Liberation.fr - TRIBUNE : Par Le collectif Voix pour la paix au Kurdistan, avec le soutien de nombreux intellectuels
Alors que l’armée turque intensifie ses frappes dans la quasi-indifférence, plus d’une centaine de personnalités se réuniront à Marseille, le 13 janvier, pour empêcher l’anéantissement du peuple kurde et soutenir les voix de paix.
A Marseille, le 13 janvier, nous nous réunirons pour rendre plus forte la voix des appels à la paix venant de Turquie. Récemment, 78 journalistes, artistes, intellectuel·les, défenseur·es des droits humains kurdes et turc·ques ont lancé un appel pour attirer l’attention sur l’urgence d’une solution pacifique. Nous reconnaissons leur courage, alors que la situation au Kurdistan ne cesse de se tendre, et que le précédent appel pour la paix («Nous ne serons pas complices de ce crime», en 2016) a été qualifié de propagande terroriste par le gouvernement turc et a causé la persécution de ses signataires. Nous entendons relayer, protéger et amplifier leur voix.
Dans un contexte marqué par les politiques militaristes, par la banalisation de toutes les horreurs, les foyers de violence extrême ne cessent de se multiplier au Moyen-Orient. Après le nettoyage ethnique de la population arménienne du Haut-Karabakh dans l’indifférence de la communauté internationale, nous assistons impuissant·es au déchaînement de violences et au massacre par des pouvoirs militaristes des populations israéliennes et palestiniennes.
Briser le cercle vicieux de la violence et de la haine
Les foyers de violences extrêmes qui embrasent le Moyen-Orient ne sont pas isolés, ni les uns des autres ni du reste du monde. Ils sont pris dans les filets d’un militarisme mondialisé et sont les maillons d’une chaîne d’idéologies nationalistes qui se ressemblent désespérément. Ne laissons pas la chaîne s’agrandir et se refermer. Ne laissons pas un massacre en cacher un autre. Il nous faut tout mettre en œuvre pour briser le cercle vicieux de la violence et de la haine, avant qu’il ne soit trop tard. Avant que l’horreur ne s’ajoute à l’horreur. En résonance avec d’autres voix qui s’élèvent dans le monde entier pour en appeler au cessez-le-feu entre Israël et le Hamas et à la paix au Proche-Orient, nous élevons les nôtres pour que le peuple kurde ne soit pas oublié.
Aujourd’hui, l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) relate qu’entre le 5 et le 9 octobre l’armée turque a mené des opérations massives dans ces régions – 580 frappes aériennes et terrestres ont été dénombrées –, faisant des dizaines de morts dans la population civile et détruisant systématiquement non seulement les infrastructures qui permettent d’alimenter en eau et en électricité des millions de personnes, mais aussi des écoles et des bâtiments administratifs.
Etouffer toute voix de paix
L’AANES «exhorte toutes les parties prenantes en Syrie, les institutions des Nations unies, le Conseil de sécurité des Nations unies et les organisations de défense des droits de l’homme à adopter une position ferme contre les actions menées par la Turquie». Chaque jour les Kurdes comptent leurs victimes. Pendant ce temps, de l’autre côté de la frontière, plusieurs dizaines de milliers d’opposant·es politiques, surtout kurdes, et principalement des femmes – dont des députées et des mairesses –, sont enfermé·es dans les prisons du régime autoritaire turc qui veut étouffer toute voix de paix. Le gouvernement turc alimente volontairement la colère des Kurdes en maintenant Abdullah Ocalan, leader du mouvement kurde qui avait joué un rôle capital dans les négociations de paix en 2013 et 2015, en prison dans un isolement total, sans signe de vie depuis trente mois.
Le 13 janvier (1), en prenant au sérieux les signaux alarmants d’une autre guerre qui risque de prendre une ampleur incontrôlable, nous nous réunirons pour dire qu’il n’est pas trop tard. Nous nous réunirons pour empêcher l’anéantissement d’un peuple et pour porter haut et fort les voix de paix qui nous viennent de Turquie et du monde entier.
(1) RDV le 13 janvier, à 14 heures à la bibliothèque de l’Alcazar, 58 cours Belsunce à Marseille.
La liste des 121 signataires :
- Joseph Andras, écrivain
- Maryse Artiguelong, vice-présidente de la FIDH
- Ariane Ascaride, artiste
- Geneviève Azam, écrivaine et administratrice de la Fondation Danielle Mitterrand
- Pierre Bance, juriste, auteur
- Katy Barasc, philosophe, auteure
- Rim Battal, poétesse et autrice
- Alexis Baudelin, avocat au barreau de Paris
- Patrick Baudouin, avocat, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme)
- Maïten Bel, économiste
- Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon
- Janet Biehl, écrivaine
- Oristelle Bonis, éditrice
- Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements
- Rony Brauman, médecin, ex président de MSF
- Henri Braun, avocat au Bureau de Paris
- Christian Bruschi, professeur de droit émérite
- Claude Calame, anthropologue
- Philippe Cazal,journaliste, conseiller municipal de Narbonne
- Moutsie Claisse, écrivaine, ethnobotaniste
- Silvia Yuri Casalino, directrice de l’association Eurocentralasian Lesbian* Community
- Gérard Chaliand, écrivain, journaliste
- Patrick Chamoiseau, écrivain
- Joelle Chalavoux, conseillère départementale de l’Aude
- Nina Chastel, journaliste
- Maryam Chémirani, musicienne
- Sylvestre Clancier, président d’honneur du PEN Club de France
- Jean Marc Coppola, adjoint maire de Marseille
- Françoise Cotta,avocate à la Cour de Paris
- Emmanuelle Dancourt, journaliste, autrice
- Pierre Dardot, philosophe
- Javad Djavahery, auteur et producteur
- Jean-Pierre Djukic, directeur de recherche, Université de Strasbourg
- Zehra Doğan, journaliste, artiste
- António Pedro Dores, sociologue (Portugal)
- Grégory Doucet, maire de Lyon
- Delphine Durand, poétesse
- Murat Durmaz, ancien maire de Ozalp, mairie confisquée
- Marianne Ebel, philosophe et sociolinguiste
- Henri Eckert, sociologue, professeur des Universités
- Didier Epsztajn, animateur du blog « entre les lignes entre les mots”
- Asli Erdogan, écrivaine
- Annie Ernaux, écrivaine
- Jules Falquet, philosophe
- Sepideh Farsi, réalisatrice
- Didier Fassin, anthropologue et médecin
- Eric Fassin, sociologue, professeur des Universités
- Nina Faure, documentariste et autrice
- Barbara Glowczewski, anthropologue,directrice de recherche émérite du CNRS
- Marie-Louise Gourdon, Maire adjointe à la culture de Mouans-Sartoux et Commissaire du Festival du Livre de Mouans-Sartoux
- Robert Guédiguian, réalisateur
- Elie Guillou, écrivain, metteur en scène, musicien
- Jacqueline Heinen, sociologue
- Beat Hrisbrunner, prof. émérite en informatique, université de Fribourg (CH)
- Sylvie Jan
- Laurent Jeanpierre, politologue
- Fanny Jedlicki, sociologue
- Samuel Johsua, professeur émérite sciences de l’éducation
- Philippe Kalfayan, juriste, docteur en droit, ancien secrétaire général de la FIDH
- Alexandra Koszelyk, écrivaine
- Yasmina Kramer, journaliste, écrivaine
- Christian Laval, philosophe
- Genèvieve Legay,altermondialiste
- Maud Leroy, éditrice
- Alain Le Sann, agrégé d’histoire
- Coline Linder, musicienne, peintre
- Olivier Liron, écrivain
- Carine Lorenzoni, journaliste
- Maryam Madjidi, écrivaine
- Pascal Maillard, universitaire
- Chowra Makaremi, anthropologue
- Carol Mann, historienne, sociologue
- Valérie Manteau, écrivaine
- Sylvie Mateo, enseignante
- Halima Menhoudj, première adjointe de la Mairie de Montreuil,
- Danielle Michel-Chich, écrivaine
- Gilbert Mitterrand, président de la Fondation Danielle Mitterrand
- Alice Mogwe, présidente de la FIDH
- Nathalie Moineau, professeure de musique en Conservatoire
- Sylvie Monchatre, sociologue, professeure des Universités
- Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers
- Jean Michel Morel, journaliste, écrivain
- Corinne Morel Darleux, écrivaine
- Edgar Morin, sociologue, écrivain
- Fred Nevché, chanteur, poète et musicien
- Elisabeth Nicolini, Alliance des Femmes pour la Démocratie
- Rina Nissim, écrivaine
- Anna Nozière, autrice
- Naz Oke, journaliste, artiste
- Edmée Ollagnier, psycho-sociologue
- Frédéric Paulin, écrivain
- Pascaline Pavard, auteure, rédactrice en chef de la revue Nature & Progrès
- Dénis Péan, artiste
- Michel Peraldi, anthropologue, directeur de recherche, EHESS
- Jacques Perreux, président de l’association Ami-es de Roya
- Serge Pey, poète
- Alessandro Pignocchi, auteur et dessinateur
- Ernest Pignon Ernest, peintre
- Nathalie Quintane, écrivaine
- Alain Refalo, porte-parole du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN)
- Robin Renucci, acteur, réalisateur, directeur du Théâtre de la Criée, Marseille
- Philippe Rio, maire de Grigny
- Alex Robin, journaliste
- Titi Robin, musicien
- Michel Rodde, cinéaste
- Laurine Rousselet, poétesse
- Azucena Rubio, présidente de l’Assossiation Voltairine et ses Ami-es
- Michèle Rubirola, soignante, 1ère adjointe au maire de Marseille
- Mylène Sauloy, journaliste, auteure, réalisatrice
- Mathieu Schneider, professeur des universités, président du Réseau MEnS
- Anne Steiner, sociologue
- Pierre Tevanian, philosophe, co-animateur du site LMSI
- Sylvie Tissot, sociologue, Université Paris 8, co-animatrice du site LMSI
- Hélène Trailin, designer, basketteuse
- Mathieu Tulissi Gabard, écrivain
- Beata Umubyeyi Mairesse, écrivaine
- Christine Villeneuve, Co-coordiantrice des Editions des Femmes Antoinette Fouque
- Marina Vlady, actrice, chanteuse et écrivaine
- Olivier Weber, écrivain, réalisateur
- Jean Ziegler, anc. rapporteur spécial des Nations Unies
- Laurent Ziegelmeyer, militant de la cause kurde