Le Kurdistan iranien reste agité de troubles, la justice ferme deux journaux

TEHERAN, 4 août (AFP) - 12h53 - De nouveaux troubles se sont produits mercredi au Kurdistan iranien (nord-ouest) où la justice a par ailleurs fermé deux journaux, ont indiqué jeudi des dirigeants locaux et l'agence officielle Irna.Des troubles ont eu lieu à Saghez et selon mes informations des bâtiments publics et des magasins ont été attaqués, a déclaré à l'AFP un dirigeant kurde ayant requis l'anonymat.

Il a dit ignorer s'il y avait eu des victimes.

"Des agitateurs ont attaqué et endommagé des bâtiments publics, des banques, des magasins", a déclaré un responsable de la sécurité cité par Irna.

Les forces de l'ordre ont ramené le calme, a-t-il assuré.

Selon le quotidien conservateur Jomhouri Eslami, "c'est un groupe appelé l'Organisation des lycéens combattants qui a attaqué des magasins, des banques et des bâtiments officiels".

"Ils ont lancé des pierres et d'autres objets contre des banques et ont même attaqué la préfecture de Saghez", dit le journal.

"Les forces de l'ordre ont tiré lorsque deux fauteurs de troubles ont tenté de désarmer des soldats", affirme le journal.

Le site internet Baztab (conservateur) a indiqué de son côté que "le hosseiniyeh (lieu de cérémonie religieuse) des chiites de la ville a été incendié (...) plusieurs personnes ont été blessées ou tuées".

La population iranienne est à 90% chiite, mais les Kurdes sont majoritairement sunnites.

Par ailleurs, deux journaux kurdes, le quotidien Achti et l'hebdomadaire Assou, publiés dans les deux langues persane et kurde, ont été interdits par la justice de Sanandaj, chef lieu du Kurdistan, a rapporté l'agence estudiantine Isna.

"La raison de cette interdiction n'a pas été annoncée, mais elle est liée aux informations parues ces dernières semaines", a déclaré Jalil Azadikhah, rédacteur en chef d'Assou.

Mardi soir, deux soldats ont été blessés par l'explosion d'un engin piégé posé par un nouveau groupe indépendantiste, le Pejak, dans la région de Sakhdasht, à la frontière irakienne, selon le préfet de la ville, Mohammad Ali Partovi, cité par Isna.

Les zones kurdes, essentiellement réparties sur les provinces administratives du Kurdistan et de l'Azerbaïdjan occidental, sont depuis quelques semaines le théâtre de troubles consécutifs à la mort d'un jeune, Seyed Kamal Astom, recherché par la justice et abattu dans la première quinzaine du mois de juillet lors de son arrestation, selon la police.

Les photos du visage tuméfié de Seyed Kamal Astom, mises sur internet, ont accrédité l'idée qu'il avait été torturé, ce que les autorités ont démenti. Elles ont exacerbé le mécontentement de la population et la revendication ethnique.

Des troubles ont eu lieu lundi à Sanandaj où "des manifestants ont attaqué des bâtiments officiels et incendié des voitures", avait déclaré à l'AFP un dirigeant kurde ayant requis l'anonymat.

Les villes de Mahabad et d'Ochnavieh (Azerbaïdjan occidental) ont également connu des manifestations et plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées.

Le 26 juillet, six personnes, dont quatre soldats, ont été tuées lors de deux attaques imputées au Pejak, Parti pour une vie libre au Kurdistan iranien, un groupe qui serait lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rebelles de la Turquie voisine, avaient déclaré à l'AFP des responsables locaux.

Les autorités iraniennes sont extrêmement sensibles sur le sujet des revendications ethniques.