Irak: 19 morts dans un attentat à Erbil, Dick Cheney en visite surprise à Bagdad


9 mai 2007

09:30 Au moins 19 personnes ont été tuées et 70 blessées dans l'explosion mercredi matin d'un camion piégé devant le ministère de l'Intérieur à Erbil, au Kurdistan autonome (nord), une région habituellement épargnée par les violences, selon un nouveau bilan des autorités kurdes.

ERBIL (AFP)  "Dix-neuf personnes ont été tuées et 70 blessées, dont cinq sont dans un état grave. Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes", a déclaré à l'AFP le ministre kurde de la Santé, Zirian Abdel-Rahmane."La façade du bâtiment du ministère de l'Intérieur a été sévèrement endommagé dans l'explosion", a-t-il ajouté.

Une source de sécurité avait auparavant fait état de l'explosion d'un camion piégé garé devant le ministère de l'Intérieur, sur l'avenue principale d'Erbil, vers 08H00 (04H00 GMT).

Un premier bilan faisait état de 7 morts et 30 blessés.

Erbil est la capitale du Kurdistan, province autonome depuis 1991, épargnée par les attaques qui ensanglantent quotidiennement le reste de l'Irak.


© Crédit photo | Des hélicoptères lâchent des fusées au-dessus de Bagdad le 8 mai 2007

Des Irakiens venus des différentes régions du pays s'y sont établis pour échapper à la violence. De nouvelles constructions poussent dans toutes la ville et des entreprises étrangères s'y sont installées.

"C'est une chance pour les entreprises occidentales de voir une région stable où elles peuvent investir en Irak", avait déclaré mardi Le sous-secrétaire d'Etat américain à la Défense Paul Brinkley en visite depuis lundi au Kurdistan, accompagné d'une vingtaine d'investisseurs américains.

Les précédents attentats d'envergure remontent à plusieurs années. Le 1er février 2004, 105 personnes avaient été tuées à Erbil dans un double attentat suicide contre les sièges des partis kurdes PDK et UPK.

Le 4 mai 2005, 46 personnes étaient mortes dans un attentat suicide à Erbil.

Par ailleurs, le vice-président américain Dick Cheney est arrivé mercredi matin à Bagdad, pour une visite surprise, où il doit notamment rencontrer le Premier ministre Nouri al-Maliki et le président Jalal Talabani.

Dick Cheney doit notamment demander aux responsables irakiens de redoubler leurs efforts en faveur de la réconciliation nationale, mais aussi insister auprès des députés irakiens pour qu'ils annulent leur congé estival de deux mois, un projet qui a choqué de nombreuses personnalités politiques à Washington, alors que des lois importantes doivent être adoptées.

"Cela fait clairement partie du message. Je l'ai dit, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice l'a dit. Je suis sûr que le vice-président le dira également", a déclaré l'ambassadeur américain en Irak Ryan Crocker à des journalistes, dans l'avion amenant Dick Cheney en Irak.

"La vérité, c'est qu'avec l'effort majeur que nous faisons, celui que font les forces de sécurité irakiennes, il est impossible de comprendre que le Parlement irakien prenne deux mois de congés cet été", a-t-il ajouté.

Les responsables américains font montre d'une exaspération croissante envers la lenteur de la discussion de projets de loi de première importance, comme celui sur le partage des revenus du pétrole ou celui qui doit permettre aux anciens membres du parti Baas au pouvoir sous Saddam Hussein de participer à la vie publique et sociale, au nom de la réconciliation nationale.

Les parlementaires irakiens n'ont pas encore décidé de la durée de leurs vacances d'été, mais plusieurs d'entre eux ont déjà dénoncé les pressions de Washington et estimé qu'elles risquaient de braquer bon nombre de parlementaires, prêts à renoncer à leurs congés, mais qui pourraient finalement les réclamer, pour marquer leur opposition aux Etats-Unis.

Au cours de son séjour à Bagdad, qu'il devrait quitter jeudi, Dick Cheney doit notamment rencontrer Nouri al-Maliki (chiite), Jalal Talabani (kurde), ainsi que les ministres de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères, du Pétrole et des Finances.

Il doit aussi s'entretenir avec l'un des principaux chefs de parti chiite, Abdel-Aziz Hakim, qui dirige le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII) et le général américain David Petraeus, qui commande la Force multinationale en Irak.

Le vice-président va insister sur les aspects politiques et économiques devant ses interlocuteurs irakiens. "L'aspect militaire ne peut suffire", a expliqué un de ses assistants, qui a requis l'anonymat.

Dick Cheney a entamé une tournée d'une semaine au Proche-Orient, où il doit notamment stimuler le soutien régional au gouvernement irakien. D'ici le 14 mai, le vice-président doit notamment se rendre aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite, en Egypte et en Jordanie.