La Turquie menace d’attaquer les Kurdes en Irak

4 juin 2007

L’armée turque est mobilisée près de la frontière avec l’Irak. La Turquie menace de mener des attaques militaires contre les séparatistes kurdes basés au nord de l’Irak.

Entre l’Irak et la Turquie, le torchon brûle. Pomme de discorde : la menace d’ingérence de la Turquie dans le territoire irakien pour régler ses comptes avec les séparatistes kurdes (Parti des travailleurs du Kurdistan-PKK). Accusés d’avoir été à l’origine d’une série d’attentats, ces derniers, basés dans le nord de l’Irak, sont, à présent, dans la ligne de mire du gouvernement turc. Ce dernier, prônant son droit de riposte, a mobilisé ses troupes à quelques mètres de sa frontière avec l’Irak faisant ainsi monter la crainte de son voisin quant à une entrée en action imminente. Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a déclaré, samedi, dans une conférence de presse à Erbil, au Kurdistan (nord), qu’il est hors de question qu’une opération militaire turque soit menée en Irak. «La terre irakienne doit être respectée et ne pas être transformée en champ d’opérations», a-t-il affirmé. Et de préciser que son pays n’a aucunement l’intention de blesser ses voisins que «nous ne voulons pas non plus qu’ils interfèrent en Irak, en pénétrant dans le pays et y combattant qui que ce soit». M. al-Maliki légitime, également, cette mise en garde par l’intime conviction de l’ensemble des parties concernées que l’Irak ne peut pas servir de base d’attaque : «Il n’y a aucun doute parmi nos frères, au sein du gouvernement régional du Kurdistan, ou du gouvernement d’union nationale irakien, sur le fait que l’Irak ne peut pas être le point de départ d’attaques contre les pays voisins».

Toutefois, pas question, pour l’Irak, d’utiliser la force contre la Turquie. Le Premier ministre irakien a tenu à souligner que «recourir à la force» ne ferait «qu’accroître l’intensité du problème». Même son de cloche dans les rangs des adversaires. Massoud Barzani, le président de la région du Kurdistan (réunissant les provinces d’Erbil, de Souleimaniyeh et de Dohouk), a fait preuve de sagesse en insistant sur le fait que «la guerre ne résout pas les problèmes». Il a déclaré vouloir engager des discussions avec la Turquie «en toute amitié». Face à cette prise de position, la Turquie, semble camper sur sa détermination de lancer des attaques militaires contre les Kurdes. Le chef de l’état-major turc, le général Yasar Büyükanit, avait réitéré, jeudi dernier, que l’armée était favorable à une incursion pour déloger les militants du PKK de ses camps dans le nord de l’Irak, mais que c’était au gouvernement de prendre la décision. Hier encore, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, demandait à la Turquie de ne pas mettre en exécution sa menace d’attaque. «Nous préférerions continuer à travailler avec la Turquie sur ces sujets, et nous espérons qu'il n'y aura pas d'action militaire unilatérale», a affirmé Robert Gates à Singapour, en marge d'une conférence sur la sécurité en Asie. 


- Leïla Hallaoui (Avec Agences)