Irak: 42 morts dans les pires attentats depuis le retrait américain des villes

mis à jour le Jeudi 9 juillet 2009 à 08h20

MOSSOUL, Irak (AFP) — Au moins 42 personnes ont été tuées et 80 blessées jeudi par des attentats dans le nord de l'Irak et à Bagdad, les attaques les plus meurtrières depuis le retrait américain des villes le 30 juin.

A Tal Afar, près de Mossoul, 35 personnes ont été tuées et plus de 60 blessées dans un double attentat suicide dans un quartier résidentiel de la ville, selon un nouveau bilan de sources hospitalière et policière.

"Un kamikaze a visé un sergent de la police, Ali Nouh, dans sa maison du centre de Tal Afar. Il était vêtu d'un uniforme de police quand il a frappé à la porte de l'officier. Ali Nouh, sa femme et sa fille ont été tués" dans l'explosion, a affimé le général Khaled Al-Hamdani, chef de la police dans la province de Ninive.

"Quand des gens sont venus à l'aide, le deuxième kamikaze s'est fait exploser", a ajouté le général, soulignant qu'un des frères du sergent tué, lui aussi policier, a été grièvement blessé.

Un officier de police de la ville avait auparavant indiqué qu'aucun des policiers visés n'avait été tué.

Cette attaque est la plus meurtrière depuis le retrait américain des villes irakiennes. L'armée et la police irakiennes assurent désormais la sécurité dans les localités alors que les forces américaines, qui font profil bas, se cantonnent désormais dans des patrouilles en dehors des agglomérations.

Mercredi, douze personnes ont été tuées et 30 blessées par l'explosion de deux voitures piégées dans deux localités proches au nord de Mossoul, à 350 km au nord de Bagdad.

Les deux explosions se sont produites à Baawiza et al-Qouba, vers 19H00 (16H00 GMT), près de mosquées chiites peu avant l'heure de la prière, selon la police de Mossoul.

La région de Mossoul est un des derniers foyers actifs d'al-Qaïda et des insurgés dans le pays. Ces attaques viennent rappeler que si les insurgés ont été largement défaits par les opérations américaines lancées à la mi-2007, ils restent capables de mener des attaques meurtrières et bien coordonnées.

"Je m'attends à ce qu'il continue à y avoir des attentats sporadiques alors que des gens essaient de profiter" du retrait, avait prédit le 30 juin le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.

Le quartier chiite miséreux de Sadr City a aussi été jeudi le théâtre d'un double attentat. Six personnes ont été tuées et 31 blessées, dont des femmes et des enfants, selon un nouveau bilan de sources policière et hospitalière.

L'attentat s'est produit vers 07H30 (04H30 GMT), selon ces sources, tout comme ceux de Tal Afar.

Et tout comme dans le nord du pays, une première bombe a explosé dans le marché al-Oula de Sadr City suivi quelques instants après par l'explosion du deuxième engin, selon la source policière.

Dans le quartier central de Karrada, une bombe a également visé le convoi de Sinane al-Chbibi, le gouverneur de la banque centrale irakienne, qui est sorti indemne de l'attentat. Cinq personnes ont en revanche été blessées, dont deux gardes du corps du gouverneur.

Lors d'une récente visite à Bagdad, le vice-président américain Joe Biden a lancé une mise en garde sans précédent aux dirigeants irakiens en affirmant que son pays pourrait se désengager politiquement si l'Irak replongeait dans la violence confessionnelle ou ethnique.

Les Etats-Unis, qui se sont félicités de la baisse considérable de la violence en Irak, ont au contraire exprimé leur exaspération face à l'absence de progrès dans les réformes constitutionnelles nécessaires à faire cesser les profondes divisions entre chiites, Kurdes et sunnites.

Mais cette mise en garde a provoqué l'agacement du gouvernement irakien, qui a appelé les Etats-Unis à ne pas s'ingérer dans sa politique intérieure.