Les Kurdes votent pour rester la deuxième force au Parlement

Info - LE MONDE [16 décembre 2005]
ERBIL (KURDISTAN) ENVOYÉE SPÉCIALE

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es Kurdes d'Irak ont renoué, jeudi 15 décembre, avec une part de l'ardeur qu'ils mettaient à voter lors des scrutins précédents, qu'ils espéraient décisifs pour se mettre à l'abri des massacres subis sous Saddam Hussein. A défaut de l'indépendance, qui reste un rêve, ils ont ainsi massivement voté, jeudi, pour s'assurer d'un poids maximal au sein du futur gouvernement irakien.
C'est le thème qu'ont martelé les médias des deux partis qui se partagent le pouvoir dans les trois provinces du nord de l'Irak. Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) ont fait à nouveau liste commune (l'Alliance
kurde) pour ce scrutin national en priant les abstentionnistes d'oublier leurs griefs envers leurs autorités kurdes et de " voter au nom de leurs martyrs".

"Voilà, il ne sera pas dit que je suis un traître", assène avec sarcasme un étudiant après avoir voté pour la liste 730, celle de "l'Alliance kurde". Pourtant, il critique le système de pouvoir au Kurdistan d'Irak "où les deux partis, ou plutôt une centaine de personnes, se partagent, dans l'opacité la plus totale, la part des revenus du pétrole qui revient à la région". Des opposants, qui avaient appelé au boycott lors du référendum, ont aussi voté, cette fois-ci, "pour le Kurdistan", alors que le troisième parti kurde, l'Union islamique, victime d'attaques violentes de la part de partisans du PDK, faisait profil bas. Des familles en habits de fête se pressaient pour voter dans des quartiers pauvres qui s'étaient largement abstenus en octobre. Quant aux partisans des deux partis au pouvoir, les peshmergas, les combattants kurdes, ont dansé et chanté dans les rues vides de circulation, ici comme ailleurs en Irak, pour raison de sécurité. Même si les attentats sont de plus en plus rares au Kurdistan.

Grâce à cette forte participation, le ministre irakien des affaires étrangères, le kurde Hoshyar Zibari, a "très bon espoir" que l'Alliance kurde restera la seconde formation au Parlement avec une cinquantaine de députés.


Sophie Shihab
Article paru dans l'édition du 17.12.05