Le renouveau de la langue kurde


Jeudi 08 janvier 2009

Longtemps interdite en Turquie, la langue kurde vient de bénéficier d'un geste de la part du gouvernement qui a lancé, le 1er janvier, une chaîne de télévision publique destinée aux 12 millions de Kurdes vivant dans le pays.

Longtemps interdites en Turquie, les trois dialectes kurdes devraient bénéficier d’un petit coup de pouce de la part du gouvernement qui, au nom de la diversité culturelle, a lancé, le 1er janvier dernier, une nouvelle chaîne de télévision publique destinée aux 12 millions de Kurdes qui peuplent le pays.

Si le projet a provoqué l'ire des nationalistes et des Kurdes les plus radicaux, qui dénoncent une manœuvre électorale du gouvernement, il devrait, en revanche, s’attirer les faveurs de l'Union européenne (UE).

La langue kurde a été interdite après le coup d'Etat militaire de 1980. Les pressions de l'UE aidant, elle retrouve peu à peu sa place dans la sphère publique. Dans le studio où travaille le réalisateur Omer Avci, on produit des doublages en kurde pour la chaîne TRT6 qui diffuse, entre autres, des films étrangers. "Pendant des années, nous les Kurdes, on ne pouvait pas parler notre langue, seulement à la maison ou entre nous, affirme Omer. C'est nouveau de pouvoir suivre des programmes en kurde à la télévision. Les gens ont encore du mal à y croire…"

Des productions hollywoodiennes en kurde

Ici, en plus des doublages, on réalise, toujours pour la nouvelle chaîne, toute sorte de documentaires sur la culture kurde. Une culture commune à 12 millions de personnes jusque là très peu représentées dans les médias turcs.

"On essaie d'apporter des réponses et des éclaircissements, explique Ahmet Sel, producteur et journaliste. Les gens ne sont pas suffisamment informés sur les questions de santé, sociales et économiques. Dans le domaine culturel aussi, on fait des choses qui n'ont pas été faites jusqu'à aujourd'hui."

Dans le même temps, la langue kurde n'a pas d'existence légale, elle n'est pas enseignée à l'école et son utilisation reste strictement encadrée. Dans le Centre culturel kurde d'Istanbul, la création de la chaîne est accueillie avec prudence. Beaucoup y voient une manœuvre politique du gouvernement. Lequel a assuré que TRT6 était une première étape avant l'établissement de chaînes privées. En attendant, les téléspectateurs peuvent profiter pour la première fois de productions hollywoodiennes dans leur langue.