Irak : "Ali le Chimique" condamné à mort pour le "génocide" des Kurdes


25 juin 2007

ans la mémoire des Irakiens, il restera "Ali le Chimique", l'ex-commandant suprême du Kurdistan, qui avait obtenu les pleins pouvoirs pour "tuer tout être humain ou animal présent" dans cette région rebelle, selon le décret 160 signé de la main de son cousin et président de l'Irak, Saddam Hussein, le 28 février 1987. Ali Hassan Al-Majid, de son vrai nom, a été reconnu coupable, dimanche 24 juin, de "génocide" et de "crime contre l'humanité" contre les Kurdes par le Haut-Tribunal pénal irakien et condamné à la peine de mort par pendaison.

Selon l'acte d'accusation, il est tenu pour responsable de la mort de 180 000 Kurdes, entre 1987 et 1988, au cours d'une série d'opérations militaires baptisées "Anfal" (Butin de guerre) qui ont ravagé le nord du pays en 1987 et 1988. Au cours des dix mois qu'a duré le procès, des survivants kurdes se sont succédé à la barre pour témoigner des destructions de villages et des exécutions massives perpétrées par l'armée irakienne. De cette campagne meurtrière, l'attaque restée symbole du "martyre kurde" avait visé la ville d'Halabja, accusée de collusion avec l'Iran, alors en guerre contre l'Irak. Le 16 mars 1988, l'usage massif d'armes chimiques, notamment de gaz moutarde et de sarin, a tué, en quelques heures, selon les responsables kurdes et une enquête de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, entre 3 000 et 5 000 villageois d'Halabja et fait des milliers d'invalides, alors qu'ils essayaient de fuir à travers la frontière iranienne.

Pour des raisons liées à l'organisation de ces procès contre l'ancien régime, l'attaque chimique contre Halabja devait faire l'objet d'un procès à part. Celui-ci risque de ne jamais avoir lieu, tous les accusés - dont le principal, Saddam Hussein - ayant déjà été exécutés ou condamnés à mort.

EXPLOSIONS DE JOIE

Les populations kurdes irakiennes, auxquelles leurs dirigeants avaient promis, en 2003, qu'au moins l'un de ces procès aurait lieu dans leur région, ont pour beaucoup exprimé leur déception, condamnant une procédure qui, selon eux, ne leur a pas rendu justice. Le verdict de dimanche a néanmoins provoqué des explosions de joie en plusieurs endroits du Kurdistan.

La fin du procès d'Ali Hassan Al-Majid, diffusé en continu sur la plupart des chaînes de télévision kurdes et arabes, a montré un homme arborant la coiffe traditionnelle des chefs de tribus sunnites, à l'air malade et épuisé. Agé de 66 ans, diabétique, le chef militaire qui faisait trembler de peur les Irakiens est sorti du tribunal le pas mal assuré, appuyé sur une canne. "Dieu merci, je m'en vais enfin", a été son seul commentaire. Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel du verdict.

Avec "Ali le Chimique" ont également été condamnés à la peine capitale son ancien directeur adjoint des opérations militaires, Hussein Rachid Al-Tikriti, ainsi que Sultan Hachim Al-Tai, ex-ministre de la défense et commandant du premier corps de division irakien pendant l'opération "Anfal". Deux autres hauts responsables baasistes, Farhan Al-Joubouri et Sabir Al-Douri, qui dirigeaient à l'époque les services de renseignement militaire, ont été condamnés à la réclusion à perpétuité. Un sixième accusé, Taher Al-Ani, ancien gouverneur de Mossoul, a été acquitté pour "manque de preuves".

 

Cécile Hennion


Douze soldats américains tués en une journée

L'armée américaine en Irak a annoncé, lundi 25 juin, la mort de douze de ses soldats pour la seule journée de samedi. Ces décès portent à 72 le nombre de militaires américains tués en Irak en juin. Au moins 3 549 soldats ou personnels assimilés américains sont morts depuis l'invasion de mars 2003, selon un décompte de l'Agence France Presse basé sur les chiffres fournis par le Pentagone. Huit recrues de la police irakienne ont par ailleurs été tuées et 41 blessées, lundi, dans un attentat à la voiture piégée contre un centre de recrutement de la ville de Hilla, située à 120 km au sud de Bagdad. Trois heures plus tard, un attentat-suicide au camion citerne a frappé le siège de la police irakienne à Baiji, non loin de Tikrit, à 200 km au nord de la capitale, faisant, selon un premier bilan, au moins 15 morts et 50 blessés. - (AFP.)