L'armée turque hausse le ton contre le PKK


13 avril 2007 | Par Marc SEMO

Les militaires font pression pour une intervention en Irak du Nord contre les rebelles kurdes. Les militaires turcs font monter la pression pour une intervention en Irak du Nord contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

«Si vous me demandez si nous avons besoin d'une opération transfrontalière, oui nous en avons besoin, [...] cela serait utile», a déclaré hier le général commandant l'état-major, Yasar Büyükanit, soulignant toutefois que «cela nécessite une décision politique». Ces propos ont été tenus au cours d'une conférence de presse, exercice rarissime pour un chef d'état-major de l'armée. Ils sonnent comme une mise en demeure au gouvernement et notamment au Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, issu du mouvement islamiste, tenté de présenter sa candidature ce mois-ci pour être élu par l'Assemblée nationale à la présidence de la République.

Les autorités turques estiment que quelque 5 000 rebelles séparatistes kurdes du PKK ont trouvé refuge dans les montagnes de l'Irak du Nord, limitrophes de la Turquie. Considéré comme une organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, le PKK avait annoncé en octobre un nouveau cessez-le-feu unilatéral, rejeté par Ankara.
Les militaires, notamment depuis l'arrivée de Yasar Büyükanit à la tête de l'armée en août dernier, ont durci le ton aussi bien face «au danger séparatiste» qu'au «péril islamiste». Le chef de l'armée turque a martelé que la région kurde au nord de l'Irak, avec ses quatre millions d'habitants, indépendante de facto de Bagdad, était devenue une «zone protégée» pour le PKK, où l'organisation bénéficiait d'une «grande liberté» et d'un «soutien logistique». 
Ces déclarations du chef d'état-major interviennent sur fond de tensions croissantes entre la Turquie et les leaders kurdes irakiens. Ils ne cachent pas leur volonté de prendre le contrôle de la ville de Kirkouk, avec ses riches réserves pétrolières. Bien que peuplé en majorité de Kurdes mais aussi d'Arabes et de Turkmènes, l'endroit avait été placé administrativement par le régime de Saddam Hussein hors de la zone kurde. La Turquie, comme les pays voisins où vivent des minorités kurdes, s'oppose à un tel rattachement. Au début du mois, le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, aurait explicitement menacé d' «agir au sujet des millions de Kurdes» de Turquie si celle-ci continuait de bloquer les revendications sur Kirkouk. Le Premier ministre turc, Erdogan, a aussitôt prévenu les Kurdes d'Irak «du coût très élevé» que pourrait entraîner une attitude hostile vis-à-vis de la Turquie.