Irak - Les anciens membres du parti Baas réintégrés


4 février 2008 | Michael Holden et Wisam Mohammed

Bagdad -- Des milliers d'ex-membres du parti Baas de Saddam Hussein vont retrouver leurs postes et leurs emplois dans l'administration civile et militaire, une initiative que Washington jugeait essentielle pour la stabilité de l'Irak.

Le Conseil de la présidence irakienne, tout en faisant part de certaines réserves et se réservant le droit de proposer des amendements, a annoncé hier avoir promulgué la loi autorisant leur réintégration, malgré l'opposition d'un des deux vice-présidents, le sunnite Tarek al Hachemi.

Cette loi «Responsabilité et Justice» avait été adoptée le mois dernier par le Parlement de Bagdad, à la grande satisfaction des États-Unis qui voient dans ce texte un moyen de réconcilier les chiites, majoritaires, et les sunnites, minoritaires mais qui tenaient les rênes du pouvoir sous le régime de Saddam.

Le Conseil de la présidence, formé du chef de l'État Djalal Talabani, un Kurde, et des deux vice-présidents, le sunnite Hachemi et le chiite Adel Abdoul-Mahdi, est apparu divisé sur la question de cette réintégration des anciens baasistes.

L'unanimité des trois hommes est normalement nécessaire à l'adoption des lois votées par le Parlement, mais, aucun accord n'ayant été trouvé après dix jours de discussions, la loi est entrée automatiquement en vigueur, selon les termes de la Constitution, car le Conseil de la présidence ne l'a pas spécifiquement rejetée.

Jeudi, Hachemi avait déclaré à Reuters ne pas être favorable à cette loi selon lui animée par «l'esprit de revanche», qui forcerait, prédit-il, de nombreux fonctionnaires à quitter leur emploi pour le céder à d'anciens baasistes. Le texte, qui doit encore être publié au Journal officiel pour entrer en vigueur, concerne des dizaines de milliers d'anciens membres du Baas, chassés de leurs postes après l'invasion américaine et la chute de Saddam au printemps 2003.

Il devrait aider le gouvernement irakien, dirigé par le premier ministre chiite Nouri al Maliki, à sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve depuis le retrait des ministres sunnites en août dernier. «Bien que nous respections le Parlement, de nombreux articles de cette loi sont contraires à ce qui avait été décidé par les dirigeants politiques», précise cependant le communiqué du Conseil de la présidence, sans citer les articles en cause.

«Le Conseil de la présidence émet des réserves au sujet de plusieurs articles qui pourraient faire obstacle à la réconciliation nationale et ne seraient pas compatibles avec le processus démocratique», ajoute-t-il.

Washington avait lancé après l'invasion une campagne de «débaasification», mais a reconnu depuis être allé trop loin et avoir péché par excès de zèle. De nombreux anciens membres du parti de l'ancien raïs, pendu fin 2006, ont déjà rejoint les forces armées et la fonction publique.