Les archéologues québécois présentent leurs découvertes


Le dimanche 25 novembre 2007 | Mathieu Perreault

Ils étudient comment les Kurdes de l'Antiquité négociaient la division de leur territoire entre les empires romain et perse. Ou si la civilisation dorsétienne de l'Arctique, disparue vers l'an 1000, a été victime d'un réchauffement climatique. Et pourquoi certaines colonies grecques parvenaient à trouver des «accommodements raisonnables» avec les populations indigènes, alors que d'autres vivaient de violents conflits.

Les archéologues québécois sont réunis ce week-end au musée de Pointe-à-Callière. Leurs travaux les amènent parfois au coeur de l'actualité, voire carrément dans des zones chaudement disputées par plusieurs peuples.

Des fouilles récedntes ont permis de constater que les Inuits ne sont arrivés dans l'est de l'Arctique canadien, dans le Nunavik actuel, qu'au XIIIe ou au XIVe siècle. Il semble donc de moins en moins vraisemblable que la civilisation dorsétienne, qui a duré 3500 ans et s'est éteinte autour de l'an 1000, ait été victime d'extermination ou d'assimilation par les Inuits. «Il semble que ce sont des conditions naturelles qui ont provoqué la fin de la civilisation dorsétienne», explique Daniel Gendron, de l'Institut culturel Avataq, l'un des conférenciers. «Avant le petit âge glaciaire, il y a eu un réchauffement du climat. Or, on n'a retrouvé aucune embarcation de mer dorsétienne ni de traîneau à chien. Il est possible que la diminution de la banquise ait été fatale pour les Dorsétiens. Le parallèle avec les changements climatiques actuels est évident.»

M. Gendron rêve de missions d'archéologie sous-marine le long des côtes voisines de la frontière nord entre le Labrador et le Québec. Comme il n'y a pas eu de glaciers en Arctique, le sol ne s'est pas relevé après la fin des glaciations, et les vestiges archéologiques se trouvent maintenant sous l'eau. Des fouilles sous-marines permettraient d'élucider l'énigme dorsétienne. Elles seraient aussi très utiles dans la mer de Beaufort, à l'est de l'Alaska. On pourrait ainsi élucider les circonstances du départ des Inuits, probablement à cause de guerres avec d'autres ethnies amérindiennes en Alaska, et surtout la migration dorsétienne vers l'est il y a 4500 ans.

De l'autre côté de la planète, Daniel Chevrier, de la firme-conseil Archéotec, travaille aux sources du fleuve Tigre, en Turquie, où le barrage hydroélectrique d'Ilisu ensevelira des traces archéologiques kurdes. Le passé kurde est mal connu: la population a migré du nord de l'Iran vers son territoire actuel il y a 2500 ans, probablement à cause de pressions démographiques. «Ce que l'on sait, par contre, c'est que les Kurdes étaient à la frontière entre les empires romain et perse, dit M. Chevrier. Ils se retrouvaient régulièrement de part et d'autre de la frontière. Ça donne une perspective sur leur situation et leurs revendications actuelles. Les frictions avec la Turquie sont particulièrement aiguës depuis des promesses non tenues, mais l'origine du problème est très ancienne.»