Irak: Talabani et Barzani lancent un avertissement au Premier ministre

ERBIL (Irak) 3 oct (AFP) - 17h57 - Les dirigeants kurdes Jalal Talabani et Massoud Barzani, qui reprochent notamment au Premier ministre Ibrahim Jaafari de s'accaparer le pouvoir exécutif, ont mis en garde contre un retrait de leur soutien au gouvernement, a affirmé lundi un membre du parti de M. Talabani.

"Si vous ne résolvez pas rapidement ces problèmes, cela affectera notre alliance", ont affirmé le président irakien et le président du Kurdistan d'Irak dans une lettre envoyée ces derniers jours à M. Jaafari et rendue publique par Mullah Bakhtiar, un membre de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).

"Nous avons envoyé une délégation commune à Bagdad pour discuter avec le gouvernement de Jaafari sur nos points de litiges", a ajouté M. Bakhtiar.

Selon lui, les deux leaders reprochent au Premier ministre de ne pas respecter un accord d'alliance signé avant la formation du gouvernement après les élections de janvier, remportées par les listes chiite et kurde.

Leur lettre, qui comprend 16 points de contentieux, accuse notamment le Premier ministre de ne pas donner au Kurdistan d'Irak, région autonome depuis 1991, les moyens de son développement économique.

Elle reproche également l'absence de réunion entre le président de la République, le président du Parlement et le chef du gouvernement, la nomination sans concertation de haut fonctionnaires ou encore les visites à l'étranger de délégations irakiennes ne comprenant que des membres chiites du gouvernement.

MM. Talabani et Barzani demandent par ailleurs à M. Jaafari, qui est chiite, de prendre des mesures pour empêcher le meurtre de sunnites.

"Si Jaafari continue dans cette direction, nous allons arriver à une impasse", a ajouté M. Bakhtiar.

Le Premier ministre a refusé d'entamer dimanche une polémique après des propos acerbes du président Talabani tenus au cours de la semaine.

"J'ai entendu comme vous (les propos de M. Talabani) mais je n'ai pas le temps de livrer des réactions personnelles", a-t-il affirmé.

M. Talabani avait une première fois accusé M. Jaafari d'outrepasser ses prérogatives fixées par la Loi de l'autorité transitoire (TAL), qui régit actuellement le pays avant l'adoption d'une Constitution permanente.

"Un de nos problèmes avec le Premier ministre est qu'il viole la loi", avait-il dit.