Contre l’inaction occidentale vis-à-vis de l’agression turque contre les kurdes de Syrie
Destinataire(s) : Emmanuel Macron, Président de la République
Lettre ouverte au Président de la République
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Monsieur le Président de la République,
L’inaction occidentale vis-à-vis de l’agression turque contre les kurdes de Syrie scelle à nouveau un déshonneur collectif que l’Histoire ne pourra jamais effacer.
Le traité de Munich que Georges BERNANOS avait qualifié, à juste titre, de "paix honteuse" abandonnait à leur tragédie les peuples européens proches de nous. On se souvient de Paul-Boncour écrivant à sa maîtresse : "Dans tes bras, je me fous pas mal de la Tchécoslovaquie."
Aussi méprisables que furent ces abandons, celui d’aujourd’hui nous fait franchir une étape dans la lâcheté : ni les Tchèques, ni les Polonais ne s’étaient battus en faveur de la France. Les Kurdes, eux, ont perdu près de 11.000 femmes et hommes dans leur lutte héroïque contre les monstres fanatiques se réclamant de l’islam qui infuse le terrorisme en France.
Notre reconnaissance, éternelle comme la mort de leurs victimes, se traduit par de simples haussements de sourcils et quelques enflures vocales.
C’est insupportable !
La nation kurde a déjà subi l’indifférence de l’Occident lorsqu’il a renoncé à l’instituer en État autonome lors de la Conférence de Paris de 1919.
Ce peuple de 40 millions d’êtres humains, écartelés entre plus de quatre États (Turquie : 18 millions, Syrie : 3 millions, Irak : 7 millions, Iran : 12 millions, sans parler de plus de 1,5 million de Kurdes exilés en Europe, dont 250.000 en France) possède une langue, une culture, une histoire et cultive les valeurs de liberté, de tolérance et de fraternité.
Les États-Unis trahirent l’héritage moral de Woodrow WILSON. Ils viennent de reculer en laissant les Turcs les massacrer.
L’Europe, tremblant devant l’afflux des migrants, se borne à hausser le ton.
Combien faudra-t-il d’enfants assassinés pour que nous réagissions ?
Lequel de vos successeurs, et dans combien d’années, Monsieur le Président, estimera-t-il être en règle avec l’Histoire en demandant pardon au nom de la France comme naguère le Président CHIRAC à propos du Vel d’Hiv ou vous-même au sujet de la colonisation ?
Les morts n’ont rien à faire de nos repentis, tandis que les vivants attendent avec effroi le secours de notre fraternité active.
Que faisons-nous ?
Veuillez croire, Monsieur le Président, à l’assurance de notre déférente considération.
Christian Charrière-Bournazel
Ancien Bâtonnier du Barreau de Paris
LISTE DES PREMIERS SIGNATAIRES
Madame le Bâtonnier Marie-Aimée PEYRON
Madame Dominique ATTIAS
Monsieur Rusen AYTAC
Monsieur Bruno BENEIX-CHRISTOPHE
Monsieur le Bâtonnier Jean-Marie BURGUBURU
Monsieur le Bâtonnier CHARRIERE-BOURNAZEL
Madame Margot CHAVANNES
Monsieur Jean-Michel DARROIS
Madame Solange R. DOUMIC
Monsieur Roland DUMAS
Monsieur le Bâtonnier Jean-René FARTHOUAT
Monsieur Georges KIEJMANN
Monsieur Cédric LABROUSSE
Monsieur Quentin LANCIAN
Monsieur le Bâtonnier Jean-Yves LE BORGNE
Monsieur Didier LEICK
Madame Stéphanie LE ROY
Madame Catherine PALEY-VINCENT
Madame Frédérique PONS
Monsieur Bernard PUYLAGARDE
Monsieur le Bâtonnier Frédéric SICARD
Monsieur Philippe TREHOREL
Madame Caroline WASSERMANN