Le Mas des Alouettes de Paolo et Vittorio Taviani


30 mai 2007

Tragédie arménienne

La réalité du génocide arménien de 1915 contée à travers la tragique saga d'une grande famille bourgeoise.      

Avec Paz Vega, Moritz Bleibtreu, Angela Molina, Tcheky Karyo.

« Padre Padrone », « La Nuit de San Lorenzo », « Kaos » : on se souvient avec émerveillement et gratitude des grands films des frères Taviani, tous habités par le désir de montrer la misère, l'injustice et, aussi, le courage des hommes. « Le Mas des alouettes » procède de la même inspiration, puisqu'il s'agit de dénoncer la cruauté des massacres commis en 1915 par les Turcs contre les Arméniens - et l'impunité qui les recouvre encore. Mais on n'y retrouve pas, hélas, la force des oeuvres anciennes.

Directement inspiré du roman de l'Italienne d'origine arménienne Antonia Arslan, qui y racontait l'extermination de sa famille, le film commence comme un soap sucré montrant en 1915, dans une petite ville de Turquie, le bonheur d'une riche famille, les Avakian. Respectée de tous, elle est aussi l'amie des autorités militaires turques, et notamment du colonel Arkan (André Dussolier, inattendu !), dont l'un des jeunes officiers est amoureux de la belle Nunik, la fille du chef de famille. Un amour tout de même clandestin, mais sur le point de se conclure par un enlèvement à la Roméo et Juliette quand arrive l'ordre de massacrer tous les Arméniens. Réfugiée dans sa résidence secondaire du Mas des alouettes, la famille Avakian n'est pas épargnée : tous les hommes, enfants et domestiques compris sont décapités ou au mieux châtrés, et les femmes déportées, affamées, violées. Tout est fondé sur des faits authentiques. Mais tout, ici, ressemble à un feuilleton télé préformaté pour faire pleurer Margot. Peut-être parce que l'entreprise est l'un de ces soufflés en multiproduction souvent fatals aux auteurs originaux. Dommage. Le sujet, lui, reste fort !

A. C.