Le calvaire des populations kurdes exposé au procès de Saddam Hussein

 avec AFP et AP | 09.10.06 | 19h05  •  Mis à jour le 09.10.06 | 19h32 

près douze jours d'interruption, le procès de Saddam Hussein a repris, lundi 9 octobre, à Bagdad. Le dictateur est revenu devant ses juges pour entendre les témoignages de Kurdes l'accusant d'avoir détruit leurs vies et leurs familles, en 1988. L'ancien président irakien et Hassan Al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques des zones civiles, sont accusés de génocide, crime de guerre et crime contre l'humanité contre les Kurdes. Quatre victimes ont livré lors de cette journée un terrible témoignage à charge, détaillant les sévices infligés par l'armée irakienne.

ENTERRÉS VIVANTS

Témoignant anonymement derrière un rideau, une Kurde, âgée de 13 ans au moment des faits, a ainsi décrit dans quelles circonstances sa famille a disparu lors de l'offensive de l'armée irakienne contre le Kurdistan en 1988. "Je connais le sort de ma famille : ils ont été enterrés vivants", a-t-elle dit après que le juge a déclaré que les cartes d'identité des membres de sa famille avaient été retrouvées dans une fosse commune à Hadhar, près de Mossoul. "Je voudrais poser une question à Saddam : quelle faute avaient commise ces femmes et ces enfants ?", a-t-elle demandé. Elle a également décrit les humiliations endurées pendant la période passée dans la prison de Nugrat Salman. "Lorsque nous étions autorisées à prendre un bain, nous devions le faire devant les soldats parce que l'endroit était entouré de fils de fer barbelés." Des témoignages précédents avaient également évoqué des viols commis sur les femmes dans le bureau du dictateur de la prison.

Abdel-Hadi Abdallah Mohammed, 41 ans, agriculteur de la région de  Souleimaniyeh, au Kurdistan, a quant à lui déclaré que sa mère avait été arrêtée et conduite avec la population de son village vers la prison de Nugrat Salman, où elle avait été tuée et enterrée. Ce lieu de détention est souvent revenu dans les témoignages comme l'un des lieux emblématiques de la répression irakienne. C'est dans cette prison sordide de l'extrême sud désertique de l'Irak que de nombreux Kurdes étaient conduits après avoir été arrêtés dans leurs villages par l'armée de l'ancien dictateur.

Cette treizième audience s'est déroulée sans les avocats de Saddam Hussein. Ceux-ci boycottent le procès pour protester contre la nomination d'un nouveau juge, qu'ils estiment liée à l'intervention du gouvernement. Leur client risque la peine de mort par pendaison s'il est reconnu coupable des crimes qui lui sont reprochés.