JUSTICE : La libération de huit Kurdes soupçonnés de liens avec la DST met à mal les services antiterroristes


24 février 2007

Camoufletpour les services antiterroristes : la chambre de l'instruction de lacour d'appel de Paris a décidé, vendredi 23 février, de remettre enliberté sous contrôle judiciaire huit personnes mises en examen, le 9février, dans l'enquête sur l'organisation séparatiste kurde, le PKK.Elles sont soupçonnées d'extorsion de fonds et de blanchiment, afin definancer des attentats en Turquie. L'appel de sept autres mis en examencontre leur détention sera examiné le 27 février. "Cette décision signifie que la cour d'appel ne marche plus à n'importe quel prix dans les combines de l'antiterrorisme", se réjouit Me
Antoine Comte, avocat de plusieurs Kurdes libérés.


Il semble que la sous-directionantiterroriste de la police judiciaire, chargée de l'enquête, aitinterpellé des individus qui avaient des contacts réguliers avec unautre service de police, la direction de la surveillance du territoire(DST). Attila Balikci, un des mis en examen, a ainsi expliqué au jugeThierry Fragnoli qu'il était, depuis 2002, l'intermédiaire entre la DSTet Riza Altun, responsable politique, en France, de l'organisation. Cescontacts ont été aussi évoqués par Canan Kurtyilmaz, présentée comme ladéléguée européenne du PKK. Arrêtée en Belgique puis transférée enFrance le 16 février, elle a été placée sous simple contrôle judiciairepar un juge des libertés et de la détention (JLD), à la stupéfactiondes juges antiterroristes et du parquet, qui a fait appel.

Interrogée par Le Monde,la DST confirme avoir eu des contacts - mais pas étroits - avec desmembres du PKK, dans le cadre classique de ses missions, afin deprévenir toute activité subversive. "Jusqu'à leurs arrestations, les activités de ces gens étaient parfaitement connues, explique Me Jean-Louis Malterre, avocat de M. Balikci. Certainspointaient à la Préfecture pour une autorisation provisoire de séjour,des contacts réguliers existaient avec les autorités. Et voilà qu'onles criminalise du jour au lendemain !"

Lors de leur congrèsannuel dans l'Aveyron, les membres de la branche française du PKKinformaient la DST, prétendent-ils, du montant de leurs collectes, soitprès de 1 million d'euros. L'enquête de la PJ a débuté, en juillet2006, avec l'arrestation de deux Kurdes dans un bureau de change,s'apprêtant à convertir 200 000 euros en dollars.

Piotr Smolar
Article paru dans l'édition du 25.02.07