La France va accueillir les prochaines sessions de négociation entre le pouvoir syrien et les Kurdes

mis à jour le Vendredi 25 juillet 2025 à 16h51

France24.com avec AFP

La France, les États-Unis et la Syrie ont décidé, vendredi 24 juillet, à l'issue d'une rencontre tenue dans la matinée à Paris, que le prochain cycle de pourparlers entre le pouvoir syrien et l'administration kurde se tiendrait "dans les plus brefs délais" dans la capitale française.

Selon un communiqué conjoint publié à l'issue de la rencontre, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, son homologue syrien Assaad al-Chaibani et l'envoyé américain à Damas Tom Barrack ont convenu que Paris accueillerait "dans les plus brefs délais un nouveau cycle de consultations entre le gouvernement syrien et les Forces démocratiques syriennes (FDS, bras armé des Kurdes soutenus par Washington), concernant la mise en œuvre intégrale de l'accord du 10 mars".

Mazloum Abdi, chef des FDS, et le président par intérim Ahmad al-Charaa ont conclu le 10 mars un accord visant à intégrer les institutions kurdes dans l'État.

Plusieurs sessions de négociation ont eu lieu depuis, mais celles-ci piétinent, les Kurdes ayant critiqué la déclaration constitutionnelle qui accorde les pleins pouvoirs à l'ancien chef jihadiste selon des experts, et la formation en Syrie d'un gouvernement jugé non représentatif de la diversité ethno-religieuse syrienne.

Pour les Kurdes, "la remise des armes est une ligne rouge"

Les exactions régulières contre la minorité alaouite et les récentes violences dans le sud où les nouvelles autorités ont tenté de mettre au pas les druzes ont renforcé les inquiétudes des Kurdes, attachés à préserver leur spécificité dans le cadre d'un modèle de gouvernance "décentralisé", que Damas a rejeté à plusieurs reprises.

Une rencontre prévue jeudi à Paris entre les représentants kurdes et une délégation du gouvernement syrien a été reportée. Et mercredi, le porte-parole des FDS, Farhad Shami, a déclaré que "la remise des armes est une ligne rouge".

"Personne ne se soumettra. Celui qui mise sur la reddition finira par perdre - les événements tragiques l'ont confirmé", a-t-il ajouté, en référence aux violences intercommunautaires à Soueïda.

Lors des violences à Soueïda dans le sud, qui ont fait près de 1 400 morts, un haut responsable kurde syrien avait appelé le pouvoir central à "une révision complète et urgente de son approche" à l'égard des minorités.

Damas, qui demande que les Kurdes remettent leurs armes, a rapidement réagi aux propos de Farhad Shami : "Utiliser les événements de Soueïda ou du littoral pour justifier un refus de rejoindre le giron de l'État" vise à "manipuler l'opinion publique", a estimé jeudi une source gouvernementale à la télévision d'État.

"Réconciliation nationale"

Selon le communiqué conjoint, il a également été convenu vendredi de l'importance de "la transition politique en vue d'une réconciliation nationale", notamment dans les zones contrôlées par les kurdes dans le nord et le nord-est et dans le gouvernorat de Soueïda, à majorité druze.

Les participants ont insisté sur la nécessité de traduire en justice les auteurs des récentes violences confessionnelles.

Dans la foulée, le chef de la diplomatie française s'est entretenu au téléphone avec le général Mazloum Abdi, commandant des FDS, selon un communiqué du Quai d'Orsay, pour "confirmer la tenue prochaine à Paris de la session de négociations".

"M. Barrot a réitéré le soutien de la France à la définition d'une solution négociée et pacifique pour l'unification de la Syrie, l'intégration de la population du nord-est syrien au processus de transition politique et la garantie des droits des Kurdes", peut-on lire dans le communiqué du ministère.