mis à jour le Lundi 31 mai 2021 à 18h06
lefigaro.fr | Minoui, Delphine | 30/05/2021
TURQUIE « Mes chers frères, mes chers amis… » Assis derrière un bureau en verre, Sedat Peker salue son nouveau fan-club d’un sourire narquois, et bombe le torse sous une chemise ouverte à la BHL. À chaque épisode, même manège : suivi par des centaines de milliers de spectateurs, le chef de la pègre turque en exil soigne les apparences et nourrit un suspens digne d’une série Netflix, avant de déballer son linge sale contre l’entourage du président Erdogan. Trafic de drogue, assassinats politiques, viol, corruption au plus haut niveau… Tout y est passé en revue, sans filtre ni retenue, sur une chaîne YouTube créée pour l’occasion, et dont le succès inattendu se fait le miroir d’une population qui doute de plus en plus d’un pouvoir miné par l’autoritarisme et le clientélisme. « Une fois de plus, la dégénérescence de l’État et les inquiétudes qui en découlent sont à l’ordre du jour », estime le quotidien Cumhuriyet pour expliquer la viralité de ses vidéos - l’une d’elles a enregistré 15 millions de vues - qui mettent en lumière les relations incestueuses entre l’alliance islamo-nationaliste au pouvoir et le crime organisé.
