La Turquie, condamnée pour non assistance à Turc en danger


mardi 19 décembre 2006
Musa Anter, intellectuel pro-kurde, a été assassiné en 1995. La Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg a condamné Ankara pour n'avoir pas su le protéger, alors que des menaces pesaient sur lui.

Coupable. L’Etat Turc a été jugé coupable mardi par la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg de n’avoir pas su protéger Musa Anter, l’un des fondateurs du Parti du travail du peuple (HEP), écrivain et éditorialiste connu, mort en 1995. Il avait été assassiné de cinq balles par un inconnu à Diyarbakir où il avait été invité à un festival organisé par la municipalité.

Selon la Cour européenne, la Turquie a manqué à ses obligations de protéger la vie de Musa Anter, le sachant menacé, et de mener ensuite une enquête effective sur les circonstances du décès de cet homme connu pour ses sympathies pro-kurdes, alors directeur de l’Institut kurde d’Istanbul. Selon ses trois enfants, qui accusent les autorités turques d’avoir procédé à une «exécution extrajudiciaire», le meurtre a été commis par un ancien gendarme du Jitem (service des renseignements et de la lutte antiterroriste de la gendarmerie), qui s’est par la suite repenti et a revendiqué cette exécution dans un livre publié en septembre 2004.

La Cour européenne estime pour sa part qu’aucun fait concret ne permet de prouver qu’une exécution extrajudiciaire a été commise par des agents de l’Etat, mais elle est convaincue que la Turquie aurait dû prendre des mesures pour protéger Musa Anter, une cible particulièrement exposée en raison de ses engagements politiques. Ses trois enfants recevront conjointement 25000 euros pour dommage moral et 3500 euros pour les frais et dépenses.