaux rouges turcs étaient trois à quatre mille, rejoints par des retardataires qui regagnaient le centre de la place sous les huées : «Fascistes!», «Un million cinq cent mille morts, t'as pas honte ?» Le ton montait très vite et le service d'ordre turc, pourtant très conséquent, se laissait déborder. Quelques coups s'échangeaient au milieu de policiers peu nombreux. «Heureusement qu'ils ont un service d'ordre, on est à la rue», soupirait l'un d'entre eux. Puis des renforts arrivaient pour éloigner les contre-manifestants. «On nous gaze pour protéger une manifestation négationniste», résumait un vieux monsieur, pendant qu'une jeune fille hurlait à des jeunes au front ceint du drapeau turc : «Vous laissez pas manipuler, ouvrez des livres d'histoire!»

Les nationalistes turcs remontaient ensuite une grande rue commerçante vers la mairie en hurlant «Turkey!». Les boutiques baissaient en hâte leurs grilles et les clients, à l'intérieur, observaient, pas rassurés, cette foule reprenant d'une même voix, en turc : «Personne ne pourra diviser notre nation.» Le service d'ordre empêchait les dégradations, mais des jeunes gens s'échappaient pour tenter de frapper des opposants dans les ruelles adjacentes.

A l'arrivée, devant la mairie, les CRS empêchaient de nouvelles confrontations, essuyant jets de pierres, de bouteilles et de poubelles. Un photographe était blessé et la police chargeait les contre-manifestants, sous les applaudissements turcs. Puis la manifestation s'est dispersée, après deux bonnes heures de tension. Il était temps : une grande marche allait traverser Lyon, en début de soirée, pour la fête traditionnelle du «nouveau jour» kurde.

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